Ils disent avoir prévenu les commerçants lors des deux précédentes mobilisations, les 17 et 31 janvier, et ont décidé de passer à l'action pour cette troisième manifestation contre la réforme des retraites. Ce mardi 7 février, les manifestants de la CGTR ont exigé, a moyen d'un tract, la fermeture des commerces se trouvant sur leur passage, rue Maréchal Leclerc et rue de Paris à Saint-Denis.
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"Nous avons prévenu à l’oral, par micro, à grand renfort de sonorisation, que lors de nos prochains passages, nous ne saurons accepter des rideaux ouverts. La pression est forte, nous souhaitons bien sûr éviter les débordements, mais il faut comprendre la colère des salariés réunionnais en ce début d’année 2023", écrit le syndicat dans un courrier adressé par Georges Caro, le secrétaire général de la CGTR Commerces, à la présidente de l'Union des commerçants dionysiens, Amina Limbada.
Des exigences "valables pour l’ensemble des manifestations à venir"
Une exigence que le syndicat souhaitait communiquer, par le biais de l'UCD, à l'ensemble des commerçants, dans le but de prévenir d'éventuels débordements contre ces magasins qui "restent ouverts comme si de rien n'était durant le défilé syndical".
"Peu importe les soldes, les salariés sont mobilisés. Nous prenons nos responsabilités en communiquant sur le sujet. Nous sentons qu’il peut y avoir des débordements, nous avons des remontées du terrain, et nous avons prévenu par avance : les salariés de nos secteurs, mobilisés pour les troisièmes et quatrièmes fois, n’acceptent plus que les commerces restent ouverts comme si de rien n’était, durant le défilé syndical. Les commerçants et leurs représentants devront assumer les conséquences. Ces exigences seront valables pour l’ensemble des manifestations à venir"
Georges Caro, secrétaire général de la CGTR Commerces
"Les autres regardent les trains passer"
"On demande aux commerçants d'être solidaires avec les grévistes et l'intersyndicale, parce que le combat c'est aussi pour ces petits commerçants qui souffrent et qui eux aussi n'ont pas une trésorerie pour partir avec une grosse retraite", assure Jean-Paul Panechou, membre du Front de gauche, présent ce mardi dans le cortège sous les couleurs de la CGTR. Il veut tendre à un durcissement du mouvement : "À un moment, on en a marre, il va falloir qu'on pense à l'action la plus dure, à la grève générale, qui obligera tout le monde à fermer, y compris les bureaux. Il y en a marre dans cette société qui va mal, qu'on paie les pots cassés parce que la grève coûte cher, et que les autres regardent les trains passer".
Selon lui, les commerçants "ont compris". Car, "de toute façon, dans la grève, les gens ne vont rien aller acheter, il y a le temps pour les soldes !".
Des jets de fumigènes dans quelques commerces
Selon Amina Limbada, la présidente de l'Union des commerçants dionysiens, si la plupart des commerçants a finalement baissé le rideau au passage du cortège, c'est davantage par peur des éventuelles dégradations. Parmi ceux qui n'ont pas joué le jeu ce mardi matin, deux ont subi des jets de fumigènes, mais aucun dégât matériel.
"On a suivi les autres commerçants pour ne pas avoir de débordements et on a fermé le temps qu'ils passent, et là on rouvre, et c'est reparti", relate pour sa part Karim, un commerçant de la rue Maréchal Leclerc.
"De base, on n'avait pas envie de fermer"
Mohamed, lui, sous son rideau a demi baissé, ne cache pas son agacement devant la diminution forcée de ses heures d'ouverture. "On est un peu frustrés, un peu en colère, parce qu'on perd quasiment une heure et demie de travail, et c'est chiant. De base on n'avait pas envie de fermer : en restant ouverts, on gêne qui ?", s'interroge le commerçant, qui aurait pu se passer de cette interruption "en pleins soldes et en début de mois".
Sandiren, gérant de bijouterie sur la rue Maréchal Leclerc, a pris quant à lui le pari de rester ouvert. "Je n'ai pas fermé parce que les temps sont durs, et en plus du défilé il y a une baisse de clientèle parce que les gens ne peuvent pas accéder au centre-ville", justifie-t-il. Une ouverture qui ne lui a pas valu de remarque ou d'incident particulier en retour. "Tout s'est bien passé. C'est arrivé les fois d'avant qu'ils tapent un peu sur la vitre, mais là ils n'ont rien dit, ils ont été gentils", achève-t-il.
"Personne n'a envie que son outil de travail soit dégradé"
"Ça n'a pas fait plaisir aux commerçants et c'est normal, car personne n'a envie que son outil de travail soit dégradé", réagit Amina Limbada. "Mais de là avoir des exigences de la sorte, c'est la première fois", poursuit-elle. La présidente de l'UCD, si elle admet que "le syndicat est dans son rôle", souhaiterait aussi que "le respect du droit de ceux qui ont envie de travailler" soit considéré.
"La situation économique est déjà compliquée, il ne faut pas en rajouter. ça n'apporte rien de faire ça, sauf une image dégradée pour cet organisme. On ne jette la pierre à personne, mais oublions l'agressivité, ce n'est pas comme ça qu'on avance".
Alima Limbada, présidente de l'UCD