Lundi dernier, un corps était retrouvé sur les tétrapodes à proximité de l'ancienne route du littoral. Celui d'un jeune de 28 ans, vraisemblablement un scootériste éjecté de son deux-roues. Une enquête a été ouverte par les forces de l'ordre.
Pourtant, cette portion de la route du littoral, située entre Saint-Denis et la Grande-Chaloupe, est fermée à la circulation depuis la mise en service du viaduc de la Nouvelle route du littoral (NRL) en fin février 2023.
Un phénomène observé surtout le week-end
Alors que faisait ce jeune homme à cet endroit ? Il se trouve que, d'après différents témoignage de riverains, après un an de fermeture, l'axe routier serait devenu un lieu de rendez-vous pour certains amateurs de rodéo sauvage, voire de pousse, notamment le week-end.
Marie habite à Ravine à Jacques, juste entre le Cap Benard et la Grande Chaloupe. Sa maison donne presque directement sur l'ancienne route du littoral. Selon elle, l'ancienne route serait désormais prisée par des "moto-cross, des quads" qui font allers-retours et surtout, beaucoup de bruit. "Lé infernal", s'agace-t-elle. Ces "usagers" de l'ancienne route feraient leur apparition tous les week-ends, "du vendredi après-midi jusqu'au dimanche soir, jusqu'à 2h ou 3h du matin".
Un axe dangereux
Ces pilotes à la recherche de sensations fortes ne semblent pas se rappeler que si l'axe a été fermé et que la Nouvelle route du littoral a été construite, c'est en raison du risque de chute de roches qui se décrocheraient de la falaise après un épisode pluvieux. "Zot i voi la route lé fermée zot i vien la pou défoule a zot, mais zot i voi pas le danger", commente Marie.
Des allées et venues
Julien* lui, habite à la Grande Chaloupe, et constate lui aussi des allées et venues de personnes en deux-roues, et parfois quelques voitures. "Bana i vient rouler. Comme c'est là l'entrée principale, mi voi ki i rent' ki i sort rentre qui sort. Zot i essay zot loto, moto, zot i koné que maintenant lé fermé", constate-t-il.
La préfecture fera les "actions nécessaires"
Du côté des autorités, la préfecture dit prendre "très au sérieux" cet accident mortel sur une route non-autorisée, et indique qu'elle "déroulera les actions nécessaires". "On va travailler avec les gestionnaires de voiries pour éviter que ce type d'accidents se reproduise", glisse la directrice de cabinet du préfet, en charge de la sécurité routière, Parvine Lacombe.
"Des activités interdites"
Elle rappelle aussi que "par principe, la pousse et le rodéo sont des activités interdites sauf sur les circuits prévus à cet effet".
"Il y a plusieurs sites où il y a des phénomènes de pousse et de rodéos organisés. Les forces de l'ordre y réalisent un certain nombre de contrôles. Il faut objectiver le phénomène pour voir comment lutter contre, pour la sécurité de tous les usagers"
Parvine Lacombe, directrice de cabinet du préfet de La Réunion, en charge de la sécurité routière
Quel lieu pour une "pousse" sécurisée ?
Cela dit, l'idée de consacrer des lieux sécurisés à la pratique de la pousse ou des rodéos n'est pas nouvelle, mais n'a toujours pas trouvé de concrétisation.
En 2021, Patrick Lebreton, alors candidat aux élections régionales, avait effectivement proposé de faire de cette ancienne route du littoral un lieu de "pousse" encadrée. Ceci afin de freiner la délinquance routière tout comme la stigmatisation des pousseurs, au lieu de la répression pure et dure. Un projet jugé peu crédible qui n'avait jamais vu le jour.
Des projets sans concrétisation
Celui envisagé par la Ligue réunionnaise de sport automobile et l'association JAP974 en 2018 n'a jamais été réalisé non plus. L'ambition était de créer un circuit automobile de 2,5km pour les passionnés de pousse, dans le Sud ou dans l'Ouest.
Jusqu'ici, aucune infrastructure n'est venue s'ajouter aux rares existantes en la matière, que sont le circuit Félix Guichard à Saint-Benoît et celui de la Jamaïque à Saint-Denis.