Le constat est terrible : le nombre de suicides et de tentatives de suicides chez les jeunes connait une hausse sensible à La Réunion. Ce qui serait l'une des conséquences de la crise du Covid.
"C'est lié à la période qui était très incertaine pendant l'épidémie, avec le confinement", confirme Catherine Saminadin, secrétaire de l'UNPS, l'Union nationale de prévention du suicide.
Revoir l'interview de Catherine Saminadin sur Réunion La 1ère :
Les facteurs de risque ont augmenté avec les violences intrafamiliales, la solitude, la dépression. On a beaucoup de jeunes qui sont dépressifs, qui se sentent seuls. (...) Et puis, maintenant il y a l'incertitude liée à l'environnement, à la guerre en Ukraine qui a un impact économique au niveau de la Réunion
Catherine Saminadin, secrétaire de l'UNPS
Un colloque pour une meilleure prévention du risque
C'est l'une des problématiques évoquées au cours d'un colloque, ce samedi 7 mai, à l'occasion de la Journée nationale de prévention du suicide organisée par l'association SOS Solitude au centre Jacques Tessier de la Saline-les-Bains, à Saint-Paul.
Un évènement qui n'avait pas pu être organisé ces deux dernières années, en raison du contexte sanitaire et, dont le but est d'aborder le suicide sous des angles à chaque fois différents, avec comme priorité de mettre en lumière les réponses qui peuvent être apportées en matière de prévention.
Regardez le reportage de Réunion la 1ère :
85 suicides en moyenne chaque année
Selon l'étude la plus récente qui porte sur la période 2015-2017, plus de 85 décès par suicide sont recensés en moyenne chaque année à La Réunion, et si l'on sait déjà que la majorité des victimes sont des hommes (80%), les statistiques révèlent donc également qu'il existe un certain mal-être qui gagne de plus en plus de jeunes. Le suicide est d'ailleurs la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans, après les accidents de la route.
Il en est de même pour les tentatives de suicide qui, en plus de concerner davantage de jeunes, touchent en particulier les adolescentes. Le taux de recours à l'hospitalisation après une tentative de suicide est en effet de 43/1 000 habitants chez les filles, alors qu'il n'est que de 13/1 000 habitants chez les garçons.
Un pic de tentatives chez les filles de 15-19 ans
"Les jeunes adolescentes sont plus vulnérables que les autres, résume Camélia Louacheni, responsable d'études à l'Observatoire régional de santé. On a observé un pic chez les 15-19 ans. Ces jeunes filles sont plus sujettes aux pensées suicidaires. Un tiers d'entre elles déclare en avoir déjà eues, et un quart déclare être passé à l’acte à une ou deux reprises dans leur vie".
Les adolescentes passent davantage à l’acte que leurs camarades garçons et elles sont aussi plus souvent victimes de dépression. "On a interrogé des élèves de collèges et de lycées sur ce sujet et on a 50% des jeunes filles interrogées qui sont à risque".
Une plateforme téléphonique pour lutter contre le suicide
Des chiffres qui ont été mis en perspectives ce samedi avec la plupart des acteurs mobilisés contre le suicide. Au cours de ce colloque, les représentants de dix associations d’origines et de préoccupations assez différentes, mais toutes centrées sur l’écoute, ont eu l'occasion de prendre la parole pour se présenter et expliquer leurs démarches et leurs actions.
Et à La Réunion, comme dans l'Hexagone, des plateformes téléphoniques existent pour accompagner les personnes en situation de détresse. Et notamment avec l'association SOS Solitude sur le 0262 97 00 00, qui fonctionne de 6h à minuit et sept jours sur jours.
"SOS Solitude, j'écoute"
Sophie Lamarche, la présidente de l’association SOS Solitude explique tout miser sur la prévention : "On est une association d’écoute principalement, donc quand on nous appelle, il y a toujours un écoutant à l'autre bout du fil. Notre rôle c'est d’essayer de faire parler la personne sur son mal-être".
"Généralement, il s'agit de personnes qui souffrent réellement de la solitude. Du coup, elles ont besoin de parler et il leur est plus facile de parler à des personnes qu’ils ne connaissent pas plutôt qu’à des proches, précise la responsable. Après, il y a des cas que l’on oriente vers des professionnels car nous ne sommes que des bénévoles".