Nouvelle suspicion de "bébé secoué" à Saint-Paul, un syndrome qui laisse de lourdes séquelles

Quatre personnes ont été placées en garde à vue suite à l'admission, en fin de semaine dernière, d'un bébé de trois mois au CHU de Saint-Pierre. Le nourrisson aurait été "secoué" d'après les observations des médecins. Ce syndrome fait en France plusieurs centaines de petites victimes par an, et peut s'avérer mortel quand il ne laisse pas de lourdes séquelles à l'enfant.

En fin de semaine dernière, une petite fille de 3 mois a été hospitalisée en urgence au CHU de Saint-Pierre. Lors de sa prise en charge au service neurologie de l'hôpital, les médecins ont relevé une suspicion du "syndrome du bébé secoué". 

Le couple de Saint-paulois, parents de l'enfant, mais aussi la tante et son compagnon, qui s'étaient vus confier la garde du bébé plusieurs fois, ont été placés en garde à vue, et devraient être déférés en vue de l'ouverture d'une information judiciaire. 

Plusieurs centaines d'enfants victimes chaque année

Selon les chiffres du ministère des Solidarités, chaque année, plusieurs centaines d'enfants sont victimes de ce syndrome en France, sans qu'on ait de chiffres plus précis. Les petites victimes sont généralement âgées de 2 à 4 mois. Plus tragique encore, 3/4 des bébés secoués gardent des séquelles graves sur le long terme (déficiences intellectuelles, visuelles ou motrices, troubles du comportement, de la parole ou de l’attention...).

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Suspicion de bébé secoué à Saint-Paul

Un traumatisme crânien causé par de violentes secousses 

Selon Julien Doublet, pédiatre au Port, la mortalité serait d'un bébé secoué sur 5. 

"Les conséquences sont toujours graves pour le bébé secoué, car le cerveau n'est pas encore fixé à l'os dans la boîte cranienne, et les veines autour du cerveau se déchirent, du sang apparaît dans le cerveau", explique-t-il. 

Multiplier les communications et dispositifs d'accompagnement

Pour Audrey Coridon, référente Stop VIF à La Réunion, la question est de savoir comment aujourd'hui on peut "amener une communication et des dispositifs d'accompagnement à la parentalité" pour éviter ces drames, qui sont souvent commis au sein de familles monoparentales épuisées ou de jeunes parents dépassés par les cris de leur bébé. 

"Le bébé secoué, c'est un phénomène qui date du temps de nos grand-mères, nos arrière-grand-mères, et en 2023 on se retrouve encore avec des cas comme ça. Je ne dis pas qu'on aurait pu l'éviter, mais il ne faut pas attendre un fait divers pour en parler"

Audrey Coridon, référente Stop VIF

Sensibiliser et comprendre les parents excédés

Sophie Louÿs, sage-femme de la maternité Jeanne d'Arc à la clinique des Orchidées, apporte au quotidien ses conseils aux jeunes parents. "On explique qu'un bébé a une tête très fragile, parce que les différentes plaques ne sont pas encore soudées. C'est hyper important de ne pas le secouer quand on est excédé", commence-t-elle. 

Avec nos rythmes de vie effrénés, la reprise du travail après la naissance, un manque de soutien par la famille, mais aussi une sur-stimulation des écrans et des téléphones, "les parents peuvent être fatigués et peuvent être facilement amenés à des excès de violence". 

"La solution c'est de prendre en compte que les parents sont souvent isolés, qu'ils peuvent avoir des difficultés, de reconnaître la fragilité de chacun. Il faut prévenir les parents sur des choses qui paraissent simples : bien dormir, bien manger, pour être en meilleure forme et moins être excédés. Quand ils savent qu'ils font comme ils peuvent ils sont moins sujets à cette violence" 

Sophie Louÿs, sage-femme

De lourdes conséquences 

L'an dernier, en 2022, une campagne de sensibilisation avait été lancée, s'adressant justement aux jeunes parents ou à ceux qui sont amenés à garder des enfants.  

Le syndrome du bébé secoué, aussi appelé "traumatisme crânien non accidentel" (TCNA), survient lorsqu'un bébé est violemment secoué par un adulte, le plus souvent saisi sous les aisselles ou par le thorax. La tête de l'enfant se balançant rapidement d'avant en arrière, le cerveau se heurte contre les parois du crâne. 

Dans ces conditions extrêmement violentes, le bébé peut arrêter de respirer, et souffrir de lésions cérébrales, oculaires, et de la moelle épinière. Il peut aussi perdre une quantité importante de neurones, ce qui l'impactera toute sa vie. 

Reconnaître le syndrome du bébé secoué 

En outre, il est important de savoir reconnaître le syndrome du bébé secoué, afin d'éviter la récidive et donc les séquelles sévères persistantes. Ces signes peuvent laisser penser à un syndrome du bébé secoué et doivent alarmer : lorsque le nourrisson présente une somnolence inhabituelle, une rigidité du corps ou une perte de tonus, des convulsions, des difficultés à respirer, une perte des sourires, des mouvements anormaux des yeux... 

Des conseils pour rester calme face à un bébé

Face à un enfant qui pleure, il convient également d'adopter les bons réflexes, et ne pas se laisser déborder. Ainsi, quelques conseils sont donnés par le ministère des Solidarités : 

Si personne n’est là pour vous aider :

Garder un bébé n’est pas chose facile. Si les personnes responsables de l’enfant connaissent des difficultés ou se sentent en situation de vulnérabilité face à lui, elles doivent :

  1. Mettre le bébé en sécurité dans son lit, en le couchant sur le dos. Il n’y a aucun danger à le laisser seul dans cette position ;
  2. Quitter quelques minutes la pièce ;
  3. Respirer et se concentrer sur autre chose pour retrouver leur calme ;
  4. Si possible appeler un proche pour en parler ou leur venir en aide en prenant le relai ;
  5. Demander de l’aide : partager leurs craintes et leurs doutes à leur entourage comme à des professionnels.