En noir sur fond blanc cassé, l’artiste Stéphanie Lebon a reproduit mot après mot, avec une patience infinie, les 189 pages de l’ouvrage "Les Marrons", de Louis-Timagène Houat.
Sous l’œil des habitants du quartier
Ce dimanche 23 avril, la fresque longue de 450 mètres a été inaugurée sur le boulevard Sud de Saint-Denis. Les habitants du quartier étaient conviés à ce vernissage à ciel ouvert. "Je m’intéresse à la vie de mon quartier", confie Mylène venue à l’inauguration. "Je ne l’ai pas encore lu, mais c’est le marronnage et il est important de connaître notre histoire", réagit une autre habitante.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Un livre écrit par un esclave en 1844
"Les Marrons" est le premier livre écrit par un esclave en Français en 1844, avant même l’abolition de l’esclavage. Il raconte la période de l’esclavage à La Réunion.
Depuis plusieurs semaines déjà, les automobilistes peuvent admirer cette fresque littéraire en patientant dans les embouteillages sur cet axe très fréquenté. L’artiste péi, Stéphanie Lebon, aura passé neuf mois à calligraphier cette œuvre sur ce mur du chef-lieu.
Une écriture respectée
"La forme de ce mur se prêtait aux pages d’un livre ouvert, tout le texte pouvait y entrer, et on voulait proposer uniquement du texte pour qu’il se confronte dans un espace public très passant", explique Stéphanie Lebon.
Inaugurée ce dimanche, la fresque a été achevée en décembre dernier. Depuis, elle est intacte. "Les gens respectent cette écriture, ils voient l’énorme travail, remarque l’artiste. Ce mur est aussi très exposé, donc difficile de le tagguer sans se faire prendre".
Un "musée à ciel ouvert"
C’est la première fresque littéraire de Saint-Denis et même de France, selon la ville. "Elle fait partie du musée à ciel ouvert de la ville, réagit la maire, Ericka Bareigts. Nous marquons l’espace public de notre patrimoine réunionnais".
"La résistance, le refus du système esclavagiste prend place sur ces murs, là où Louis-Timagène Houat, visionnaire à son époque, avait pour rêve une Réunion libérée, une Reunion unie, la Réunion d’aujourd’hui qu’il a imaginée, il y a 149 ans de cela", écrit-elle sur sa page Facebook. Selon elle, la "prestation" est "historique !".