Évaluer les connaissances des Réunionnais sur cette maladie, qui cette année connaît un développement important, c’est l’objectif du questionnaire qui vient d’être mis en ligne.
L’ARS, l’agence régionale de santé constate une épidémie particulièrement intense par rapport aux deux années précédentes. Avec 145 cas depuis le 1er janvier, et un décompte stoppé au 10 avril 2024.
Adapter la prévention
Florentine Gévia a choisi pour sa soutenance de thèse de travailler sur la leptospirose. Et la jeune femme est encadrée pour cette thèse par le Docteur Loïc Raffray, responsable de service Médecine Interne et Dermatologie et coordonnateur du DES Médecine interne et immunologie clinique, au CHU à Saint-Denis.
Le questionnaire, devrait permettre de mieux comprendre ce que la population sait de la transmission de la leptospirose, pour ensuite éventuellement adapter la prévention. Pendant trois mois, on pourra donc répondre à la trentaine de questions posées, ce formulaire devrait aussi être distribué dans les cabinets de médecine générale.
L’ARS note dans son dernier point épidémiologique que ce sont en premier les activités agricoles, puis les loisirs en eau douce et enfin le nettoyage des cours qui ont entraîné des contaminations.
La recherche sur la leptospirose est active à La Réunion. Le docteur Loïc Raffray fait partie des chercheurs qui s’intéressent à cette maladie qui peut s’avérer mortelle.
« Cette bactérie peut survivre plusieurs semaines dans un milieu humide » explique-t-il, y compris dans la boue ou dans une simple flaque d’eau. Et son apparition est favorisée par la chaleur. Les fortes pluies en période d’été sont donc particulièrement propices à son développement.
Il suffit d’être en contact avec la bactérie mais une plaie favorise sa pénétration dans l’organisme.
Alors pourquoi parle-t-on souvent de la maladie des rats quand on parle de leptospirose ?
Chez le rat, lorsqu’il est confronté à cette bactérie, elle peut rester longtemps dans son organisme. Ca ne lui fait rien, elle est présente dans ses reins, et chaque fois qu’il urine, il dépose la bactérie là où son urine se répand. Mais le rat n’est pas le seul à porter la leptospirose, les chiens errants aussi, le bétail, les volailles, et contrairement à ce qu’on pense, les tangues sont peu porteuses de la maladie.
Docteur Loïc Raffray
Pas de transmission interhumaine
Le docteur Raffray participe actuellement à trois études en cours sur la leptospirose, dont une est financée par l’INSERM. Une de ces études vise à savoir chez quels patients il va y avoir une dégradation importante de son état de santé.
À la Réunion on compte deux souches de la bactérie, Leptospira interrogans qui donne une forme grave de la maladie. Avec une transmission principalement par les rats. Et Leptospira borgpetersenii, plus fréquente ces derniers temps et plutôt transmise par le bétail.
Alors pourquoi y a-t-il plus de cas ces dernières années ? C’est une des questions que se pose le docteur Raffray :
C’est peut-être lié à la deuxième souche présente à la Réunion et dont est plutôt porteur le bétail, c’est une hypothèse qui doit être vérifiée.
Docteur Loïc Raffray
S’il existe bien un vaccin contre cette maladie, il est coûteux, 150 euros environ l’injection, et pour une bonne protection, il faut plusieurs injections. La prévention semble donc le meilleur moyen de lutter contre la leptospirose, et le questionnaire lancé par Florentine Gévia pourrait permettre de mieux cibler cette prévention à l’avenir.