Depuis cette semaine, le CHU de Saint-Pierre a mis en place une nouvelle technique permettant de mieux traiter les femmes souffrant d'un cancer du sein gauche qui ont recours à la radiothérapie. Car si ce traitement permet de cibler et détruire les lésions cancéreuses par des radiations, il est aussi important de prévoir au maximum les organes sains qui se situent à proximité.
Ainsi, lors des traitements par radiothérapie d'un cancer du sein gauche, il s'agit d'éviter une atteinte au coeur et au poumon gauche en périphérie.
Bloquer sa respiration pour éloigner les organes
Les patientes auront donc recours à la "DIBH", pour "deep inspiration breath hold", ou technique de l'inspiration profonde bloquée, lors de leur séance de radiothérapie mammaire. Une façon de faire s'éloigner le sein du coeur et du poumon, puisque lorsqu'on prend une inspiration profonde, la cage thoracique se gonfle et augmente l'écart entre le sein et les organes qui se trouvent en dessous.
Un système de détection de mouvement
Mais pour s'assurer que l'inspiration profonde installe une distance suffisante, le CHU Sud a fait aussi à un nouveau système de détection de mouvement, par caméra 3D et vision stéréo, le "SGRT", pour "Surface Guided Radiation Therapy", ou en français "radiothérapie guidée par la surface".
Réduire la dose délivrée au coeur et au poumon
Pour l'oncologue et radiothérapeute Dr Sébastien Meunier, c'est une réelle avancée. "La technique du SGRT permet de suivre en direct les mouvements respiratoires, et on va pouvoir traiter uniquement dans cette fenêtre où la patiente est en inspiration profonde. On aura toujours la même dose qu'on souhaite délivrer au sein, mais on va réduire celle délivrée au niveau du coeur et du poumon", explique-t-il.
"L'intérêt de cette inspiration profonde c'est d'éloigner les organes à risques, ici le coeur et le poumon, de la zone qu'on va traiter en radiothérapie, à savoir le sein. C'est un plus par rapport à ce qu'on faisait jusqu'ici".
Dr Sébastien Meunier, oncologue et radiothérapeute au CHU Sud
Cinq patientes dans un premier temps
Cinq patientes ont été sélectionnées dans un premier temps, et la première a été traitée ce 7 mars 2024 au CHU Sud. Le personnel de l'hôpital se forme à cette technique depuis des mois, qu'il s'agisse des médecins, des manipulateurs, ou des dosimétristes qui ont la charge des traitements en radiothérapie.
15 à 20 secondes d'apnée nécessaires
Les patientes elles aussi vont devoir être formées avant de pouvoir bénéficier du nouveau procédé, et seront accompagnées dès la première consultation. Car elles vont devoir retenir leur respiration pendant 15 à 20 secondes au moment du traitement par radiations.
Chaque année, une centaine de patientes est traitée pour un cancer du sein gauche au CHU Sud.