La maire de Saint-Denis Ericka Bareigts a demandé au Ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu de suspendre le couvre-feu annoncé par le préfet Jacques Billant dans l'île. Elle déplore que cette décision ait été prise "au niveau national" sans aucune concertation avec les acteurs locaux.
Dans un communiqué transmis ce jeudi 31 décembre 2020, la maire de Saint-Denis Ericka Bareigts réagit à l'annonce faite hier par la préfecture de La Réunion de la mise en place d’un couvre-feu en deux temps pour la prochaine nuit de la Saint-Sylvestre, avec une circulation limitée de 22h à 1h et un couvre-feu total de 1h à 5h.
L'élue indique avoir saisi le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu afin de lui demander de suspendre ce couvre-feu. Elle demande "la poursuite de l’application de la stratégie réunionnaise de lutte contre la Covid-19 qui a démontré ces derniers mois toute son efficacité".
L'interview d'Ericka Bareigts sur Réunion La 1ère :
"Une décision prise depuis Paris"
Ericka Bareigts dit déplorer "cette décision prise au niveau national en Conseil de Sécurité sans aucune concertation avec les acteurs locaux". L'élue estime que ce couvre-feu a été établi sans aucune considération du contexte sanitaire ou des spécificités locales.
"Depuis le mois d’août, les services déconcentrés de l’Etat, les collectivités et plus généralement toutes les Réunionnaises et tous les Réunionnais ont fourni des efforts constants considérables coordonnés par le Préfet, qui ont permis de faire baisser drastiquement la circulation du virus sur notre île", souligne la maire de Saint-Denis.
Une situation épidémique pourtant rassurante
"L’état hebdomadaire des contaminations nous le rappelle, la stratégie réunionnaise de gestion de l’épidémie a jusqu’à présent porté ses fruits sur notre territoire", appuie-t-elle encore en rappelant qu'au 25 décembre, la Préfecture et l’ARS, annonçaient un taux d’incidence à la Réunion de 31,4 pour 100 000 habitants, soit un taux "bien en deçà du seuil d’alerte de 50 pour 100 000 habitants".
Ericka Bareigts parle d'une "décision prise depuis Paris de manière unilatérale". D'autant que cette annonce, argumente-elle, a été faite "sans préavis" et qu'elle remet ainsi en cause "l’ensemble des projets planifiés par les Réunionnaises et les Réunionnais, dans le respect des gestes barrières, comme ils le font depuis des mois, pour fêter l’événement".
Le secteur touristique à nouveau "ébranlé"
La maire de Saint-Denis avance que cette décision "ébranle tout autant le secteur économique déjà durement touché par la crise, en déstructurant notamment l’organisation des professionnels du tourisme et de la restauration, qui devront par exemple, faire face à une vague d’annulation de réservations de dernière minute".
Cette décision risque également d’entraîner des effets collatéraux directement dommageables pour la sécurité des familles réunionnaises en ce jour de réveillon du nouvel an, craint également la maire dionysienne.
"Sur les routes d’abord avec des risques majeurs d’embouteillages, d’accidents et de conduite sous l’emprise de l’alcool qui seront concentrés sur une plage horaire resserrée par l’application du couvre-feu. Mais également dans l’ensemble des communes de notre île dans lesquelles cette décision est jugée injuste car incompréhensible et subite. Une grande colère est ressentie à son égard".