Risque requin : quel avenir pour le surf à La Réunion ?

La dernière attaque mortelle de requin survenue jeudi après-midi à Saint-Leu a rappelé le risque qui pèse sur la pratique du surf à la Réunion. Une pratique mise à mal et très réglementée depuis 2011.
11 attaques mortelles en 9 ans. Depuis 2011, la Réunion doit faire face au risque requin. Par principe de précaution, et par arrêté préfectoral renouvelé depuis 2013, la pratique du surf est interdite, exceptée dans les espaces surveillés par les vigies requins.
 

Le surf, autorisé sous surveillance

Ce dispositif de surveillance appelé VRR, Vigies Requins Renforcée, géré par la Ligue Réunionnaise de Surf, est principalement constitué de plongeurs en mer. Leur rôle est d'observer la présence ou non de requins sous l'eau, d'alerter en cas d'observation et d'évacuer si nécessaire.
 
De 2015 à 2016, ce dispositif était réservé aux surfeurs du Pôle espoir. De 2016 à 2017, il était réservé aux licenciés en compétitions mais depuis 2018, il est ouvert à tous les licenciés, se félicite la Ligue de surf.
 

" Ces vigies requins permettent aujourd'hui aux licenciés de pratiquer l'activité en toute sécurité 5 fois par semaine du mercredi au dimanche." Éric Sparton, président de la Ligue Réunionnaise de Surf.

 

Un dispositif oui, mais avec des limites

Pour autant, ce dispositif de surveillance VRR a " ses limites ", reconnaît le président de la Ligue. Tout d'abord, seuls les 500 licenciés peuvent en bénéficier alors que plusieurs associations militent pour qu'il soit également ouvert aux surfeurs amateurs.
 
Ensuite, toutes les communes de l'île concernées n'ont pas encore donné leur accord pour la mise en place de ce dispositif vigies sur leur espace maritime. C'est le cas à Saint-Leu où le projet est , " bien ficelé ", selon le président de la Ligue, mais n'a toujours pas vu le jour. Si bien qu'aujourd'hui le surf se pratique uniquement sur quelques spots identifiés à Saint-Paul et non sur l'ensemble des spots répertoriés sur l'île.

Au-delà, la fiabilité de ce dispositif VRR repose sur des critères complètement aléatoires comme la météo.
 

" Il faut trouver la bonne vague avec la bonne houle, puis il faut s'assurer qu'il y ait une visibilité d'au moins 8 mètres sur le spot choisi si on veut respecter le protocole de surveillance et surfer en toute sécurité", Eric Sparton, président de la Ligue Réunionnaise de Surf.

 

" 170 jours par an " au mieux... 

Du coup, avec ses diverses contraintes, la pratique du surf en mode sécurisé est ouverte au mieux " 170 jours par an " uniquement et sur une poignée de spots seulement contre 360 jours par an sur tous les spots avant la "crise requin". Pour les surfeurs, c'est donc près de 3 fois moins de mises à l'eau possibles depuis la crise requin et pour la ligue de surf presqu'autant d'opportunités d'entraînements ratés.

Aujourd'hui, huit ans après la première attaque de requin, la plupart des écoles privées de surf et les enseignes spécialisées ont mis la clé sous la porte. Nombreux aussi sont les surfeurs licenciés à s'exiler notamment en Afrique du Sud pour pratiquer leur passion ou s'entraîner.
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Un avenir à construire

Les autres surfeurs, amateurs, eux, n'ont malheureusement pas l'embarras du choix. Soit ils rangent définitivement leurs planches et sont privés de leur activité. Soit ils s'équipent d'un dispositif individuel anti-requins, mais seulement s'ils ont les moyens financiers car ce sont des dispositifs assez onéreux. Soit ils bravent l'interdiction et le font à leurs risques et périls. Dans tous les cas, pour les surfeurs, ces alternatives offertes face au risque requin sont considérées comme une atteinte au principe même de liberté et d'égalité.

Après 24 attaques de requins dont 11 mortelles, il y a donc désormais urgence à sécuriser tous les spots de surf de l'île de la Réunion si on veut préserver l'activité, pour la Ligue Réunionnaise de Surf, qui travaille en ce sens. L'ouverture des vigies requins à tous les usagers de la mer doit faire partie des solutions à envisager, selon de nombreux surfeurs amateurs.