La nouvelle exposition éphémère du musée Stella Matutina intitulée "Saint-Leu, du café aux musées" accueille le public jusqu'en mars 2025 pour découvrir l'histoire agricole de Saint-Leu et notamment l'histoire du café sur l'île de La Réunion.
Cette exposition retrace l’histoire de ce territoire au cœur de la côte Ouest, depuis ses origines au 17ème siècle, depuis le temps du café et du sucre, jusqu’à son évolution contemporaine.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
"Laleu", le premier européen installé à Saint-Leu
À la fin du 17ème siècle, "Laleu" serait le nom du premier européen qui s'est installé près de la baie de Saint-Leu.
L’ancienne usine de Saint-Leu est aujourd’hui devenue le musée Stella Matutina. Imposées par la Compagnie des Indes, les premières cultures sont vivrières. Entre autres, du manioc et du maïs. Ensuite, vient le temps du café.
Sur la propriété du musée Stella Matutina, nous avons la maison des maîtres de l’époque qui est le symbole du début de cette première culture de café. En 1711, on découvre le fameux café Bourbon Pointu lors d’une expédition dans les hauts de Saint-Paul.
Karine Araye, médiatrice au musée Stella Matutina
L'histoire du café au 18ème siècle à La Réunion
Au cœur de ce territoire rural de la côte Ouest, les cultures coloniales de La Réunion se succèdent, notamment avec la culture du café au 18ème siècle, suivie de la culture de la canne à sucre au 19ème siècle.
À cette époque, le développement économique et agricole repose sur l'exploitation des esclaves. Ils marchent des kilomètres pour ramener l'eau nécessaire aux plantations. Les terres concédées aux colons européens sont initialement destinées à la culture du café.
Le thé et le café sont des produits très appréciés des Européens. D'ailleurs, leur commercialisation par la Compagnie des Indes représente d’importants enjeux financiers.
Saint-Leu se démarque en fournissant "le meilleur café de l’île". Ce n’est pas la seule production, car le maïs a aussi fait la fortune des colons.
La révolte des esclaves de Saint-Leu en 1811
Les esclaves se rebellent contre la servitude mise en place. Ils fuient vers les Hauts de l'île et les montagnes, notamment à Mafate. Ils deviennent alors des "Marrons". Ils établissent des camps et mènent des attaques contre les colons.
Dans l'histoire de La Réunion, on retient la révolte des esclaves de Saint-Leu en 1811.
Saint-Leu a des problèmes d'eau. Les esclaves allaient chercher l'eau dans la Ravine du Trou pour les ramener sur les propriétés. Avec cette difficulté de l'eau, ça leur a permis d'échanger et d'élaborer un plan. C'est ce plan de révolte pour s'échapper en 1811, dans l'idée de renverser le pouvoir et de retrouver leur liberté.
Karine Araye, médiatrice au musée Stella Matutina
La canne à sucre arrive au 19ème siècle à La Réunion
En 1815, la canne à sucre arrive à La Réunion. Le 19ème siècle à La Réunion correspond à la fin de l’esclavage, aboli le 20 décembre 1848, suivi durant plus d’un demi-siècle (1860-1930) par l’engagisme, désignant des travailleurs libres sous contrat.
Les descendants d’esclaves et les engagés se côtoient dans les camps de propriétés et les champs. 300 usines se construisent dans l'île. La culture de la canne à sucre supplante alors celle du café.
La France avait un grand besoin de sucre. Elle avait perdu sa colonie principale, Saint-Domingue en 1804, (qui devient alors Haïti NDLR).
Karine Araye, médiatrice au musée Stella Matutina
Entre les années 1820 et 1850, une dizaine de sucreries font leur apparition à Saint-Leu. Elles ferment progressivement au seul bénéfice de l'usine sucrière de Stella Matutina au début du 20ème siècle.
Des générations de grands propriétaires se succèdent. Arrive ensuite le temps du sel à La Réunion et notamment à Saint-Leu, où le musée du Sel accueille également le public.
Le sel, ingrédient phare de Saint-Leu
Au 20ème siècle, le sel prend une importance considérable. La production de sel est grandissante à Saint-Leu.
En 1942, en pleine seconde guerre mondiale, il y a une pénurie de sel. On a du mal à s'approvisionner. Donc, Jean Dussac, propriétaire du domaine de l'usine sucrière à l'époque, (devenue le musée de Stella Matutina NDLR), lance une exploitation de sel marin.
Karine Araye, médiatrice au musée Stella Matutina
Une exposition à découvrir jusqu'au 30 mars 2025
L'exposition est riche de lithographies, films d'époque, cartes, anciennes vues aériennes, photos d'archives, propose un voyage dans le relief et le temps.
"Même si on n'aime pas lire, ce n'est pas grave. Les photos d'archives, les photos d'époque, parlent d'elles-mêmes et on peut comprendre l'histoire à travers les images", souligne Karine Araye.
Cette exposition temporaire est à découvrir du mardi au dimanche de 09h30 à 17h30 jusqu'au 30 mars 2025.