Tribunal correctionnel : un homme jugé pour des agressions sexuelles sur onze sœurs et cousines de sa famille

Ce mardi 17 septembre, onze femmes, des sœurs et des cousines d’une même famille, sont au tribunal correctionnel de Saint-Denis. Elles accusent un homme de leur famille d’agressions sexuelles lorsqu’elles avaient entre 3 et 7 ans.
Ce mardi 17 septembre, onze femmes, des sœurs et des cousines, sont au tribunal correctionnel de Saint-Denis. Elles accusent un homme de leur famille d’agressions sexuelles lorsqu’elles avaient entre 3 et 7 ans, c’était dans les années 80 à Piton Sainte-Rose. L’une d’elle a parlé pour la première fois en 2022, les autres ont suivi.

"Pour que la honte change de camp" : une phrase écrite sur les tee-shirts de onze femmes qui témoignent ce mardi 17 septembre, au tribunal correctionnel de Saint-Denis.

Des faits qui remontent à 1985 à Piton Sainte-Rose

Ces onze sœurs et cousines racontent des agressions sexuelles qu'elles ont subi durant leur enfance, alors qu’elles étaient âgées de 3 à 7 ans. Les faits se seraient produits à Piton Sainte-Rose dans les années 80.

Toutes ces femmes se disent victimes d'un seul et même homme, un oncle de la famille qui aurait abusé d’elles. "Nous étions petites et on ne comprenait pas ce qu’il nous faisait, raconte Charlène, une des victimes. L’une d’entre nous a eu un choc émotionnel et ça a tout déclenché".

Des révélations en 2022

En 2022, une des victimes perd son mari et se livre à sa mère sur les attouchements qu’elle a subi dans son enfance de la part d’un membre de la famille. Sa sœur avoue alors elle aussi avoir subi des agressions sexuelles de la part de cet homme. Ainsi de suite, les sœurs et cousines se mettent à parler et toutes décident de porter plainte.

Encore des enfants autour de cet homme aujourd’hui

"A l’adolescence, j’avais eu des flashs et j’avais compris ce qu’il m’avait fait enfant, se souvient Charlène. Aujourd’hui, on veut que justice soit faite. On a parlé, car il y a des petits enfants autour de cet homme et on veut les protéger. Il en a trop fait, il faut que ça s’arrête et que la honte change de camp".

Ces femmes qui se croyaient seules dans leur souffrance ont alors réalisé qu’elles onze sœurs et cousines de la famille à porter ces mêmes accusations.

Un homme qui nie les faits

Aujourd’hui, âgé d’une soixantaine d’années, l’homme nie les faits qui lui sont reprochés. Placé en garde à vue en 2022 suite aux plaintes des victimes, l’homme aurait tenté de se suicider. Cette fois, il est devant la justice.

Des parents qui racontent "n’avoir rien vu"

Ce mardi, dans la salle du tribunal correctionnel, les victimes pleurent et craque à plusieurs reprises. Blandine est la mère de trois des victimes. "Nous parents, on ne s’est rendu compte de rien, je n’ai pas vu ça, pleure aujourd’hui la mère de famille. Pour moi c’est un pédophile, il l’a fait et il n’arrêtera pas ». « Je voudrais que le tribunal le punisse, poursuit-il. On connaît onze victimes, mais il y en a peut-être d’autres. Il fera toujours et il va continuer".

"Une vérité occultée durant des années"

Maître Laurent Payen est l’avocat de sept des victimes. "La vérité a été occultée durant de nombreuses années car toutes ces jeunes filles ne savaient pas que les autres avaient également été attouchées par ce membre de leur famille, explique-t-il. Elles se taisaient car c’est compliqué de parler dans le milieu familial et celles qui ont parlé à l’époque n’ont pas été entendues. Aujourd’hui, c’est le moment des révélations".

Libérer la parole dès l’enfance

Les victimes sont soutenues par l’association EPA, "Ecoute Moi Protège Moi Aide Moi". Jessy Yong Peng, fondatrice de l’association explique qu’on "est dans l’air de la libération de la parole" "Même les morts ne sont plus tranquilles, remarque-t-elle en référence aux accusations d’agressions sexuelles qui visent l’Abbé Pierre au niveau national. La parole va se libérer de plus en plus grâce aux mouvements associatifs qui sont mobilisés et font de la prévention et de la sensibilisation chez les tous petits".

Dans cette affaire, le délibéré sera rendu le 4 octobre à 8h. L’homme encoure jusqu’à dix ans de prison.