Les abondantes coulées vertes que forment habituellement les célèbres treilles chouchou de Salazie font bien peine à voir en ce début du mois de novembre. Sous la surface, des feuilles qui jaunissent et des légumes qui s'atrophient, au grand désespoir de celui qui les entretient.
"Ça empire de jour en jour"
"C'est sec, sec, sec... Commente voulez-vous qu'un pied de chou se développe dans une situation pareille ?" se désole Roland Elisabeth, producteur de chouchous à Grand-Ilet.
Regardez le reportage de Réunion La 1ere :
"C'est une catastrophe pour l'agriculteur, et ça empire de jour en jour. Et même d'année en année" constate-l'agriculteur, alors qu'un récent comité sécheresse a encore invité les Réunionnais à la sobriété dans leur consommation d'eau, et que certaines communes subissent des coupures régulières.
"La pluie n'est pas tombée depuis le dernier cyclone, Belal"
Roland Elisabeth, agriculteur à Grand-Ilet
La pluie se fait rare dans le "cirque d'eau", réputé pour ses vertigineuses cascades et ses forêts verdoyantes. Une situation qui affecte durement les quelque 140 exploitations agricoles de la commune.
"La pluie n'est pas tombée depuis le dernier cyclone, Belal", rappelle le Salazien. C'était en janvier dernier... "On voit bien que le système d'irrigation de l'exploitation est vide. Et même s'il y avait de l'eau au robinet, au prix que ça coûte on ne pourrait pas l'utiliser. On est en train de s'assécher, comme les sources qui dépérissent."
Arboriculteur et hydrologue de formation, Hervé Bernard constate le niveau anormalement bas de la rivière Fleurs-Jaunes, l'un des principaux cours d'eau de la commune.
"La dernière réunion qu'on a eue avec la DAAF, on se rend compte que sur les quinze dernières années, on se prend une sécheresse extrêmement sévère presque quatre années sur cinq", déplore-t-il.
80 % des agriculteurs touchés
80 % des agriculteurs de Salazie seraient touchés par la sécheresse selon Pascal Grondin, président de l'association de défense des intérêts des agriculteurs de Salazie.
"Ce serait bien que l'Etat, la DAAF, ils prennent en compte Salazie sur l'aspect calamité-sécheresse, comme ça, on obtiendra peut-être un petit quelque chose pour l'agriculteur", souhaite-t-il.
Un plan d'irrigation en cours d'élaboration
Face à cette situation semble se répéter d'année en année, la commune indique travailler avec le Département à un plan d'irrigation afin d'éviter l'utilisation d'eau potable pour l'agriculture. Coût du projet : 23 millions d'euros.
"On a un travail préalable avec toutes les réglementations : la loi sur l'eau, le code de l'environnement, le code de la santé publique, et également le foncier à maîtriser" prévient toutefois Sidoleine Papaya, maire de Salazie, qui envisage "le début des travaux en 2027."
Compétence de la Cirest, l'eau potable devrait aussi bénéficier de l'apport d'une nouvelle ressource récemment identifiée qui viendra prochainement renforcer le réseau. Et diminuer les coupures d'eau.