Alors que leurs représentants participaient encore à la réunion, à la préfecture, avec les professionnels du rhum, les planteurs installés dans le square Labourdonnais ont mis en place un barrage filtrant au niveau du Barachois, ce vendredi 1er juillet, depuis 18h15.
La circulation sur le front de mer Saint-Denis était donc à nouveau perturbée et le Centre régional de gestion des routes indiquait qu'une déviation était mise en place par le Boulevard Sud. Difficile de comprendre les tenants et aboutissants de ce nouveau blocage à ce moment-là.
Mais à l'issue de la réunion à la préfecture, vers 19h30, les planteurs ont finalement expliqué être déçus puisque les discussions n'ont conduit à aucune nouvelle avancée majeure ce vendredi. "Les rhumiers paient beaucoup de taxes à La Réunion et on a demandé à ce que ces taxes reviennent aux agriculteurs mais on nous dit que c'est impossible", résume Dominique Clain, président de l'UPNA. Avec les rhumiers, on ne peut récupérer que 13 centimes d'euros et pour nous c'est indécent et injuste".
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Pas d'avancée majeure ce vendredi
"Nous on est capable de produire plus de cannes mais on n'est pas rémunérés à notre juste valeur. On voit bien aujourd'hui que les deux rhumiers dépendent de Tereos et des planteurs. On leur a bien précisé que si la filière canne meure, les distilleries fermeront comme les industriels", tranche Dominique Clain.
Vendredi soir, certains des manifestants avaient décidé de camper sous les fenêtres de la préfecture en attendant la prochaine réunion avec Tereos, mardi 5 juillet, à 9h. Ils se trouvaient toujours sur place ce samedi matin, à côté de leurs tracteurs.
Des blocages qui divisent la population
Les planteurs ont en tout cas montré qu'ils étaient prêts pour une nouvelle démonstration de force après avoir déjà défilé en tracteurs de Saint-Pierre à Saint-Denis, puis carrément dans les rues du chef-lieu à grand renfort de klaxon.
Après le pique-nique organisé par les Jeunes agriculteurs lundi dernier, ils étaient passés à un degré supérieur par la mise en place d'un premier barrage filtrant à l'entrée Ouest de Saint-Denis. Ils ont donc récidivé dans un contexte qui reste tendu puisque la campagne sucrière démarre en théorie ce lundi 4 juillet.
Un mouvement qui provoque d'ailleurs l'exaspération d'une partie de la population qui considère qu'elle est prise en otage. Regardez ce reportage de Réunion La 1ère :
Des avancées jeudi, un blocage vendredi...
Les planteurs sont mobilisés depuis presqu'un mois pour qu'un accord soit trouvé sur la prochaine convention canne pour la période 2022-2027. Hier, à l'issue d'une nouvelle réunion avec les représentants de l'Etat, du sucrier Tereos et de l'énergicien Albioma, ils avaient confié être en partie satisfaits des engagements pris.
L'Etat s'est en effet engagé à réévaluer le prix de la bagasse en fonction du taux de fibre de la canne tandis qu'Albioma proposait de mettre un montant sur la table pour accompagner la filière, à travers l'exploitation là encore de la bagasse. Montant qui devait être précisé ce vendredi.
Une délégation d'élus réunionnais à Paris
Ce conflit de la canne est également suivi à Paris. Une délégation d'élus réunionnais est allée porter les revendications des planteurs au ministère de l'Agriculture. Les députés Jean-Hugues Ratenon, Perceval Gaillard et Karine Lebon, ainsi que la vice-présidente de la Région Réunion Amandine Ramaye, ont insisté sur "le climat de dominant-dominé qui mène à des conflits à chaque renouvellement de la convention canne".
Etaient présents à cette rencontre, Etienne de la Fouchardière, Conseiller agriculture, pêche, mer et affaires européennes au ministère des outremers, Mickael Quimpert, adjoint à la sous-directrice des politiques publiques, Arnaud Martrenchar, délégué interministériel à la transformation agricole des outre-mer, Urwana Querrec, Conseillère filières animales, santé et bien-être animal, et référente outre-mer et enfin Claire Tholance, conseillère parlementaire.
"Les interlocuteurs nous ont fait savoir qu’ils restent très concernés par le sujet et restent en contact permanent avec le préfet, précise Jean-Hugues Ratenon. Nous avons insisté sur la nécessité de soutenir en premier lieu les planteurs dans leurs revendications, que ce soit du domaine de l’Etat mais aussi dans leurs relations avec les industriels, ceci pour le sucre mais aussi pour les autres produits dérivés que sont la bagasse et le rhum".