Et vous messieurs ? Savez-vous changer une couche ? Repasser des vêtements ? Nettoyer les sanitaires ou encore faire la vaisselle ? Si oui, vous auriez très bien pu prétendre au titre de "Mister Egalité 2023". Un concours organisé pour la troisième fois par l'APFAR (Agence pour la formation professionnelle des adultes), pour combattre les stéréotypes de genre.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
"L'objectif c'est de ramener plus d'égalité entre les femmes et les hommes sur les tâches quotidiennes. En 2023, je trouve ça triste d'en faire encore une actualité, ce serait bien qu'on évolue vraiment", soupire Caroline Bègue, formatrice en métiers de services à la personne à l'AFPAR de Saint-André.
Seulement cinq participants
Malheureusement, la foule n'est pas au rendez-vous, côté participants. Au centre AFPAR de Saint-André, seuls cinq messieurs ont joué le jeu sur l'ensemble des stagiaires masculins. Caroline Bègue ne peut ainsi s'empêcher de se demander taquinement s'il n'y aurait pas eu plus de participants si les tâches du jour avaient été de "faire un bras de fer ou des parties de jeux vidéo".
Des tâches du quotidien et une question
Mais rien de cela aujourd'hui : les épreuves sont en réalité ces gestes qu'on effectue tous au quotidien pour l'entretien de la maison, ou pour s'occuper de la famille. Pour chaque épreuve, un temps imparti de dix minutes, pendant lesquelles sont jugés la rapidité, la technique, le rendu final, mais aussi la réponse à la question piège : "qu'est-ce que l'égalité pour vous ?"
"On comprend que ce n'est pas évident pour elles"
Nicolas, stagiaire de 47 ans, parle à son poupon en plastique tout en lui changeant sa couche. Il fait partie des cinq candidats au titre de Mister Egalité 2023. "C'est pas compliqué en soi, il faut être attentif et ne pas se presser, faire les bons gestes dans le calme", explique celui qui est déjà papa et a eu l'occasion d'effectuer ces gestes dans sa vie. "C'était un peu stressant parce qu'on est jugé, mais ça s'est très bien passé", achève-t-il. Si lui a décidé de se prêter au jeu aujourd'hui, il trouve ça "dommage qu'il n'y ait pas plus de participants". "C'est ludique, et on se met à la place de madame et on comprend que ce n'est pas évident pour elles", remarque-t-il.
A l'issue de la matinée, ce stagiaire en formation infographie/metteur en pages, qui a été élu Mister Egalité 2023, champion de la bonne tenue du foyer.
"Souvent il y avait plus de tâches à la maison qu'au travail"
Ludovic lui, s'essaie au repassage de chemise. Une tâche dont il dit avoir déjà l'habitude. "Je fais comme à la maison. Quand il faut sortir, on est obligé de repasser sa chemise. A la maison, c'est moi qui repasse mes vêtements", commente-t-il.
Plus tard, il passera par l'étape du nettoyage de toilettes, comme Stéphane, stagiaire en formation installateur réseau de téléphone, brosse à la main. Pour lui, les tâches ménagères, ça se partage. "Il faut faire passer ce message aux hommes qui rentrent le soir et qui pensent qu'il n'y avait rien à faire à la maison. Souvent il y avait plus de tâches à la maison qu'au travail", observe-t-il, reconnaissant malgré tout que chez lui, c'est aussi sa femme qui en fait le plus, même si "on essaie de s'organiser".
Kilian, en formation de coffreur-bancheur, est à la plonge. Ou plus précisément à l'exercice Vaisselle et rangement. "Ca va, j'ai l'habitude", sourit celui qui vit encore chez ses parents. "Quand ou na point l'habitude lé saoulant", lâche-t-il quand même.
Promouvoir la section Assistant de vie aux familles
Autour d'eux, les jurés du jour ne sont autres que les stagiaires de la section assistant de vie aux familles de l'AFPAR. Car combattre les clichés n'est pas la seule finalité de cette journée. "Le deuxième objectif, c'est de promouvoir la section assistant de vie aux familles, qui est très féminisée à l'heure actuelle. Et pourtant les hommes sont très attendus sur le marché de l'emploi pour pouvoir aller aider des personnes en situation de handicap et les personnes âgées à domicile", souligne Caroline Bègue, la formatrice en métiers de services à la personne à l'AFPAR de Saint-André.
"La charge mentale n'est pas encore bien partagée, il y a encore à évoluer là-dessus, mais on y arrivera un jour où l'autre. J'aimerais que ma section soit plus connue par les hommes, qu'on puisse comprendre que c'est un métier de service aux autres, qui ne concerne pas que l'entretien du cadre de vie : il y a l'accompagnement des personnes, le fait de rompre avec l'isolement, d'être disponible pour des personnes en difficulté... C'est un très très beau métier"
Caroline Bègue, la formatrice en métiers de services à la personne à l'AFPAR de Saint-André
"On ne se rend pas compte de la difficulté pour les femmes"
Florence, stagiaire de la formation assistante de vie aux familles, est en tout cas ravie de voir les rôles s'inverser le temps de ce concours.
"C'est une bonne chose de faire participer davantage les hommes aux tâches. Pour les hommes qui ne foutent rien, participez un peu plus parce qu'on ne se rend pas compte de la difficulté pour les femmes d'aller travailler et en même temps de s'occuper d'une famille, faire les courses, le ménage, s'occuper de l'entretien du linge... Dans la tête des hommes, les femmes font le ménage à la maison pendant qu'ils regardent la télé"
Florence, stagiaire assistante de vie aux familles