La Réunion dans le top 10 des départements où les loyers sont les plus élevés

La Confédération Nationale du Logement pousse un coup de gueule et dénonce haut et fort les tarifs pratiqués par les bailleurs sociaux à La Réunion. L’île qui se classe dans le top 10 des départements où les loyers sont les plus élevés.
Éric Fontaine, porte-parole de la CNL, s'appuie sur une étude menée  par le ministère du développement durable, et dénoncée par l'ANCOLS l’agence nationale de contrôle du logement social.

Cette statistique présente le montant du loyer moyen par mètre carré de surface habitable des logements sociaux en France au 1er janvier 2018, selon la région et en euros. On observe ainsi que cette année-là, le prix par mètre carré de surface habitable du loyer des logements sociaux dépassait les six euros en moyenne en Île-de-France, Guadeloupe et Guyane. La Réunion, avec ses 77 000 logements sociaux, arrive quatrième dans ce classement.
 

Un fait inacceptable pour la CNL qui rappelle que La Réunion est le département français où le taux de pauvreté est le plus élevé avec 40% de la population qui vit en dessous du seuil de pauvreté selon les données de 2014. Un seuil qui s’établit à environ 1 000 euros par mois et par unité de consommation soit trois fois plus qu’en France métropolitaine. Par ailleurs, en 2016, 17% de la population réunionnaise âgée de 15 à 64 ans était bénéficiaire du Revenu de Solidarité Active.
Toujours selon la CNL, à La Réunion, sur les 29 631 demandeurs de logements, 75% des personnes ont des revenus inférieurs à 1 500 euros. 4 000 locataires, quant à eux, souhaitent changer de loyer en raison d’un loyer trop élevé.
 

Le RLS non appliqué à La Réunion


Pour la Confédération Nationale du Logement, ce classement de La Réunion dans le top 10 des régions où les loyers sont les plus élevés peut s’expliquer par le fait que les bailleurs sociaux n’ont pas souhaité l’extension du dispositif de réduction de loyer de solidarité (RLS) à La Réunion. Le dispositif de la RLS, inscrit dans la loi de Finances 2018, consiste à imposer aux bailleurs l’application aux locataires du parc social, sous condition de ressources, d’une remise sur le loyer acquitté par le locataire, sans toutefois diminuer le montant contractuel du loyer prévu dans le bail. Simultanément, l’APL, l’aide personnalisée au logement, des locataires concernés sera diminuée de manière à ce que la baisse de l’aide soit toujours inférieure à la RLS.
 

Le poids des charges


Selon la CNL, les données sur le coût des loyers n’incluent pas les charges locatives qui pèsent sur le prix final à payer par le locataire. La taxe d’ordures ménagères, les dépenses liées à l’électricité ou encore à l’entretien d’un ascenseur ou d’un espace vert sont autant de charges qui ne sont pas prises en compte, pourtant l’avis du 17 janvier 2019 relatif à la fixation du loyer et des redevances maximums des conventions conclues en application de l’article L.351-2 du Code de la construction et de l’habitation précise aux Préfets d’en tenir compte :
 

« Ces loyers maximaux doivent faire l’objet d’un examen par vos services, lesquels doivent se préoccuper, d’une part, du nécessaire équilibre de gestion des organismes et, d’autre part, de la dépense globale de loyer (loyer + charges + consommations liées au logement) au regard des ressources des locataires ou des résidents et du service rendu. Vous porterez une attention particulière à la solvabilité de ces derniers lors de la fixation des loyers maximaux en tenant compte des surfaces et des loyers ou redevances maximaux pris en compte pour le calcul de l’APL. »


La CNL demande ainsi un rendez-vous au Préfet afin de solutionner cet état de fait avec les bailleurs sociaux.

Le reportage de Delphine Poudroux et Daniel Fontaine :
©reunion