"Les musées face à l'esclavage : le défi de réconcilier les récits sur un héritage commun" : tel est l'intitulé du symposium qui se tient du 12 au 16 avril en présence de nombreux intervenants de plusieurs pays.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
L'événement est soutenu par la Commission nationale française pour l'Unesco, s'inscrit dans le cadre de la Décennie internationale des personnes d'ascendance africaine (2015-2024) proclamée par les Nations Unies.
Une quinzaine d'experts internationaux
Au programme, des animations artistiques, des conférences, des tables rondes et autres échanges. Les thématiques abordées iront de l'influence de la révolution haïtienne menée par Toussaint Louverture sur les mouvements d'émancipation et d'abolition dans le monde, aux diverses connaissances sur l'esclavage.
Une question sera principalement abordée le long de ces 5 jours de symposium : quelles nouvelles approches adopter pour représenter l’esclavage dans les musées et espaces publics ? Une thématique abordée en présence d'experts et de représentants de musées du monde entier (Sénégal, Etats-Unis, Brésil, pays de la zone océan indien...) qui analyseront notamment les pratiques existantes, et les nouvelles approches muséales.
Trouver les outils pour les musées de demain
Pour l'historien Prosper Eve, lors de ce symposium qui mène une réflexion sur la manière de traiter les connaissances en ce qui concerne l'esclavage, il faut penser "les outils qui font que le public soit encouragé à venir regarder et apprendre". "Comme dans certains pays ils ont une avance sur la mise en scène de l'esclavage, il est bon d'échanger avec tout le monde, pour voir ce qu'il est possible encore de faire à La Réunion", dit-il.
L'ancienne prison Juliette Dodu, lieu de mémoire
Lui, comme la présidente de l'association Kartyé Lib Marie-Lyne Champigneul, souhaitent un jour que des lieux comme l'ancienne prison Juliette Dodu abritent prochainement un musée.
"Ce bâtiment a traversé toute la période coloniale puis départementale jusqu'en 2008. Le début de l'histoire politique, l'histoire administrative, l'histoire judiciaire, mais aussi l'histoire des êtres humains qui ont été enfermés dans cet espace : aussi bien les esclaves qu'ensuite les engagés, les maîtres lorsqu'ils commettaient des forfaits"
Prosper Eve, historien
Un lieu témoin de toute l'histoire du peuplement de La Réunion
Cette prison construite 1718, une cinquantaine d'années après le début du peuplement de La Réunion, serait donc un lieu tout choisi pour raconter l'histoire de l'île. Le site a obtenu en 2020 de l'Unesco le label" site de mémoire associé à la route de l'esclave".
Parmi la quinzaine d'historiens internationaux invités de ce colloque, l'anthropologue brésilien Milton Guran, ex-membre comité scientifique de l'Unesco. Devant l'ancienne prison Juliette Dodu, il dit l'importance de bâtiments comme celui-là pour la mémoire de La Réunion. "C'est un témoin du 18ème siècle. Quand il a été construit, le peuplement de La Réunion avait à peine 50 ans. Il est le témoin de tout ce qu'il s'est passé ici depuis trois siècles jusqu'au présent. Un peuple qui ne connaît pas son passé il ne peut pas savoir comment aller dans le futur", soutient Milton Guran.
"Le fait que le projet a reconnu cet immeuble comme un témoin de l'histoire est important pour l'histoire de l'Afrique, pour l'histoire du monde"
Milton Guran, anthropologue brésilien
"On est en train de constituer un fonds documentaire, on a des captations sur l'histoire de ce site, sur l'histoire de la carcéralité dans le monde, on a déjà de la matière", annonce quant à elle Marie-Lyne Champigneul.
Egalement présente au symposium cette semaine, Mireille Fanon Mendes-France, ex-experte de l'ONU dans le groupe de travail sur les personnes de descendance africaine, et présidente de la fondation Frantz Fanon, était l'invitée du JT de 19h30 ce mardi 11 avril :