Lise-May, une mère de trois enfants âgée de 55 ans, est décédée samedi soir dans le quartier de Jean Petit, à Saint-Joseph. Elle a reçu plusieurs coups de couteau mortels. L'auteur présumé de l'agression est son ancien compagnon qui a ensuite tenté de se suicider. Il a été hospitalisé et son pronostic vital est engagé.
Victime de violences conjugales pendant 35 ans, Lise-May avait décidé de le quitter il y a deux mois. Depuis, elle vivait dans la peur et était harcelée au quotidien, selon ses proches. La mère de famille aurait déposé plusieurs mains courantes à la gendarmerie. Une enquête pour homicide par conjoint a été ouverte par le parquet de Saint-Pierre.
"Prendre des mesures d’éloignement"
Suite à ce drame, les réactions se multiplient. Ce lundi 8 novembre, le député de La Réunion, David Lorion, exprime son soutien à la famille de Lise-May.
Ces violences au sein des couples et des familles, comme toutes les violences dans la société, ne peuvent plus être banalisées, et ne doivent plus n’être considérées que comme relevant seulement de la simple sphère privée.
Il se dit "favorable à ce que les mains courantes, les plaintes pour violences et menaces conjugales soient suivies immédiatement par des mesures d’éloignement notamment par la généralisation des bracelets anti rapprochement".
"Lutter contre ce fléau"
Cyrille Melchior, président du conseil départemental, "déplore une nouvelle fois ce féminicide". Il ajoute que son administration "s’inscrit résolument et plus que jamais dans la lutte contre ce fléau".
Renforcer les moyens sociaux, judiciaires et policiers
De son côté, la Présidente de Région exprime aussi son soutien aux proches de Lise May. "Rien au monde ne peut justifier cet acte de barbarie qui a enlevé la vie à une fille, une mère, une voisine dont les qualités relationnelles, la bienveillance et la gentillesse n’étaient plus à démontrer au sein de son entourage dans le quartier de Jean Petit, atterré par ce drame sanglant", écrit Huguette Bello.
La présidente de Région demande aux "instances décisionnelles de renforcer les moyens de nos services sociaux, judiciaires et policiers pour être en mesure de réagir plus vite, avec plus d'efficacité."
"On savait qu’elle risquait de mourir"
Une demande partagée par l'UFR. L'Union des Femmes Réunionnaises assure que "beaucoup de victimes se reconnaissent dans le parcours de cette Saint-Josephoise". "On savait qu’elle risquait de mourir, elle avait prévenu les forces de l’ordre, dénonce l’Union des Femmes Réunionnaises. (...) Force est de constater que les moyens mis en œuvre contre les violences faites aux femmes sont mis en défaut".
Ce meurtre vient rallonger la liste insupportable des féminicides. Lise-May comme de nombreuses victimes avait dénoncé les violences et les menaces. Elle avait alerté sur le danger qu’elle encourait. Elle en était consciente. Elle a vécu ses derniers instants dans la terreur et la douleur.
Sept plaintes par jour pour violences conjugales
En mars dernier, toujours à Saint-Joseph, un homme de 85 ans avait poignardé à mort son épouse de 78 ans et leur aide à domicile, une femme âgée de 57 ans, dans le quartier de Bézaves.
Selon les chiffres des autorités judiciaires, La Réunion est le troisième département de France le plus violent envers les femmes. En 2020, sept plaintes ont été déposées chaque jour pour violences conjugales dans le Département. En 14 ans, 51 femmes ont été victimes de féminicide sur l’île. 38 % d’entre elles avaient signalé leur agresseur à la justice.