Retour des motifs impérieux, contrôles renforcés sur les rassemblements, mais pas de couvre-feu : La Réunion est en sursis

Le préfet de La Réunion, Jacques Billant.
La Réunion n’est pas reconfinée à ce stade, mais elle le sera "si la situation devait se dégrader". Pour le moment, le préfet n’impose pas de couvre-feu, mais il renforce le contrôle des rassemblements de plus de six personnes et rétablit le motif impérieux pour les voyages.
La Réunion est en sursis, c’est le message des autorités, ce vendredi 30 octobre, lors d’une conférence de presse. "Si la situation devait se dégrader, le confinement sera alors inévitable", prévient le préfet de La Réunion, Jacques Billant.

L’île est épargnée par la flambée épidémique du coronavirus pour le moment, mais la "situation sanitaire peut évoluer très vite dans un sens comme dans l’autre, vers une amélioration ou une dégradation", met en garde Martine Ladoucette, directrice générale de l’Agence Régionale de Santé.
 

Le retour des motifs impérieux pour voyager

Dans ce contexte évolutif et incertain, le préfet annonce dès maintenant le retour des motifs impérieux pour tous voyages entre l’Hexagone et La Réunion. Cette mesure était déjà en vigueur lors du premier confinement en mars dernier. Tous les voyages de loisirs sont désormais suspendus. Les vols ne sont ouverts qu’aux voyageurs ayant un "motif impérieux personnel ou familial, un motif de santé relevant de l’urgence ou un motif professionnel ne pouvant être différés". Alors que de nombreux étudiants réunionnais vont vouloir rentrer dans l’île, le préfet souhaite leur proposer des tests antigéniques à leur arrivée à l’aéroport de Gillot.

Retrouvez ici l'intégralité de la conférence de presse :  

Port du masque recommandé pour les enfants de plus de 6 ans

Le port du masque est obligatoire dans les rassemblements de plus de trois personnes et dans les lieux publics fréquentés. De plus,le préfet annonce que le port du masque n’est pas obligatoire, mais fortement recommandé, pour les enfants de plus de 6 ans. 
 

Vers l’interdiction des pique-niques

A compter de ce jour, le préfet annonce un "renforcement drastique des contrôles des rassemblements de plus de six personnes dans les espaces publics, y compris les plages". Il ne doit plus y avoir de sorties en famille, ni de pique-nique de plus de six personnes. Si cette mesure n’est pas respectée, le préfet envisage déjà de prendre "dès la semaine prochaine, un arrêté interdisant les pique-niques".

Regardez les précisions du préfet : 
Interdiction des picnic de plus de 6 personnes
 

Plus de contrôles des bars et restaurants

Le préfet prévient que les contrôles seront aussi renforcés sur le respect des mesures sanitaires dans les bars et les restaurants de l’île. La préfecture a déjà prononcé la fermeture administrative de trois bars cette semaine et elle a effectué de "nombreuses mises en demeure". Jacques Billant veut sévir davantage envers "ceux qui ne joue pas le jeu et mettent en danger le territoire".

Il annonce aussi que les "manifestations sportives ne peuvent plus se tenir sur la voie publique". Les compétitions pourront reprendre uniquement dans des infrastructures à huit-clos afin de pouvoir limiter le nombre de personnes.
 

Une dégradation de la situation

"A ce jour, la situation sanitaire est maîtrisable", estime Martine Ladoucette, la directrice générale de l’Agence Régionale de Santé. Avec une moyenne de 70 nouveaux cas de coronavirus confirmés par jour, le taux d’incidence actuel à La Réunion est de 60 pour 100 000 habitants, soit six fois inférieur à celui de la métropole. 15% des lits de réanimation sont actuellement occupés.

L’ARS déplore ces sept derniers jours "une nouvelle dégradation de la situation par rapport à octobre". Cette nouvelle progression du nombre de cas n’épargne pas les plus de 65 ans, comme en témoigne ce cluster apparu pour la première fois à l’Ehpad des Lataniers à La Possession. Ce vendredi, deux décès et 187 nouveaux cas ont été confirmés en deux jours.

Autre signe inquiétant : selon l’ARS, "le nombre de tests pratiqués est devenu trop limité". Sans pouvoir le rendre obligatoire, les autorités demandent aux voyageurs de se faire dépister à J+4. Seuls 10 % des voyageurs font actuellement ce test, or leur taux de positivé augmente ces dernières semaines.
 

Couvre-feu puis reconfinement si la dégradation continue

Le préfet a d’ores et déjà dressé sa feuille de route. "Comme ultime ligne de secours avant le reconfinement", il mettra en place un couvre-feu la nuit et le week-end si la situation sanitaire se dégrade.

Le préfet a fixé les seuils limites pour instaurer un couvre-feu : un taux d’incidence de plus de 150 pour 100 000 habitants et 50 pour 100 000 habitants pour les personnes âgées ; et un taux d’occupation des lits de réanimation supérieur à 25 %.

Jacques Billant imposera "le reconfinement si le taux d’incidence dépasse les 200 pour 100 000 habitants".
 

Eviter tout relâchement

"Chacun d’entre nous à entre ses mains, la responsabilité de contenir l’épidémie, déclare le préfet de La Réunion qui rappelle que 83 % des cas sont autochtones. L’épidémie circule au sein des familles et dans la sphère amicale, nous devons lutter contre tout relâchement pour éviter un reconfinement qui aurait des effets plus délétères que bénéfiques à l’échelle du territoire".

Selon les autorités, les gestes barrières doivent être plus que jamais respectés au quotidien. Le port du masque doit se banaliser, et le dépistage doit être encouragé. L’ARS encourage aussi les Réunionnais a télécharger l’application "Tous anti covid" pour faciliter la recherche et l’identification des personnes contacts.