La colère gronde chez les fonctionnaires de La Réunion. Plusieurs organisations se sont réunies en intersyndicale afin d'alerter le plus grand nombre sur la disparition annoncée de l'ITR, l'Indemnité temporaire de retraite.
Ce complément de pension qui permet de compenser le coût de la vie chère dans les territoires ultramarins devrait disparaître d'ici 2028. Mais pas en Nouvelle Calédonie, en Polynésie française et à Saint-Pierre-et-Miquelon où les élus ont obtenu du Gouvernement la mise en place d'un mécanisme de cotisation volontaire se substituant à l'ITR.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
"Une rupture d'égalité" entre le Pacifique et La Réunion
Le Gouvernement a en effet déposé un amendement en ce sens à son projet de loi de finances 2024. Reste que La Réunion, tout comme Mayotte, sont exclues de ce dispositif compensatoire. "Il y a une rupture d'égalité", s'insurge Stéphane Patché, le secrétaire départemental adjoint du syndicat Alliance Police Nationale.
L'organisation est à l'origine de la mobilisation qui a conduit à la création d'une intersyndicale et à la tenue d'une première réunion d'information et de sensibilisation hier, mercredi 8 mai, à la Salle Candin, à Saint-Denis.
Plus de 300 personnes réunies à la salle Candin
Plus de 300 personnes ont répondu à l'appel de ce mouvement réunissant aussi la CGTR, l'UNSA, la FSU, la CFE-CGC, Solidaires, et le Saiper-Udas. Les députés Frédéric Maillot, Emeline K/Bidy et Jean-Hugues Ratenon étaient également présents.
"Je suis fonctionnaire d'Etat et si cette loi passe, il y aura une répercussion sur nos retraites avec le coût de la vie chère et de l'inflation", insistait hier soir une participante. "On demande à être au même niveau que nos compatriotes polynésiens et autres, que La Réunion et Mayotte ne soit pas mises de côté", poursuit notre interlocutrice.
27 000 fonctionnaires réunionnais
La disparition de l'ITR représenterait un manque à gagner de 44% au moment du départ à la retraite des fonctionnaires réunionnais, selon Stéphane Patché. Quelque 27 000 fonctionnaires bénédicient de l'ITR dans le département.
Et la disparition de cette indemnité aurait de lourdes conséquences sur l'économie locale, défend le syndicaliste. "Ce pouvoir d'achat qu'on a aujourd'hui et qu'on risque de perdre est réinvesti dans les commerces, le bâtiment, l'immobillier... C'est tout ça qu'on remet en cause aujourd'hui".
"La situation est grave, appuie son collègue Idriss Rangassamy, secrétaire départemental du syndicat Alliance. Il y a eu une promesse de faite : la fin de l'ITR devait être couplée à une mesure compensatoire sauf qu'aujourd'hui, l'Etat veut faire des économies sur le dos des Réunionnais. On dit qu'on est pauvre et on veut encore nous appauvrir !"
"Nous lé pas plus, nous lé pas moin"
"Les décideurs se sont réunis à Bercy et non à l'Assemblée nationale, où ils ont décidé de nous exclure de cette mesure compensatoire. Sauf que le Pacifique s'est mobilisé", résume Idriss Rangassamy. "Nous lé pas plus, nous lé pas moin", pouvait-on encore entendre sur place.
"Nous demandons aujourd'hui d'avoir a minima la même chose, voire plus, parce qu'on cotise aujourd'hui sur notre salaire net et que cet argent qui doit nous revenir, ne nous reviendra pas parce qu'il n'a jamais été investi dans les collectivités", conclut Idriss Rangassamy.
Les fonctionnaires d’Etat basés en Nouvelle-Calédonie, en Polynésie, à Wallis-et-Futuna, à Saint-Pierre-et-Miquelon, à la Réunion et à Mayotte bénéficient de l’indemnité temporaire de retraite depuis 1952.
Mais face à un certain nombre d'abus, il a été décidé d'une réforme en 2008. Des fonctionnaires de l'Hexagone profitaient de l'effet d'aubaine pour déclarer leur domicile en Outre-mer et bénéficier ainsi de l'ITR. Des critères liés à la réalité de leur résidence ont alors été ajoutés. L’allongement de la durée de vie a également contribué à alourdir le coût de l’ITR.