A Grands-Bois, une médiathèque construite sur les ruines de l'ancienne usine sucrière

Après des années d'attente, la médiathèque de Grand-Bois a enfin ouvert ses portes... là où se trouvaient les ruines de l'usine sucrière.
A Saint-Pierre, le quartier de Grands-Bois s'est structuré autour de celle que l'on appelait autrefois "la vieille dame". L'usine sucrière a fait travaillé des générations d'habitants de 1830 à 1991, date de sa fermeture. C'est sur ses ruines qu'a été érigée une médiathèque qui vient d'ouvrir ses portes.

Les passionnés de la musique réunionnaise se remémoreront sans doute les paroles de cette chanson phare du groupe de musique Tropical Band rendant hommage à l'usine sucrière de Grands-Bois.

Longtemps laissé en ruines après sa fermeture en 1991, le bâtiment renait de ses cendres. Il retrouve plus exactement une seconde vie puisqu'il accueille désormais une médiathèque qui a ouvert ses portes cette semaine à l'occasion des Journées européennes du patrimoine.

Cette médiathèque baptisée Angelo Lauret, du nom d’un grand militant agricole, qui propose une collection de plus 12 000 documents.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Après des années d'attente, la médiathèque de Grand-Bois a enfin ouvert ses portes... là où se trouvait les ruines de l'usine sucrière

"Mi reconnait pu rien"

Depuis sa construction il y a près de deux siècles, en 1830, la vieille dame, comme l'appellent les anciens, aura vu passer des générations de travailleurs. L'usine sucrière centralisait l'emploi et toute l'économie de Grands-Bois. 

Harry Aboukir fait partie des anciens qui ont redécouvert les locaux totalement restaurés. "Mi reconnait pu rien ! Lontan, ici, il y avait des petites passerelles et maintenant c'est un grand bâtiment ! C'est bien !", lâche celui qui pendant 22 ans y a travaillé comme soudeur, chaudronnier et tuyauteur.

L'ancienne usine sucrière de Grand Bois s'expose en photos dans la nouvelle médiathèque construite sur ses ruines

"La vieille dame lé redevenue jeune"

Pas nostalgique pour un sou, Harry Aboukir estime que la médiathèque, au contraire, "fait revivre le village de Grands-Bois" José Saïbo, ancien conducteur de moulin cannes, est un brin plus sentimental. 

"Oui j'ai le coeur un peu gros en revenant ici, mais ça me reconforte un peu maintenant que je vois comment ils ont tous amélioré, ça me réconforte un peu. La vieille dame lé redevenue jeune !", réagit-il.

L'ancienne usine sucrière de Grand Bois s'expose en photos dans la nouvelle médiathèque construite sur ses ruines

Des mulets au cachalot

Maximim Sales, qui a, lui, été soudeur, a bien du mal à reconnaître les lieux. "Qui aurait dit que l'usine serait transformée comme ça aujourd'hui. Avant ici on ne voyait que de le ferraille !" Et des cannes transportées à dos de mulet, à l'époque, avant l'arrivée des premiers cachalots bien plus tard !

Et la jeune génération découvre ce passé économique à travers une exposition de photos en noir et blanc."On a du mal à imaginer que c'tait comme ça avant. Le monde a évolué et maintenant l'usine est devenue une médiathèque", résume Julie, du collège Emile Adam de Villiers à Montvert.

L'ancienne usine sucrière de Grand Bois s'expose en photos dans la nouvelle médiathèque construite sur ses ruines

 D'un pôle industriel à un pôle culturel

"Moi je trouve que c'est une bonne idée déjà d'avoir gardé le bâtiment de base et de l'avoir rénové", enchaîne Camille sa camarade de classe. Des anciens bouleversés et une jeunesse reconnaissance au fil du temps et des générations.

D'un pôle industriel à un pôle culturel, il n'y a qu'un pas. Grands-Bois a changé et Gilbert Pounia, le plus célèbre des habitants du quartier, s'en félicite."Grands-Bois c'est le village des irréductibles ! C'est le village d'André Philippe, des frères Dalleau. C'est le village d'un paquet de monde, artistiquement parlant, et donc nous mérite ça !", estime le chanteur de Ziskakan.

La vieille dame a connu une cure de jouvence et son histoire continue de s'écrire.