Saint Pierre : la plaque de la rue de François de Mahy taguée et sa statue vandalisée

Lors d'une action symbolique à Saint Pierre aujourd'hui, des militants identitaires ont tagué la plaque de la rue au nom de François de Mahy et ont vandalisé la statue à son effigie.
Le sort des statues à l'effigie de personnes ayant participé à la colonisation ou à l'esclavage est revenu dans le débat publique depuis les manifestations antiracistes contre la mort de Georges Floyd. La question fait aussi débat à La Réunion.

Depuis plusieurs semaines déjà, beaucoup appellent au remplacement de la statue de Mahé de Labourdonnais, (gouverneur des Mascareignes au 18ème siècle) située dans le square qui porte son nom, aux abords de la préfecture de la Réunion.
 


La statue de François de Mahy vandalisée

Les réunionnais sont divisés sur la question, mais certains sont déjà passés à l'action. Aujourd'hui, des militants identitaires ont suivi le mouvement lancé par LDNA et Black Dragon France. Ils ont peint en rouge la tête de la statue représentant François de Mahy, homme politique réunionnais du 19ème et du début du 20ème siècle. Ses mains ont aussi été couvertes de sang. Plus loin, c'est la plaque de la rue, au nom de François de Mahy, qui a été taguée de noir jusqu'à ce qu'on ne distingue plus son nom.
 
On lui reproche sa participation à la politique de « pacification », lors de la colonisation de Madagascar, menée par Joseph Gallieni, dont les méthodes étaient extrêmement brutales. Joseph Gallieni a notamment ordonné le massacre des menalamba, un mouvement politique insurrectionnel malgache.
 

Des points de vue différents

Historiens et militants se divisent sur la question de ces statues. Prosper Eve par exemple, historien réunionnais spécialiste de l'esclavage, lui, considère qu'il ne faut rien effacer. Il se demande "quel serait le résultat si on enlevait ces statues ? Est-ce que les souffrances des esclaves vont disparaitre pour autant ?" Il ajoute à propos de la statue de Mahé de Labourdonnais : "Cette statue est un bien mémorial et patrimonial. En l'éliminant on veut effacer les traces. Lorsqu'on démolit, on ne rend pas service à l'histoire."

Ce soir, la politologue Françoise Vergès quant à elle, réagit à la reconnaissance de l'esclavage comme crime contre l'humanité par le parlement éuropéen et à l'acte de vandalisme contre la statue de François de Mahy.

(Re)voir son intervention ce samedi, dans le journal de 19h de Réunion la 1ère :
Françoise Vergès, politologue et historienne, invitée du Journal de 19h