L’agriculture et la souveraineté alimentaire sont au cœur de la deuxième journée de visite à La Réunion de la Première ministre, ce vendredi 12 mai. Attendue sur une exploitation de vanille à Sainte-Rose à la mi-journée, Elisabeth Borne a d’abord fait une escale à Saint-Joseph, sur le marché forain de Saint-Joseph, au sortir de la séquence consacrée au logement à Saint-Pierre.
Un moment improvisé de découverte des produits péi et d’échange avec les Réunionnais, à l’occasion duquel la Première ministre s’est initiée aux fruits et légumes de La Réunion : margose, corossol, longanis, avocats péi, fruits de la passion, chouchou, ou encore piment zoizo.
L’agroforesterie, l’agriculture dans le respect du patrimoine naturel
A son arrivée à Sainte-Rose, à la mi-journée, Elisabeth Borne a été accueillie par le maire de la commune et soutien d’Emmanuel Macron, Michel Vergoz, par le premier vice-président du Département en charge des questions agricoles et président de l’association des maires de La Réunion, Serge Hoareau, ou encore par le député européen, Stéphane Bijoux.
La séquence agriculture a débuté à Bois-Blanc, en compagnie du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Marc Fesneau, et du ministre délégué chargé des Outre-mer, Jean-François Carenco, dans une exploitation de vanille en agroforesterie sur 5 hectares, avec de la restauration de la forêt. La vanille représente près de 20 tonnes par an, soit 1% de la production mondiale, pour environ 250 producteurs.
Sur ces terres non-mécanisables, car situées sur de la roche-mère riche en matière organique, c’est par la diversification vers la vanille et le letchi, des marchés de niche, que les exploitants arrivent à vivre de leur travail.
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De la réalité des petites exploitations familiales
La Première ministre s’est ensuite rendue sur l’exploitation familiale des Ferrère toujours, à Sainte-Rose. Il y a largement été question de la diversification agricole et de l’ambition de la souveraineté alimentaire.
Les agriculteurs de La Réunion subissent l’inflation, avec notamment l’envolée des prix des intrants. Ces exploitants, et particulièrement les éleveurs, espèrent le soutien financier de l’Etat pour garantir un prix juste aux consommateurs et les aider à la diversification de leur exploitation pour soutenir l’ambition de la souveraineté alimentaire.
Marie-Alice Ferrère, éleveuse de lapins, a accueilli la Première ministre sur son exploitation dans les Hauts de Sainte-Rose. Une visite bien préparée pour plaider en faveur de la profession. Les 15 éleveurs de lapins de La Réunion produisent 125 tonnes par an, face aux 150 tonnes importées.
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10 millions d’euros pour soutenir la souveraineté alimentaire
Lors de cette visite d’exploitation, la Première ministre, le ministre de l’Agriculture et le ministre délégué chargée aux Outre-mer ont échangé avec les différents acteurs des filières agricoles. Elisabeth Borne a souligné que La Réunion est le département Outre-mer qui possède la plus forte diversification d’agriculture.
C’est bien sûr le secteur traditionnel de la canne, qu’on soutient très fortement, avec la convention qui a été signée en 2022 apporte un soutien inédit à la filière. Et puis, ce sont les autres filières qui se développent, à la fois les filières de fruits et légumes et puis toutes les filières autour de l’élevage.
Elisabeth Borne, Première ministre
Un modèle qu’Elisabeth Borne souhaite promouvoir dans tous les Outre-mer pour aller vers la souveraineté alimentaire.
" On va continuer à soutenir cette diversification, avec notamment des aides pour tous les dossiers qui ont été déposés ", assure la Première ministre. Elle indique également qu’une enveloppe de 10 millions d’euros sera débloquée pour les filières fruits et légumes dans les Outre-mer, pour compenser les importants surcoûts liés à la crise énergétique.
Produits phytosanitaires, un plan éco-phyto 2030 en préparation
Il a également été question des interdictions progressives sur les molécules sur les phytosanitaires, " j’ai pu redire aux acteurs des filières qu’on souhaite anticiper davantage pour que les interdictions ne tombent pas du jour au lendemain ".
Un plan éco-phyto 2030 est en cours de préparation pour " partager avec les agriculteurs les échéances de renouvellement, ou de non-renouvellement, d’un certain nombre de molécules et s’assurer qu’on prépare les alternatives chimiques, ou non-chimiques, pour ne pas être pris de court au moment des interdiction ", précise la Première ministre.
Enfin, concernant des sujets plus spécifiques, comme la complexité des autorisations dans les territoires d’Outre-mer, une task-force va être mise en place mieux s’organiser. Elle fixe comme objectif : " d’ici l’été, avoir défini un mode d’organisation qui permet de répondre de façon beaucoup plus efficace aux besoins des agriculteurs des Outre-mer ".
Garantir la ressource en eau et lutter contre la concurrence de l’importation
Jeudi 11 mai, pour sa première journée, la Première ministre a évoqué le sujet de l’eau, et notamment pour l’agriculture, lors de sa visite à Salazie. Un préalable indispensable à la survie et au développement de l’agriculture dans l’île.
Dans l’entretien qu’elle a accordé à Réunion la 1ère, le soir même, Elisabeth Borne avait évoqué la question de la souveraineté alimentaire. Sur ce sujet, La Réunion est « en avance » sur les autres territoires d’Outre-mer, indique-t-elle, avec 70% de production de fruits et légumes en local.
" On se mobilise au niveau européen pour que les mêmes normes environnementales soient appliquées aux produits qu’on importe que celles qu’on impose à nos agriculteurs ", déclare la Première ministre face à la concurrence de l’importation.