Ce jeudi 16 mars 2023, la ministre de la Culture Rima Abdul Malak a dévoilé la liste des sites emblématiques qui seront soutenus par la mission Patrimoine cette année. Une opération portée par Stéphane Bern, déployée par la Fondation du patrimoine, et soutenue par la Française des Jeux et le ministère de la Culture. Parmi les 18 sites sélectionnés en France, l'un se trouve à La Réunion : l'ancienne chapelle Sainte-Jeanne-d'Arc, située à Saint-André.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Une chapelle construite dès 1943
La chapelle Sainte-Jeanne-d'Arc a eu plusieurs fonctions depuis la fin de sa construction en 1944. Initialement, l'édifice est construit dès 1943, sous l'impulsion du père Bombenger, alors que l'Eglise catholique poursuit sa politique de construction d'édifices cultuels. La Réunion est au lendemain de sa libération par les Forces françaises libres. La construction démarre lentement, mais est redynamisée par un appel aux dons.
Le bâtiment a alors pour vocation d'accueillir le catéchisme et les autres événements de la paroisse. Mais il fit aussi office d'église pendant une courte période.
Pierre volcanique et stuc
L’édifice se distingue par un travail de la pierre volcanique, alternée avec un mortier en stuc. La toiture en bardeaux elle, fut arrachée par le vent lors d'un cyclone en 1948, et sera refaite en tôle.
L'église sera ensuite rénovée en 1960, pour être à nouveau endommagée deux ans plus tard par le cyclone Jenny. D'où une reconstruction à nouveau de la charpente et de la couverture.
Malmené par différents cyclones
En avril 2018, c'est encore un épisode cyclonique, celui de la tempête tropicale Fakir, qui vient à bout de la toiture en tôle : elle s'effondre dans la rue et à l'intérieur de l'ancienne chapelle, et arrache le haut du pignon ouest.
Aujourd’hui l’édifice est exposé aux intempéries et l’humidité dégrade les maçonneries. Un périmètre de sécurité a été installé, et le lieu n'est plus accessible au public pour raisons de sécurité. Il est inscrit au titre des monuments historiques depuis 2012.
"Ça va nous permettre de reconstruire la salle Jeanne-d'Arc, pour lui rendre ses fonctions premières de salle événementielle de la paroisse, qui servait depuis les années 40 : elle recevait des spectacles, le catéchisme, ou tout autre événement de la paroisse".
Stéphanie Poïny Toplan, conseillère municipale chargée de la culture et du patrimoine à Saint-André
Un tiers-lieu artistique
L'endroit bénéficiera d'une rénovation complète, pour devenir un tiers-lieu artistique composé d’un espace ouvert modulable et d’un espace d’exposition. "Un espace culturel qui va accueillir des formes douces, parce qu'on est quand même entre l'église et le cimetière", précise Stéphanie Poïny Toplan. Il proposera diverses activités : création artistique, résidence d’artistes, diffusion de petites formes de spectacle vivant, rencontres et échanges avec le public, conférences et ateliers tout public.
Des travaux de mai à décembre
Mais avant de pouvoir à nouveau accueillir du public, l'ancienne chapelle devra subir bien des travaux : consolidation des fondations et maçonneries, construction d'une nouvelle charpente et d'une couverture, réalisation des menuiserie intérieures et extérieures à l'identique, ou encore restauration des parements extérieurs. Les travaux sur l'édifice devraient débuter en mai pour s'achever en décembre de cette année, pour une ouverture au public vers le début 2024.
Le montant de l'aide encore inconnu
"Cette aide nous permet d'aller plus vite dans l'avancée du projet. (...) Le but du conseil municipal était de mettre en valeur tout le patrimoine de Saint-André, entre la Maison Valliamée, les vestiges de l'église Saint-Nicolas à Champ-Borne, et la salle Jeanne-d'Arc, ça faisait beaucoup", explique Stéphanie Poïny Toplan. Décision a été prise de prétendre au fonds de la mission patrimoine pour ce dernier site. "On a fait une demande de 500 000 euros mais on est dans l'attente de savoir combien exactement on va pouvoir recevoir de la part du Loto du Patrimoine", précise la conseillère municipale saint-andréenne. Le chèque sera remis en septembre lors des Journées du Patrimoine.
2 millions d'euros de travaux
2 millions d'euros sont nécessaires pour les travaux, et devraient être financés à hauteur de 40% par la Direction régionale des Affaires culturelles, et encore à hauteur de 40% par la mission Patrimoine.
La création d’une extension contemporaine pour abriter les lots techniques - bureaux, loges d'artistes - de la future salle polyvalente sera réalisée ultérieurement, une partie du projet non financée par la mission patrimoine.
Un endroit riche en souvenirs pour les Saint-andréens
Les Saint-andréens eux, semblaient plus que satisfaits à l'idée de retrouver leur salle paroissiale d'antan. "Ça nous fait plaisir parce que c'est une salle qui a beaucoup servi pour les réunions, le catéchisme, elle est vraiment très importante pour nous", confiait une habitante croisée ce vendredi matin. Une autre se rappelle : "C'est un souvenir d'enfance pour moi, on était jeunes et on venait y danser, faire des sketches, et après il y a eu le cyclone. Je voudrais bien revoir cette salle avant de mourir".
Sept sites réunionnais retenus depuis 2018
Depuis la création de la mission Patrimoine en 2018, sept sites réunionnais ont été retenus pour bénéficier du fonds. Parmi eux, l'ancienne usine sucrière de Pierrefonds, la minoterie du Vieux Domaine, l'ancien bâtiment du Crédit Foncier de Madagascar au Port, l'ancien pénitencier de l'îlet à Guillaume, ou encore le pont suspendu de la Rivière de l'Est.
762 sites aidés dans leur restauration en France
Depuis la première édition, 5 500 sites en péril ont été signalés (700 en 2023), et 762 sites aidés dans leurs travaux de restauration dont 108 projets emblématiques du patrimoine régional et 654 sites départementaux. Aujourd’hui, plus de 60 % sont d’ores et déjà sauvés ou sur le point de l’être. 230 sont terminés et 240 chantiers sont en cours.
Des millions de joueurs y contribuent chaque année via les jeux de grattage et de tirage « Mission Patrimoine » de la FDJ, qui soutient cette opération. L’appel à projets est ouvert sur le site missionbern.fr/signaler-un-site. Propriétaires, associations, communes et passionnés de patrimoine sont invités à identifier les sites en péril partout en France. Ces signalements peuvent être effectués tout au long de l’année.