Fini les bâches publicitaires sur les immeubles, seuls les panneaux de 8 m² seront désormais autorisés. La mairie de Saint-Denis a en effet décidé de revoir son RLP, règlement local publicitaire.
Inchangé depuis 1998, le RLP évolue à partir de ce mardi 6 décembre. Révision en a été faite en 2019 en collaboration avec les afficheurs, pour une application désormais effective. Résultat : 200 points d’affichage sont désormais non réglementaire.
Un panneau de 8m² plutôt qu’une bâche
Une première bâche publicitaire géante a été retirée près du Boulevard Sud, une deuxième au Lancastel et enfin une troisième à Deux-Canons. En deux ans, municipalité et afficheurs ont travaillé conjointement pour s’inscrire dans cette démarche.
La superficie maximale d’affichage publicitaire passe donc à 8m², au lieu de 12 m² en moyenne auparavant. Un seul panneau sera autorisé à la fois, afin de répondre à la protection du cadre de vie, mais aussi garantir le maintien de l’activité économique.
Des coûts de mise en conformité pour les afficheurs
Cette mise en conformité a un coût pour les afficheurs. " C’est plus des pertes indirectes, les transformations du parc nécessite une intervention d’artisans et l’achat de panneaux de 8m² ", explique David Viramoutou, directeur de la société d’affichage CLG.
Si cette décision entraînera également une perte de recette pour la municipalité , de près de 60 000 euros, la maire de Saint-Denis tient à réduire la pollution visuelle que trop de publicités infligent quotidiennement. Elle dit ainsi préférer des murs peints par des artistes plutôt que des publicités incessantes.
Selon Ericka Bareigts, avec l’ère du numérique, " il faut que la communication aussi s’adapte au nouveau monde ". Les afficheurs on jusqu’au premier trimestre 2023 pour se mettre en conformité avec la nouvelle réglementation.
La mobilisation des associations
Il faut dire aussi que la pression des associations se fait de plus en plus forte et ne serait donc pas étrangère à la mise en action des communes. Des associations comme Paysage de France n’hésitent pas, en effet, à menacer d’entreprendre des actions en justice contre la préfecture et les communes.
Elles dénoncent régulièrement les abus et dérogations à la réglementation. Une réglementation qui a longtemps été mise de côté et à laquelle les communes commencent donc à se conformer en révisant leur règlement local publicitaire.
Le mois dernier, Paysage de France a attribué un prix "France Moche 2022" à la ville de Saint-Paul. La commune de l’Ouest s’est ainsi vue octroyer le "Prix de l’agression du paysage «en Réunion»".
Une "distinction", dont la ville se serait bien passée, et à laquelle le maire, Emmanuel Séraphin, a tenu à répondre. Il envisage de porter plainte, car il estime que la ville est " stigmatisée pour rien ", d’autant que la municipalité a d’ores et déjà son règlement publicité, affirme le maire.
Saint-Paul et d'autres communes dans le viseur
Pour le représentant à La Réunion de l’association Paysage de France, Vincent Chausserie-Laprèe, si l’ensemble de la commune est concernée, elle n’est pas la pire. Il cite aussi Saint-Denis ou encore Saint-Pierre et Saint-Leu.
Tous les grands axes sont tapissés de panneaux géants à La Réunion, constate Vincent Chausserie-Laprée. Il estime que 50% à 70% des publicités sont illégales à La Réunion.