Dans un arrêté pris le 4 août dernier, la préfecture de La Réunion a pointé du doigt six communes ne respectant pas le seuil de 20 à 25 % de logements sociaux fixé par l'Etat via la loi relative à la Solidarité et au renouvellement urbain (SRU).
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Et l’addition est salée pour les villes concernées, à savoir Saint-Leu, Saint-Louis, Les Avirons, Saint-Pierre, L'Entre-Deux et la Plaine des Palmistes. Ces dernières devront verser un peu plus de 670 000 euros au total à l'EPFR, l'Etablissement public foncier de La Réunion, comme l'indique le JIR ce jeudi.
Saint-Leu, Saint-Louis et Les Avirons "sur le podium"
Avec près de 300 000 euros à payer à l’Etat, la commune de Saint-Leu écope de la plus forte pénalité pour 1 897 logements manquants. Le montant a été fixé à environ 165 000 euros pour Saint-Louis et ses 1 135 logements sociaux en défaut.
La commune des Avirons, dont l’ancien maire Michel Dennemont avait marqué l’opinion publique en faisant part de ses réticences à construire des logements sociaux. complète le podium avec plus de 90 000 euros de sanctions pour 620 logements manquants.
A Saint-Leu, la commune la plus "défaillante" avec près d'un millier de logements sociaux, la municipalité pointe du doigt le retard pris par les précédentes majorités au cours des dernières années. Un retard qui serait quasi-impossible à rattraper, selon Pierre Guinet, le premier adjoint au maire.
Un prix du foncier qui a explosé à Saint-Leu
"La volonté politique du logement social existe dans notre équipe municipale mais il y a tout un tissu de difficultés qu'il faut prendre en compte, explique-t-il. Il y a la topographie de Saint-Leu avec des terrains qui sont disponibles mais dont les bailleurs sociaux ne veulent pas parce qu'ils sont en pente".
"Et puis le prix du foncier à Saint-Leu a explosé pour atteindre près de 1 200 euros au mètre carré, alors qu'il y a encore trois ans, il était de 600 euros. Avec ces prix d'achat, les bailleurs sociaux ne rentabilisent pas leur opération", défend l'élu saint-leusien.
"Au lieu de nous aider, l'Etat nous pénalise"
Avec l'explosion démographique, enfin, il est difficile d'atteindre ce fameux seuil minimum de logements sociaux, argumente Pierre Guinet. Tous les ans, des programmes immobiliers sortent de terre mais pour seulement quelques centaines de logements.
Pour faire mieux, la commune de Saint-Leu explique avoir besoin de soutiens. "L'Etat ne nous aide pas dans cette situation puisqu'au lieu de nous accompagner, il nous pénalise, rajoute l'adjoint. Les 300 000 euros de pénalités, il va bien falloir les prendre du budget et ça va pénaliser d'autres projets, immanquablement".
A Saint-Leu, ville parmi les plus attractives de l'île, la population a augmenté de 10 000 habitants. Le défi est donc de taille pour tous les loger, y compris ceux aux revenus les plus modestes.
Le détail des pénalités prononcées pour les six communes :
- Saint-Leu : 290 737 euros de pénalités pour 1 897 logements sociaux manquants
- Saint-Louis : 165 986 euros de pénalités pour 1 135 logements sociaux manquants
- Les Avirons : 93 179 euros de pénalités pour 620 logements sociaux manquants
- Saint-Pierre : 68 862 eros de pénalités pour 832 logements sociaux manquants
- L'Entre-Deux : 40 478 euros de pénalités pour 430 logements sociaux manquants
- Plaine des Palmistes : 13 729 euros de pénalités pour 124 logements sociaux manquants