C'est une décision aussi grave que peu courante. Frédéric Miranville, le président de l'Université de La Réunion, a été suspendu de ses fonctions, pour une durée provisoire d'un an, par Sylvie Retailleau, la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.
La décision a été publiée sur le site internet du ministère, ce vendredi 6 octobre. Au lendemain de cette annonce, les étudiants rencontrés sur le campus du Moufia ne cachent pas leur étonnement, d'autant que cette mesure de suspension a été prise sur la base de soupçons de harcèlement.
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"C'est quand même choquant"
"De se dire que le président, lui-même, est soupçonné de harcèlement, c'est quand même choquant", réagit une jeune femme. Joël de Palmas, le secrétaire général de la CGTR Educ'Action confie, lui, avoir accueilli "avec satisfaction et surtout soulagement" la décision du ministère.
"Depuis au moins 3 ans, notre syndicat n'a eu de cesse de dénoncer auprès des instances, du public et du personnel sa gestion calamiteuse de l'Université", poursuit le syndicaliste. "Il faut laisser la justice faire son travail", tempère néanmoins une autre étudiante.
Une enquête de quatre mois
Le ministère de l’Enseignement supérieur indique justement avoir pris toutes les précautions et suivi strictement la procédure avant de prendre cette décision et d'engager par ailleurs une procédure disciplinaire.
L'institution s'est basée sur les conclusions de l'enquête administrative rendue en juillet dernier par l’Inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche (IGÉSR). Une procédure déclenchée après la réception d'un courrier dans lequel Frédéric Miranville était mis en cause par sept signataires, en mars 2023.
Bientôt une enquête au pénal ?
Plus grave encore, l’équipe chargée de piloter la mission a estimé au final que les faits étaient "susceptibles de recevoir une qualification pénale". La procureure du tribunal judiciaire de Saint-Denis a ainsi également été saisie.
Mais dans un communiqué, la direction de la communication de l'Université rappelle que la décision de suspendre provisoirement Frédéric Miranville est "une mesure conservatoire et non une sanction" qui doit donc s'inscrire "dans le strict respect de la présomption d’innocence".
La présidence confiée au Dr Dominique Morau
En attendant, c'est le docteur Dominique Moarau en sa qualité de premier vice-président du Conseil d’Administration en charge des affaires générales, qui va assurer la présidence de l'Université.
En tant chancelier des universités, il reviendra au recteur de la Réunion Pierre-François Mourier de veiller au bon déroulement de cette suppléance.