Tout le voisinage de l'immeuble situé au numéro 30 du chemin Hautbois, à La Montagne, est sous le choc de la nouvelle du décès du petit Gabriel. Le garçonnet de trois ans serait mort sous les coups de son ti père dans le courant de la soirée du jeudi 1er juillet.
"Ici c'est très calme d'habitude, c'est que des résidences, indique une riveraine, ce dimanche. On est très étonnés justement par le drame qui vient de se produire. C'est triste pour la famille. On ne comprend pas. Comment expliquer que le ti père ait ainsi pété un câble ?"
"On ne fait pas ça à un enfant"
Reine-May, 62 ans, connait, elle, la mère de l'enfant qu'elle croise régulièrement dans les escaliers de la résidence. "C'est une dame très gentille comme tout. Quand je suis arrivée vendredi matin, j'ai vu qu'il y avait du monde et c'est là que j'ai appris que le petit garçon a été tué...".
"Etant habitante de la Montagne, des choses comme ça ne devraient pas se passer, poursuit la sexagénaire. On ne fait pas ça à un enfant, non. Il est innocent. On ne se venge pas sur un enfant...".
Un jeune couple
Une autre voisine témoigne à son tour. C'est une amie de la mère du petit Gabriel. "Ca me touche beaucoup, je suis choquée, comme c'est moi qui le gardait bien avant que le monsieur soit là, je suis toujours sous le choc", confie-t-elle.
"Depuis, je n'arrive plus trop à dormir. Je projette le visage de mon fils sur celui de Gabriel en fait... Il va beaucoup me manquer. J'ai été très choqué quand j'ai appris la nouvelle". Âgée de 26 ans, la mère de la petite victime, qui a deux autres fils de 6 et 8 ans, s'est mise en couple avec l'auteur présumé des coups mortels, il y a de cela à peine cinq mois.
Regardez le témoignage de Réunion La 1ère :
Des traces de coups...
"Il n'était pas là régulièrement", explique encore la plus proche voisine. Le ti père s'occupait des enfants lorsque la mère se rendait au supermarché voisin où elle travaille en tant que caissière.
La voisine explique avoir vu récemment l'enfant avec "un hématome au visage". "C'était enflé, rajoute-t-elle. Il y avait des traces comme si c'était des traces de barreaux. Et je me suis alors demandé ce qui s'était passé".
Le ti père mis en examen et écroué
L'autopsie réalisée à la demande du parquet de Saint-Denis a confirmé que l'enfant est mort des suites d'un traumatisme crânien. Placé en garde à vue à la suite du drame, le ti père a été mis en examen pour coups mortels et placé en détention provisoire à l'issue de sa présentation du palais de justice de Champ Fleuri, hier samedi 3 juillet.
Le collectif Elianna en soutien
Le collectif Elianna qui a été créé à la suite du décès d'une fillette de deux ans, tuée là aussi par son ti père, à Saint-André, en 2018, a été contacté par un proche de la famille qui s'inquiétait pour le père des deux frères ainés du petit Gabriel.
"Le père va être accompagné par notre psychologue et notre avocate sera là aussi pour le défendre", lui et l'enfant, indique Cynthia Cohen, la secrétaire du collectif. Celle-ci ne cache pas sa colère puisque selon ses dires, le père de l'enfant aurait récemment signalé aux autorités que le petit Gabriel présentait des traces de coups.
Les autorités déjà alertées
"Lorsqu'on aura tous les élements de l'enquête on n'hésitera pas à dénoncer tous les dysfonctionnements qu'il y a pu y avoir, promet ainsi Cynthia Cohen. A l'issue du procès de la petite Elliana, on avait dit qu'on ne voulait plus que ce genre de drame arrive mais le pire est à nouveau arrivé... Il faudrait donc que les institutions se posent et se demandent où ça a pêché".
"Combien faut-il de drames pour que l'on se dise qu'il y a un souci et qu'on se mette tous autour d'une table pour discuter autant avec les gendarmes que la police ou les services sociaux ?, lance encore la responsable associative. Il faut que l'on trouve des solutions concrètes. Que l'on n'entende pas dans quelques mois qu'il y ait un enfant qui meurt à nouveau..."
Re(voir) l'intervention de Cynthia Cohen sur le plateau du journal télévisé de Réunion La 1ère :
"La loi du silence"
Cynthia Cohen dénonce cette omerta en matière de violences intrafamiliales. Une "loi du silence" à laquelle il faut mettre fin, comme elle l'appelle. "On entend des cris d'enfants et on ne dénonce pas, mais dénoncer des faits c'est le protéger"