Saint-Denis : un rassemblement contre les violences policières, et surtout contre la répression des libertés syndicales

Rassemblement contre les violences policières et la liberté syndicale
Plusieurs syndicats se sont rassemblés ce samedi matin devant la préfecture de Saint-Denis. Si l'appel national auquel ils répondaient concernaient principalement les violences policières, les participants de ce jour s'inquiétaient notamment de la répression de l'expression syndicale.

Alors qu'à quelques pas de là près de 200 personnes participaient à la marche du logement, devant la préfecture de Saint-Denis, un autre rassemblement était organisé, pour un tout autre motif. 

Ils se sont donnés rendez-vous à partir de 10h30 ce samedi 23 septembre : Les syndicats FSU, CGTR, FO, Solidaires, et Saiper, répondant à un appel national, manifestaient ce jour contre les violences policières, mais aussi cette politique qui, selon eux, piétinent les libertés syndicales et publiques.

Une cinquantaine de personnes 

Une cinquantaine de personnes étaient présente, tous syndicats confondus, mais aussi soutenus par Attac Réunion et la Ligue des droits de l'Homme. 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Pression sur les syndicats, selon FO 

Jean-Paul Paquiry, secrétaire académique fédération Force Ouvrière enseignement a décidé de répondre à cet appel national qui vise à dénoncer les violences policières certes, mais aussi "la répression de tous les militants syndicaux qui se battent contre les réformes du gouvernement".

"Lorsqu'on voit que le gouvernement convoque des militants syndicaux devant la gendarmerie, on se sent concernés", estime Jean-Paul Paquiry, constatant une pression sur les syndicats. 

Défendre les libertés démocratiques 

Gérard Reix, représentant de l'association "Libre Pensée 974", a souhaité s'associer à ce rassemblement qui se tient partout en France aujourd'hui, parce que "nous sommes pour la défense des libertés démocratiques". 

"Ces violences policières sont de plus importantes, violentes, s'exercent à la fois contre les manifestants écologiques, syndicaux, ceux qui manifestent contre les libertés de manière générale, pour faire taire les oppositions. C'est une dérive tout à fait inacceptable"

Gérard Reix, association Libre Pensée 974

La Ligue des Droits de l'Homme solidaire

 

Au-delà des syndicats, la Ligue des Droits de l'Homme à La Réunion était aussi présente ce samedi matin. Son secrétaire, Dominique Rivière, s'inquiète de voir les violences policières "prendre beaucoup d'importance dans les manifestations publiques".

"Cela limite l'expression publique, intimide le mouvement social. Nous nous mobilisons aujourd'hui pour dénoncer un usage de la force publique qui n'est pas conforme à ce que nous attendons de la patrie des Droits de l'Homme" 

Dominique Rivière, secrétaire de la Ligue des Droits de l'Homme de La Réunion

Pour le secrétaire de la Ligue des Droits de l'Homme, si La Réunion est moins concernée par ces violences c'est qu'elle manifeste moins. Il n'empêche que le rassemblement dionysien de ce jour était important pour être "solidaire avec l'ensemble des régions de France". 

Liberté syndicale bafouée pendant la visite d'Elisabeth Borne 

Marie-Hélène Dor, secrétaire départementale de la FSU Réunion. "On ne peut pas ne pas être ici aujourd'hui en tant que syndicat", dit-elle, citant l'usage de la force lors de la mobilisation contre la réforme des retraites en métropole.

"A La Réunion, on a le souvenir assez vivace et récent de la visite d'Elisabeth Borne, où il n'a jamais été possible d'exercer sa liberté syndicale sereinement. Les manifestants qui venaient sur les lieux de visite de Mme Borne se voyaient systématiquement écartés, repoussés, la police exigeant qu'ils rendent leur matériel alors que les manifestations étaient parfaitement pacifiques. Il y a une entrave déliberée au droit syndical et aux libertés publiques" 

Marie-Hélène Dor, secrétaire départementale FSU Réunion

Une nécessité pour les travailleurs de s'exprimer 

Outre les militants syndicaux, ce sont bien les travailleurs et la population en général qui doivent garder leur liberté de s'exprimer, déclare Jean-Yves Payet pour la CGTR Est, dénonçant de plus en plus de "provocations inadmissibles". 

"Depuis des années, le pouvoir mène une répression contre les travailleurs. Il faut que la souffrance subie s'exprime. Si les travailleurs les plus pauvres ne peuvent pas s'exprimer de peur de la répression, un jour ça va péter et personne ne pourra plus contrôler ce qu'il se passe", prévient-il. 

Rassemblement contre les violences policières et la liberté syndicale

Le risque d'une société autoritaire

 Didier Bourse, d'Attac Réunion, a tenu quant à lui à être présent lors du rassemblement de ce 23 septembre pour pointer du doigt la répression et le racisme systémique, des "problèmes très lourds dans notre société". S'il y a urgence à changer de façon de faire de la part du gouvernement, c'est parce que le risque de tomber dans une société totalement autoritaire existe, estime-t-il. "Les gens seront désespérés de misère sociale et de ne pas pouvoir s'exprimer", s'alarme Didier Bourse.

Rassemblement contre les violences policières à Saint-Denis le 23 septembre 2023

Ce dernier remarque d'ailleurs que lors des conflits sociaux qui ont marqué ces dernières années, "lorsqu'on allait atteindre une vraie discussion avec le gouvernement, qu'on était en position de négocier parce qu'il y avait du monde dans la rue, il y a eu à chaque fois un mouvement de répression qui a fait que les gens ont eu peur de l'expression libre qui est leur droit, et il ne faut pas le leur retirer".

Un "non-sujet" pour Unité SGP Police

En revanche, du côté de la police, difficile de comprendre les raisons de ce rassemblement, puisque le contexte sur l'île est différent de celui observé dans l'Hexagone, soutient le syndicat Unité SGP Police. 

Sa secrétaire départementale, Aude Robert, évoque un "non-sujet", arguant que la vision de la police au sein de la population est complètement différente, malgré une défiance de l'autorité. 

"A La Réunion, notre police est respectueuse des lois et de la déontologie. Nous ne sommes pas dans des problèmes de violences systémiques ou de racisme, la population et la police s'entendent : pourquoi créer une problématique là où il n'y en a pas ?" 

Aude Robert, secrétaire départementale Unité SGP Police