Sans pass sanitaire, la vie des non-vaccinés à La Réunion

Le pass vaccinal a été adopté par le Parlement. Alors que le gouvernement renforce les mesures de restriction pour lutter contre l’épidémie de Covid-19, près de 36% des Réunionnais ne sont pas vaccinés. Ils racontent leurs privations et leurs petits arrangements.

Moins de vie sociale, plus de cinéma, de salle de sports, ou de restaurant. Non vaccinés et sans pass sanitaire, 36,4% des Réunionnais racontent leur quotidien entre privations et petits arrangements.

Alors que le gouvernement va durcir le ton en imposant le pass vaccinal à la place du pass sanitaire dans les semaines qui viennent, Chris et Pauline font partie des Réunionnais non vaccinés, par inquiétude ou par conviction.

"Plus de temps en famille"

"On a plus le droit d'aller boire un verre, d'aller au restaurant, au cinéma, tout a changé pour nous, confie Pauline. On vit comme on peut. Je sors les enfants dehors, on va au Parc. Parfois, on prend à manger à emporter". Pour cette mère de deux enfants, il y a tout de même des avantages. "On passe plus de temps en famille à la maison, on profite plus des enfants", assure-t-elle.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Sans pass sanitaire (bientôt vaccinal), la vie des non-vaccinés à La Réunion. ©Réunion la 1ère

"Jusqu'où ça peut encore aller"

Avec l'adoption du pass vaccinal, cette mère de famille se dit qu'elle va peut-être changer d'avis, car elle se demande "jusqu'où ça peut encore aller". "Avant c'était non d'office, maintenant je réfléchis à faire le vaccin, explique-t-elle. J'essaie de bien analyser la situation pour prendre une bonne décision".

Pour Chris, la décision est déjà prise depuis longtemps et il ne reviendra pas dessus. "Je ne suis pas anti-vax, assure le jeune homme. S'il n'y avait pas eu le pass sanitaire, je me serais même probablement fait vacciner. Ce qui me dérange c'est de nous forcer à la vaccination sans alternative. ça va contre le principe même de la démocratie".

" La découverte de d'autres espaces de liberté"

Pour Chris, "ne pas avoir de pass n'est pas gênant dans la vie de tous les jours". " Parfois les contraintes, nous permettent de découvrir d'autres espaces de liberté, remarque le jeune homme qui prend son petit déjeuner dans un parc. Avant j'allais sur place, maintenant je suis dans un parc, sous un pied de bois, face à la mer, je me déconnecte de l'ambiance urbaine, ça me fait beaucoup de bien".

"On trouve toujours des solutions"

Dans la vie quotidienne, Chris trouve toujours des solutions. "Je n'ai plus accès aux bibliothèques, mais il y a les librairies et la lecture sur internet, explique-t-il. Je n'allais pas souvent au cinéma, donc ce n'est pas gênant. Et puis les soirées aux bars ou en boîtes de nuit sont remplacées par des soirées chez les amis tout aussi sympas". "J'assume ce choix avec les contraintes que ça représente", ajoute-t-il.

Fin de la gratuité des tests pour les personnes non vaccinées, doses de rappel ramenées à quatre mois, adoption du passe vaccinal : au fil du temps, ces mesures successives ont transformé le pass sanitaire en obligation vaccinale "déguisée", comme l’a concédé le ministre de la santé, Olivier Véran. De son côté, le chef de l'Etat a été plus ferme le 4 janvier. Emmanuel Macron veut "continuer à emmerder jusqu'au bout" les adultes non-vaccinés contre le Covid-19.