La seconde édition du festival de graffiti Tropicity a eu lieu dans le quartier de Basse Terre à Saint-Pierre du 7 au 15 octobre. Les graffeurs Yren, Air 1 Duc et Mehdi MLC ont transformés des résidences de logements sociaux grâces à des fresques murales.
Une galerie à ciel ouvert
Trois artistes, 140 litres de peinture et environ 360 m² de façade : ce sont les ingrédients du changement pour certains habitants de Basse Terre. Plusieurs centaines de locataires ont vu leur immeuble métamorphosé. Dans la résidence de la Gare Routière, Fabienne ne peut plus quitter des yeux son nouveau panorama : "Avant tout était blanc, maintenant il y a de la couleur, c’est magnifique ! Na des orchidées, un genre de cascade, ça fait du bien la façon banna la met’ l’amour et le cœur dedans, i fait plaisir", décrit-elle.
Plus d’une cinquantaine de marmailles ont pu participer à la création de leur propre fresque sous la houlette de Monique Gibraltar de l’association Educanoo : "Notre cité va ressembler à quelque chose, c’était trop triste, là c’est mieux, ça me fait penser à Saint-Philippe tellement c’est joli, est-ce que ça serait possible que la Semader donne encore deux murs ? Ça serait bien !" s’exclame Monique Gibraltar.
Créer du lien social
L’un des objectifs de ce festival est de créer du lien autour de l’art. "Notre volonté c’est d’inscrire l’art au cœur des quartiers", explique l’artiste Air. Les habitants nous disent qu’on ramène de la lumière, que cela transforme les quartiers et que ça fait beaucoup de bien", poursuit-il. D’après Thomas Lebon, intervenant dans la cité Les Moutardiers pour la SHLMR, ce dispositif "crée du lien, du vivre ensemble et de la joie de vivre". Lorsqu’il peignait sa fresque, Yren a eu la belle surprise d’avoir du public autour de lui : "J’étais devant chez Luciano, tous les gens du quartier viennent ici acheter des fruits et légumes, le soir tout le monde, assis sur le muret, m’encourageait, c’était super sympa", rapporte-t-il.
"Rêve, voyage"
Air décrit la cité de la Gare Routière comme un cirque, il affirme avoir voulu faire "quelque chose de très créole, avec une orchidée, un hibiscus, une ravine, les habitants ont dit que maintenant quand ils ouvrent la fenêtre ils ont l’impression d’être dehors, se réjouit l'artiste. Je viens d’une cité donc j’aurais aimé, quand j’étais jeune, qu’on me montre tout ça", confie-t-il. Dans l’une de ses réalisations, Mehdi a voulu transmettre "un message d’espoir, d’élévation, de rêve, de voyage, d’où la montgolfière, c’est un morceau de la planète qui s’élève vers un avenir peut-être plus serein, explique-t-il. Mon travail est sur la thématique de la beauté métissée à travers la faune et la flore tropicale dans l’Océan Indien, notamment l’hibiscus qui est symbole de femme parfaite dans les îles", raconte Mehdi.
La première édition a eu lieu au Port EN 2021, les organisateurs réfléchissent à une autre ville pour le prochain Tropicity.