La Réunion entrera bientôt dans la saison des pluies et des cyclones. Pour des familles du quartier de Saint-François à Saint-Denis, l’inquiétude grandit. Après le passage du cyclone Belal en début d'année 2024, une dizaine de personnes et sept enfants de ce quartier se retrouvent enclavés.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
En bottes, dans la boue, tous les jours
A la suite d'un glissement de terrain, leurs maisons sont isolées, inaccessibles en voiture. Chaque jour, ils effectuent avec leurs enfants 400 mètres à pied dans la boue, en bottes.
Ce mardi 22 octobre 2024, la ville a souhaité faire un point avec les habitants et leur exposer les solutions possibles, mais aucune d’entre elles ne sera adoptée dans l'immédiat. Pourtant, les riverains attendent cela depuis maintenant dix mois.
"Pourquoi les élus ne réagissent pas ?"
"On marche tous les jours dans la boue, on a l’impression de se faire broyer par une administration toute puissante et nos élus ne réagissent pas, s’indigne Alexandre Gilles, un habitant. Pourquoi ne font-ils rien ? Nous sommes onze adultes, sept enfants, cinq familles en danger.
On n’a pas acheté à Mafate, on a acheté à Saint-Denis, capitale des Outre-mer !".
Alexandre Gilles, habitant
Rétablir le passage initial
De son côté, la mairie de Saint-Denis explique avoir étudié trois options, mais une seule paraît actuellement envisageable. Elle consisterait à rétablir le passage initial qui s’est effondré.
"Nous devons étudier le risque d’autres effondrements avec des études de la paroi, explique Albert Marimoutou, directeur général des Services à la mairie de Saint-Denis. Ces études peuvent durer et les travaux pourraient être longs avec des aléas, comme la découverte de blocs rocheux. En attendant, nous soutenons une solution provisoire avec un chemin piéton".
Un chemin empruntable dans le voisinage
La seconde option serait un passage chez un riverain propriétaire, mais il y a un souci de topographie avec plus de 85% de pente. La troisième option est d’emprunter un chemin bétonné ou une piste carrossable qui serait dégagée, mais là il faudra l’autorisation d’une propriétaire.
Une situation qui exaspère Valérie Delavois, habitante du chemin Niaouli. "Tout le monde sait qu’il y a un chemin qui existe dans le voisinage, pourquoi la mairie ne l’ouvre pas provisoirement ? s’interroge-t-elle. La voisine n’est pas d’accord je l’entends, mais là on parle de la sécurité des gens. Ce n’est pas entendable de mettre la vie des gens en danger".
Des études de plusieurs mois
Avec pour objectif de rouvrir le chemin effondré, la mairie de Saint-Denis a lancé de nouvelles études qui prendront trois à quatre mois et au moins un an de travaux pour rendre le chemin à nouveau carrossable.
Le chemin est rural, la commune a la responsabilité de l'entretien et de la gestion. "Elle en a d’ailleurs assuré l’entretien pendant des années, il est goudronné, élagué, le public passe, il est répertorié sentier de randonnée, et pas seulement emprunté par les riverains", rappelle Maître Eloé Rivière, avocate de plusieurs familles du chemin Niaouli. Elle appelle la mairie de Saint-Denis à "prendre ses responsabilités".
Une bâche et une sécurisation provisoire
En attendant, la commune annonce qu’elle va positionner une bâche pour recouvrir l’effondrement avant l’arrivée de la saison des pluies. Elle compte aussi mener des travaux provisoires de sécurisation avant la période cyclonique.