Débrayage symbolique après l'agression d'un agent à la prison de Domenjod

Débrayage à la prison de Domenjod tôt ce jeudi 8 juin
Mercredi 7 juin 2023, un détenu de la prison de Domenjod a agressé un agent pénitentiaire à l'aide d'une lame de rasoir. Pour alerter sur leurs conditions de travail, le personnel de l'établissement a effectué un débrayage symbolique tôt ce jeudi matin.

Ils étaient une cinquantaine d'agents du centre pénitentiaire de Domenjod à participer à un débrayage ce jeudi 8 juin 2023, très tôt à leur prise de service. Une action symbolique qui fait suite à l'agression d'un de leurs collègues la veille, par un détenu surpris en train de récupérer un colis projeté par dessus le mur de l'enceinte de la prison. 

L'agent pénitentiaire attaqué à l'aide d'une lame de rasoir, a été blessé au poignet et a dû être opéré. Selon ses collègues, il va mieux mais se remet de l'opération sous anesthésie générale qu'il a dû subir mercredi. 

Débrayage à la prison de Domenjod tôt ce jeudi 8 juin

Des projections de colis problématiques 

Aujourd'hui, les syndicats pointent du doigt des conditions de travail dégradées. "Nous dénonçons le manque de moyens face aux nombreuses projections de l'extérieur", dit Aldo Lin Ching Too du syndicat UFAP-UNSA Justice. Au-delà des envois de stupéfiants, d'alcool, de tabac chimique et de téléphones, les agents craignent aussi que les détenus se procurent des couteux en céramique, indétectables au portique de détection de métaux. 

La surpopulation carcérale, "plaie de toutes les prisons" 

En outre, comme au centre de détention du Port, la surpopulation carcérale, "plaie de toutes les prisons" pour l'UFAP-UNSA, est également un problème à Saint-Denis. "Les matelas au sol deviennent nombreux, nous ne pouvons plus supporter ces phénomènes problématiques", soutient Aldo Lin Ching Too. 

D'autant que ce qui les préoccupe, c'est que le centre de détention de Domenjod monte encore à charge pour "supporter le poids de l'incarcération des autres prisons réunionnaises qui sont en travaux, comme Saint-Pierre et bientôt le Port". 

Manque de moyens humains

Le manque de moyens se fait aussi sentir en termes d'effectifs, explique le syndicat. "Nos équipes locales de sécurité n'ont d'autres missions que les escortes vers les hôpitaux alors qu'elles devraient être en sécurisation sur l'établissement", précise Aldo Lin Ching Too du syndicat UFAP-UNSA Justice.

Pour faire face à la situation, le syndicat attend de l'administration pénitentiaire l'envoi de personnel "pour l'ensemble des établissements de La Réunion lors des prochaines commissions administratives paritaires". 

"Solidaires de nos collègues de Mayotte" 

Au Port, le personnel du centre de détention a effectué un blocage de l'établissement récemment, pour dénoncer la situation de surpopulation carcérale et les nombreux transferts de détenus du centre pénitentiaire de Majicavo à Mayotte. "C'est une façon déguisée de notre administration de panser une blessure sur une jambe de bois. Nous sommes solidaires de nos collègues de Mayotte", achève Aldo Lin Ching Too.