C'est accompagné de trois gendarmes en civil que Bruno Picard est arrivé au tribunal de Saint-Pierre vers 15h30 ce jeudi 8 juillet après une trentaine d'heures de garde à vue. Une arrivée discrète pour le leader du mouvement religieux Extravagance, impliqué dans une affaire d'abus de faiblesse.
Le pasteur avait été placé, hier, en garde à vue dans les locaux de la section de recherches de la gendarmerie de Saint-Denis, à La Redoute. Les enquêteurs l'ont interrogé sur ses activités au sein de l'assemblée, qui rassemblait jusqu'à 1500 fidèles par semaine. L'homme est suspecté d'avoir fait pression pour obtenir de leur part des dons plus ou moins importants.
La plainte déposée en février dernier par Rudy Thazard a donné lieu à une enquête préliminaire ouverte par le parquet de Saint-Pierre. L'ancien fidèle affirme avoir perdu plusieurs dizaines de milliers d’euros par l'action du pasteur du mouvement religieux.
Le 21 mai dernier, les locaux de l’église avaient été perquisitionnés par les gendarmes de la Section de recherches de Saint-Denis, tout comme le domicile de Bruno Picard, soupçonné de s’enrichir sur le dos de ses fidèles.
Depuis, d'autres anciens adeptes ont déposé plainte. Ils dénoncent eux aussi les agissements de Bruno Picard et d'importantes pertes financières dont ils auraient été les victimes.
Des accusations démenties par l'avocat de Bruno Picard, Maître Gabriel Odier.
Mis en examen pour abus de faiblesse
A l'issue de sa présentation, Bruno Picard fait désormais l'objet d’une information judiciaire. Il en est de même pour L'église protestante évangélique Extravagance, dont le pasteur est le représentant légal. Le leadeur du mouvement religieux a été mis en examen pour abus de faiblesse, commis sur 8 victimes.
Dans cette affaire, en qualité de dirigeant de fait ou de droit d'un groupement poursuivant des activités ayant pour but ou pour effet de créer, de maintenir ou d'exploiter la sujétion psychologique ou physique des personnes participant à ces activités, Bruno Picard encourre jusqu'à 5 ans d’emprisonnement s'il est reconnu coupable des faits reprochés.
Interdiction de prêcher et de quitter La Réunion
Il est ressorti libre du tribunal mais sous contrôle judiciaire. En outre, la Procureure de la République Caroline Calbo a précisé qu' "une interdiction de quitter le département de la Réunion, ainsi qu'une interdiction d’activité professionnelle (administrer, diriger l’association et réaliser des prêches)" ont été notifiées à Bruno Picard avec "obligation de versement d’un cautionnement".