Ce jeudi 21 septembre 2023, pas d'audiences au tribunal judiciaire de Saint-Denis : elles ont toutes été reportées ce matin, en plus du blocage de l'entrée du site. A l'origine du mouvement, les greffiers qui, depuis la fin du mois de juin, revendiquent une amélioration de leurs conditions de travail, notamment par la revalorisation de leur salaire et une meilleure reconnaissance de leur rôle.
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Au niveau national, c'est une journée "justice morte" qui a été lancée ce 21 septembre 2023. Les greffiers souhaitaient durcir le ton, après un nouvel échec des négociations notamment concernant l'augmentation de leur salaire. "On nous propose un reclassement en catégorie A, mais seulement pour 30% des greffiers, et nous on ne veut pas de scission. Ce qu'on demande c'est une proposition de grille avec un vrai reclassement", explique Alain Zimmermann, greffier au tribunal correctionnel de Saint-Denis.
"Nous sommes une profession très mal connue du public et très mal reconnue par notre ministère. (...) Nous avons des collègues en souffrance, énormément d'arrêts maladie, on a des audiences très tardives, on arrive le matin à 7h, on ne regarde pas nos horaires... (...) Ce qu'on demande c'est d'être reconnus et aujourd'hui, que notre ministère nous fasse un petit signe."
Marie-Fred Françoise, greffière aux Prud'hommes au tribunal de Saint-Pierre
Un rôle primordial mais peu reconnu
Au-delà du salaire, les greffiers pointent aussi du doigt leur rôle indispensable dans le fonctionnement de la justice, de surcroît après ces dernières années où ils ont dû assumer une charge de travail croissante. "Nous ne sommes absolument pas reconnus dans notre investissement", considère Alain Zimmermann, évoquant les suicides de collègues magistrats, greffiers, ou agents techniques dernièrement.
"On bloque l'entrée du tribunal, les audiences vont être renvoyées. On dénonce encore une fois le mépris du ministère à l'encontre de ses agents"
Alain Zimmermann, greffier au tribunal correctionnel de Saint-Denis
"200 dossiers à gérer"
A lui seul, Alain Zimmermann explique avoir environ "200 dossiers à gérer". "Il faut préparer les audiences, assister le magistrat aux audiences, faire le suivi", explique-t-il.
Ces conditions de travail impactent aussi les justiciables, qui doivent faire face à des délais d'attente relativement longs, explique le greffier.
Les greffiers de Saint-Pierre aussi mobilisés
Les greffiers de Saint-Denis ont été rejoints par leurs collègues de Saint-Pierre, remontés eux aussi. Parmi eux, Marie-Fred Françoise, greffière aux prud'hommes au tribunal de Saint-Pierre, qui rappelle l'importance de leur rôle.
"Il faut savoir que nous sommes garants de la procédure et que sans nous l'audience ne peut pas se tenir, les jugements ne peuvent pas être rédigés, et aucune décision ne peut être notifiée aux justiciables"
Marie-Fred Françoise, greffière aux Prud'Hommes au tribunal de Saint-Pierre
Sans évolution de la situation, les greffiers grévistes promettent une intensification de leur mouvement dans les semaines à venir.
Mardi dernier, un rassemblement avait déjà été organisé devant le Palais de justice, rassemblant 90% de greffiers grévistes.