Baro lékol lé rouvèr pou kréol : la rectrice présente sa politique académique pour la promotion de la langue et de la culture régionales

Matinée de promotion du créole à l'école
Ce mardi 13 juin 2023, la rectrice de l'académie de La Réunion a présenté sa politique pour la promotion de la langue et de la culture créoles, qui sera déployée dès la prochaine rentrée dans les établissements scolaires.

C'est au collège Boris Gamaleya, anciennement collège Les Alizés de Sainte-Clotilde, renommé selon le grand poète réunionnais, que la rectrice a choisi de présenter sa politique académique de promotion de la langue et de la culture créoles. Pour l'occasion, les marmailles étaient invités à déclamer leurs fonnkèr, ou à chanter et jouer des morceaux emblématiques de la culture réunionnaise. 

Matinée de promotion du créole à l'école

Dès la rentrée d'août 

Dès la rentrée prochaine, cette politique académique sera déployée dans les établissements scolaires de l'île. Deux grands axes s'en dégagent, selon la rectrice de l'académie Réunion, Chantal Manès-Bonnisseau. A commencer par celui de l'accueil des enfants dans le premier degré en créole, par des enseignants tout spécialement formés. 

Le reportage de Réunion La 1ère : 

Du créole, il y en aura davantage à l'école dès la rentrée prochaine. Kosa zot i en pens' ?

Le respect de la langue et de la culture créole à l'école 

"L'école crée les conditions pour réussir, et une de ces conditions, c'est le respect de leur langue et de leur culture", justifie la rectrice. Ainsi, des professeurs ont été formés à l'enseignement du français en milieu créolophone, qui auront pour mission de dissiper la confusion entre le créole et le français dans la tête des élèves, selon Chantal Manès-Bonnisseau.

"Pour atteindre un bon niveau de maîtrise du français qui est demandé par notre école de la République, il est important que les élèves ne fassent pas de confusion entre le créole et le français. Ils parlent créole à la maison et dans la cour de récréation, et ils parlent français à la maison. Et pour cela, il faut qu'il y ait des professeurs formés à l'enseignement du français en milieu créolophone, voire plurilingue, pour qu'il n'y ait pas de mélange qui ne soit pas maîtrisé dans le 1er degré, en maternelle et en primaire"

Chantal Manès-Bonnisseau, rectrice de l'académie Réunion

Un parcours où l'enseignement sera assuré par des professeurs du second degré certifiés, qui jusqu'ici souffraient de ne pas pouvoir enseigner le créole. 

Des parcours renforcés pour plus d'heures de créole 

Le deuxième axe lui, tourne autour de la création de parcours renforcés, de la maternelle au lycée, qui proposent plus d'heures d'enseignement du créole, pour "les élèves et les familles qui souhaitent approfondir leur connaissance de la langue et de la culture régionales". Plus de 500 professeurs ont ainsi été formés cette année, "ambassadeurs de la langue créole à l'école". 

"Parce qu'on veut former des connaisseurs, des experts de la langue, qui pourront devenir ensuite nos universitaires et former nos professeurs. C'est un cercle vertueux. Et puis c'est aussi une reconnaissance du territoire, de la langue et de la culture de nos concitoyens réunionnais"  

Chantal Manès-Bonnisseau, rectrice de l'académie Réunion

Matinée de promotion du créole à l'école

Pas de langue créole obligatoire 

Mais pourquoi ne pas tout bonnement rendre obligatoire l'apprentissage de notre langue régionale à l'école ? "Inutile", répond Chantal Manès-Bonnisseau. "Parce que ça ne correspond ni aux besoins de nos élèves ni aux demandes des parents", poursuit la rectrice, qui avec cette nouvelle politique académique proposant davantage de créole à l'école, souhaite éviter deux principales critiques : celle d'oublier le créole, et à la fois celle de trop en faire. 

"Je n'oublie pas le créole, je veux proposer à tous les élèves une bonne maîtrise du français, et je veux aussi respecter cette demande du créole, qui est celle de certains Réunionnais, et pas de tous. Tous les Réunionnais ont besoin qu'on respecte leur culture et leur langue, mais pas forcément que ça devienne une obligation à l'école".

Chantal Manès-Bonnisseau, rectrice de l'académie Réunion

"Mi koz kréol" 

Elle-même Réunionnaise et créolophone, Chantal Manès-Bonnisseau l'affirme : "Mi koz kréol". Un élément important pour sa réussite, "les racines bien plantées dans la terre, ça permet à l'arbre de grandir, et de s'ouvrir au monde", achève-t-elle, évoquant, pourquoi pas, la création d'un enseignement de spécialité langue créole dans "un lycée, voire deux, s'il y a une appétence pour cette belle langue et culture". 

Une petite victoire, selon Frédéric Maillot 

Pour le député NUPES Frédéric Maillot, présent lors de cette matinée dédiée au créole, cette politique académique est une petite victoire en soi. Mais il faudrait aller encore plus loin. "Kan ou lé moteur, faut jamais contente a ou de ce que lé fé. Les langues régionales i doit pas rester une option, mais devenir une matière à part entière", considère le parlementaire. 

"Le kréol lé emblématique" 

Voilà qui ne déplaierait pas à Mathias, élève qui fait partie des 2000 autres à recevoir un enseignement du créole sur l'académie. Pour le collégien, c'est une nécessité. "Nou lé La Réunion, le kréol lé emblématique, lé formidable, C'est not zancet' la créé sa. Ma la grandi dedan, faut bien mi continu travay a li !", lance-t-il. 

Matinée de promotion du créole à l'école