Après les ablutions à la rivière, ils sont rentrés au temple en suivant le prêtre, Serge Ajaguin-Soleyen, les Karlons, amoncellement de fleurs porté sur la tête par plusieurs pénitents et représentants les divinités, et le chariot sur lequel est assise la divinité, Mariamen, tiré par les fidèles.
Après avoir respecté un carême de 10 jours, les pénitents vont traverser les braises, pieds nus, pour respecter la promesse faite à la divinité Mariamen, la déesse protectrice des personnes malades et des enfants.
Ils arriveront ensuite dans un bassin rempli de lait pour apaiser leurs pieds avant de recommencer. Car il faut franchir ces braises trois fois, d’affilées.
Ce dimanche près de 90 personnes, hommes et femmes, vont participer à la marche sur le feu à Sainte-Rose.
Les femmes qui ne marcheront pas, toutes de jaune vêtues et avec des ceintures faîtes de feuilles de lilas, feront le tour du carré de feu en se roulant sur elles-mêmes. Ce sera là leur pénitence pour celles et ceux qu’elles accompagnent et qui traverseront les braises, parfois en portant un enfant dans leurs bras.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère:
Une marche sur le feu sans restrictions sanitaires
Cette célébration a également lieu au Temple de Primat à Sainte-Clotilde ou à celui de la Rivière du Mât à Bras-Panon.
Des festivités aux quatre coins de l'île qui sont similaires cette année car elles ne sont plus soumises aux restrictions sanitaires. Les fidèles sont donc ravis de se retrouver notamment sans l'application d'une jauge au sein des temples comme nous l'explique Serge Ajaguin-Soleyen, poussari de la marche sur le feu de la Ravine Glissante.
Traverser le carré de feu pour Mariamen
Dans certains temples de l'île, comme à Sainte-Rose ou à Saint-Paul, les pénitents marchent sur les braises pour la déesse Mariamen, déesse que l'on invoque pour aider les personnes malades ou encore les enfants. Pour elle, les pénitents font carême durant 10 jours.
Mariamen, une des représentations de Durga, est aussi la déesse de la fertilité et de la pluie. On la vénère en particulier au mois de Mai, comme c'est le cas de la vierge Marie chez les Chrétiens.
Lors des célébrations dédiées à cette déesse, les malades peuvent la prier pour demander la guérison. Les parents, eux, font appel à Mariamen pour protéger leurs enfants des maladies notamment.
On ne sacrifie pas d'animaux, coqs ou cabris, pour Mariamen.
La légende de Pandialé
Dans la mythologie indienne, c’est une femme, Draupadi ou Sita, selon que l’on se réfère au Mahabharata ou au Ramayana, les livres sacrés de l’hindouisme, qui marche en premier sur les braises. Ici à La Réunion, les engagés indiens l’ont appelé Pandialé.
Cette dernière, épouse d’une incarnation de Vishnu pour Sita ou celle des sept frères Pandu pour Draupadi, doit franchir les braises ardentes pour prouver sa fidélité. N’ayant pas manqué à son vœux de vertu envers son mari, elle finira par voir les braises être changées en fleurs sur son passage.
Nargoulan, aussi connu comme Nagour Mira, est le gardien du temple. On le connait également à La Réunion comme le porteur du Kodi, le pavillon du temple, hissé au mât du Nagour Mira pour marquer le début du carême. Pendant 18 jours, il flotte au-dessus de la chapelle dans laquelle se déroulera la marche sur le feu.
Après la cérémonie, la tradition veut qu’on descende le Kodi. Un cabri et/ou un coq, voire plusieurs, sont sacrifiés en l’honneur des divinités après la marche sur le feu.