Rusgan, le migrant expulsé "par erreur" raconte son retour à La Réunion après deux semaines d’angoisse au Sri Lanka

Rusgan, le migrant expulsé "par erreur" raconte son retour à La Réunion après deux semaines d’angoisse au Sri Lanka.
Rusgan est soulagé, 48 heures après son retour à La Réunion. Expulsé "par erreur" le 18 septembre par les services de l'Etat, le jeune migrant Sri Lankais est rentré dans l’île le week-end dernier, après deux semaines d’angoisse au Sri Lanka.

"Ça va, car je suis rentré à La Réunion, souffle Rusgan. Ici, je suis heureux. Au Sri Lanka, j’ai peur, il y a trop de problèmes, trop d’angoisse".

Deux jours après son retour dans l’île, le jeune migrant sri-lankais est soulagé. Expulsé "par erreur" le 18 septembre dernier, par les services de l'Etat, Rusgan a bien cru qu’il ne pourrait plus jamais revenir à La Réunion.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Rusgan, le migrant expulsé "par erreur" raconte son retour à La Réunion après deux semaines d’angoisse au Sri Lanka ©Réunion la 1ère

Expulsé le 18 septembre

Le 18 septembre au matin, le jeune Rusgan a été renvoyé dans son pays, par avion, avec six autres migrants sri-lankais. Pourtant, le jour même, son dernier recours en référé-liberté devait être examiné par le tribunal administratif de Saint-Denis.

"J’étais triste, je me demandais ce qui allait m’arriver en arrivant au Sri Lanka", raconte Rusgan.

La situation est très dangereuse là-bas pour moi et ma famille. Quand j’ai appris que je devais y retourner, j’ai cru que c’était fini pour moi.

Rusgan

"Mon père a été kidnappé"

Quelques jours plus tard, alors qu’il est au Sri Lanka, à La Réunion, le juge prononce une ordonnance d'injonction de retour. Elle est adressée aux services de la préfecture qui doivent alors organiser le retour de Rusgan dans l’île.

En attendant, le jeune homme passe deux semaines d’angoisse au Sri Lanka, pays qu’il a quitté par bateau en 2019 pour rejoindre La Réunion. "J’ai revu ma mère et ma sœur que je n’avais pas vu depuis 2019. Mon père a été kidnappé, on a plus de nouvelle, explique Rusgan qui a fui les "violences politiques et religieuses" dans son pays. J’ai essayé d’avoir de ses nouvelles là-bas, mais je n’ai pas réussi. Ma mère et ma sœur ont quitté notre village, elles bougent beaucoup pour éviter les dangers".

J’étais heureux de voir ma mère. Elle m’a vu, elle a pleuré. On ne peut pas exprimer l'émotion que l'on a ressenti parce que mon père n'est plus là, elle est toute seule.

Rusgan

"La police m’appelait tout le temps"

Sur place, Rusgan n’a pas pu rester dans son village. "J’avais peur, c’était beaucoup de stress, la police m’appelait tout le temps pour investiguer sur mon retour, raconte le jeune homme. Il n’y a pas de garanti pour ma vie là-bas. Ces deux semaines là-bas c’était comme si ça avait duré 15 ans avec la peur, le stress et la pression".

Beaucoup de questions des autorités

Dès son arrivée à Colombo le 19 septembre, Rusgan a dû répondre à de nombreuses questions des autorités. Au moment de prendre l’avion pour revenir à La Réunion, il n’est pas sûr de pouvoir embarquer.

"Je suis passée par le bureau de l’immigration, ils ne comprenaient pas pourquoi j’avais un laisser-passer français, un visa, et une nationalité sri lankaise, ils m’ont posé beaucoup de questions", raconte Rusgan. Il se fait racketter et explique avoir dû donner "200 euros pour réussir à quitter son pays".

Un homme libre

Dans la nuit de vendredi à samedi 7 octobre, le jeune homme décolle de Colombo, la capitale du Sri Lanka. Il arrivera au petit matin à La Réunion après deux escales à Dubaï et à Maurice.

Aujourd’hui, il savoure le bonheur d’être un homme libre. Accueilli chez un proche, Rusgan attend que son recours soit examiné par le tribunal administratif de Saint-Denis.

Ses papiers lui permettront de signer son contrat de travail. Etudiant en mathématiques, il a déjà trouvé un employeur. "Je veux continuer mon futur, ma vie et mes études ici à La Réunion", confie-t-il.