C'est au dixième jour de carême et de prières que les fidèles des temples de Saint-André et de Saint-Louis célèbrent ce samedi 4 février 2023 le dieu hindou Mourouga.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Sur les berges de la Rivière-du-Mât à Saint-André, ceux qui portaient le "cavadee", structure en bois ou en bambou ornée de fleurs et de représentations de la divinité, sont arrivés très tôt ce samedi matin, afin de préparer leurs offrandes. D'autres porteront le "sembou", pot en cuivre, rempli de lait ou de miel.
Respecter sa promesse à Dieu
Parmi ces pénitents, certains autres auront fait le choix de se transpercer le corps de petites aiguilles en argent. Sur le front, le torse, le bras, le dos, voire dans la langue. Certains optent pour des crochets en argent, auxquels sont accrochés des citrons galet. Suspendus à leur peau, parfois plusieurs kilos de fruits. Une façon de vaincre leur ego, et de remercier le dieu Mourouga pour un souhait qu'il leur a accordé, une "promesse".
"Kan ou la fé un promesse, si i accorde a ou, faut ou rend'", explique Dylan qui porte aujourd'hui le cavadee, entouré de sa famille. Sa femme Jessica portera un sembou de lait.
Jonita, plus loin, se recueille pendant que Wil s'occupe de la piquer de dizaines de petites aiguilles d'argent. "Il faut être bien concentrée, bien prier. On remet tout notre corps et notre âme au dieu Mourouga pour lui rendre la promesse qu'on a faite. Cette année j'ai refait une promesse, et si dieu le veut, pendant des années je serais présente", explique-t-elle. Car pour remplir leur promesse, ils respecteront cette pénitence durant un, trois, cinq, voire sept années.
Procession vers le temple
Tous ces pénitents ont ensuite suivi, en portant leur cavadee et leurs diverses offrandes, une procession vers le temple, sous l'oeil du dieu Mourouga, transporté dans un char tracté par des fidèles.
Après des cérémonies sur les berges de la rivière-du-Mât, les fidèles, dont les pénitents, cavadee sur le dos, reprendront le chemin du temple, au son des instruments traditionnels que sont les "nadeshwaram", les trompettes, et les "thavil", tambours. Une fois là-bas, les offrandes de lait et de miel qu'ils ont transportées seront déversées symboliquement sur la statue du dieu Mourouga, comme un bain purificateur.
A Saint-André, après deux ans de fête contrainte par le Covid, les fidèles étaient de retour : environ 700 pénitents et 5 000 fidèles ont pris part aux cérémonies du jour. Tous ont participé les neuf jours précédents aux cérémonies données au temple, et ont respecté un carême végétarien pour se purifier.
Une fête incontournable
"C'est une fête incontournable dans notre calendrier. Aujourd'hui c'est le dixième jour, les fidèles ont fait preuve d'abnégations pendant des journées d'intenses prières et de ferveur. Les fidèles vont quitter le site et vont suivre la procession pour aller déverser leur lait sur le seigneur Mourouga pour exprimer leur foi et leur dévotion. C'est un rituel de purification et de victoire sur soi, très important pour nous les hindous", relate pour sa part Samantha, une fidèle présente ce samedi matin.
Deux prêtres hindous sont venus spécialement de l'Inde pour aider celui de Saint-André dans ce jour important pour toute la communauté.
Les mêmes célébrations étaient organisées au temple de Saint-Louis, là encore pour demander la bénédiction de Mourouga, dieu du panthéon hindou, frère de Ganesh, chef des armées, et qui représente la force, la jeunesse. "Il enlève tous les obstacles mais donne aussi la force pour enlever tout ce qu'il y a de mauvais en soi, comme l'ego", explique un fidèle.