C'est au Jardin de l'Etat à Saint-Denis que le rendez-vous était donné ce samedi 23 septembre 2023, à tous les Réunionnais souhaitant se mobiliser sur les problématiques rencontrées autour du logement à La Réunion.
Regarder le reportage de Réunion La 1ère :
Une initiative de la CNL (Confédération nationale du logement) à La Réunion, qui n'a de cesse de dénoncer à longueur d'année les abus observés tant chez les bailleurs sociaux que privés. L'objectif du jour est d'ailleurs de leur envoyer un signal fort de colère et de ras-le-bol.
Une longue liste de points noirs
Pénurie de logements, loyers inabordables, charges locatives également trop élevées, mais surtout insalubrité presque ignorée par les bailleurs sociaux, indifférence aussi de la part du gouvernement... la liste des griefs est longue.
Environ 200 personnes
Un cortège de près de 200 personnes a descendu la rue de Paris jusqu'à la préfecture, munis de pancartes "Le réveil des Réunionnais, stop aux abus", "Loyer trop cher", ou encore "Non aux bidonvilles modernes". Parmi les participants, le syndicat CFDT, ou encore l'artiste Danyel Waro, ont décidé de soutenir l'événement qui est une première sur l'île.
Des locataires de "l'immeuble de la honte"
"On aimerait que les bailleurs nous entendent, on vit dans des logements insalubres. On est là pour qu'ils nous écoutent", raconte une locataire de l'immeuble Flacourt à Sainte-Marie, aussi surnommé "immeuble de la honte" en raison de son insalubrité flagrante.
Une autre locataire du même immeuble dénonce : "On a des infiltrations, c'est le premier bidonville moderne qui bouge à La Réunion, d'un millimètre par mois ! C'est pour ça que je suis là. On espère des réponses positives, que les bailleurs nous écoutent, et qu'ils vont faire des travaux !".
Colère face aux difficultés
"Les loyers sont trop chers, les espaces verts sont sales, il y a beaucoup de problèmes dans les immeubles", explique un locataire, qui explique les difficultés de son fils à obtenir un logement auprès de la SIDR.
Sur toutes les lèvres, la même colère. Comme celle de cette mère de famille qui crie son ras-le-bol face à des logements non seulement chers, mais aussi indécents.
"A La Réunion les gens en ont marre des bailleurs sociaux, des logements insalubres ! J'en ai marre, il y a des fils de courant qui pendent dans la maison, les enfants sont en danger, il y a des fuites d'eau, et personne ne dit rien ! Aujourd'hui je demande un logement adapté à mon handicap et à mes enfants. La vie en ce moment est vraiment chère, on ne peut plus payer un loyer à 800 euros !"
Une locataire en colère
"C'est critique"
Une autre femme est venue en famille, pour, dit-elle, "soutenir les Réunionnais dans leur recherche de logement", parce qu'il "n'y a pas assez de logements à La Réunion". "C'est surtout pour ma petite maman qui a attendu deux ans pour avoir un logement et vient d'en avoir un récemment grâce à l'aide de la CNL. C'est critique quand même !", peste-t-elle.
"Respect' a nou"
Un autre résident de logement social estime que son loyer est trop cher pour la prestation fournie, et exige des bailleurs le respect.
"Aujourd'hui on est là pour que les bailleurs sociaux nous écoutent. On n'est pas des mauvais payeurs, on paye nos loyers, on paye nos charges, alors on veut qu'on nous respecte, on n'est pas plus on n'est pas moins, respect' a nou"
Un locataire en colère
D'autres enfin, sont venus soutenir cette toute première marche du logement, comme ce militant de la CGTR parmi les participants. "Je suis venu apporter mon soutien. Aujourd'hui il faut être là, c'est un moment historique", dit-il.
La priorité : des logements de meilleure qualité
Le président de la CNL Réunion, Jean-Michel Saingaïny, précise que la grande priorité, c'est d'abord l'insalubrité des logements, dont dépend la santé des Réunionnais.
"Même s'il y a des sous qui sont versés, il n'y a aucun contrôle sur la qualité des logements qui nuit à la santé des familles, à la qualité scolaire des enfants. A un moment donné, les familles n'en peuvent plus. On nous promet, on nous promet, mais il n'y a rien"
Jean-Michel Saingaïny, président de la CNL Réunion
Le président de la CNL pointe du doigt les "taudis, les cages à poules" que de nombreuses familles doivent subir en guise de logement, sans pour autant oublier l'autre énorme point noir que constitue le manque de logements sur l'île.
"Le million d'habitants est devant nous"
"Ce qui est grave, c'est que la population est en train de monter, on a pris du retard avec le Covid. Le million d'habitants est devant nous, qu'est-ce qu'on attend ?", questionne Jean-Michel Saingaïny.
A La Réunion, on estime à 8 000 le nombre de demandes de logement en souffrance. L'an dernier, plus de 1 000 plaintes pour logements indécents ont été recensées sur l'île, selon une estimation.