Il n’y a pas que la consommation d’alcool qui peut être fatale au volant. La prise de stupéfiants, et notamment de zamal, est tout aussi dangereuse, en plus d’être illégale. C’est le message lancé par les autorités dans une campagne de prévention routière qui débute ce mardi 12 octobre, à La Réunion.
"Au volant, le zamal tue aussi", peut-on ainsi lire sur l’une des affiches de cette campagne de communication qui vise donc à rappeler aux conducteurs de voiture et de deux-roues les conséquences de la consommation du cannabis, combinée ou non avec l’alcool.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Le risque d'accident mortel multiplié par deux
Les chiffres sont frappants : en 2019, 23% des personnes décédées sur les routes ont été tuées dans un accident impliquant un conducteur sous l’emprise de stupéfiants. On estime d’ailleurs que conduire sous l’emprise du zamal multiplie par 2 le risque d’accident mortel.
Les acteurs de la sécurité routière observent que, très souvent, les conducteurs contrôlés positifs aux stupéfiants ont aussi un taux d’alcool supérieur à ce qui est autorisé. C’est le cas une fois sur 2. Le risque d’accident mortel est alors multiplié par 15.
Autre constat : ce sont très majoritairement les hommes qui sont contrôlés positifs aux stupéfiants dans les accidents mortels (93% des cas).
Une banalisation de la consommation du cannabis
"Je crois qu'il y a une banalisation de la consommation du cannabis", déplore le Docteur David Mété, chef du service Addictologie au CHU Nord. "Les jeunes et les moins jeunes ne prennent pas forcément conscience du fait que ce psychotrope modifie leurs réflexes, leurs temps de réaction et augmente le risque de survenue d'un accident".
Regardez l'interview du Docteur David Mété sur Réunion La 1ère :
Les tests salivaires désormais généralisés
Quels sont les moyens dont disposent les autorités dans le cadre de cette lutte contre la consommation de stupéfiants au volant ? Les forces de l’ordre peuvent contrôler beaucoup plus facilement et rapidement les conducteurs en infraction depuis la généralisation des tests salivaires en 2017.
Auparavant, le contrevenant devait être conduit à l’hôpital pour qu’un médecin fasse une prise de sang et confirme la consommation de stupéfiants. Mais aujourd’hui, grâce à ces tests salivaires, il ne suffit que de quelques minutes pour établir l’infraction.
Plus de 3 500 dépistages positifs
Le conducteur est invité par les forces de l’ordre à frotter une tige à l’intérieur de sa joue. Le gendarme ou le policier place ensuite la tige dans un petit boîtier qui lui indique la présence ou non de chaque type de stupéfiants : cannabis, ecstasy, cocaïne ou autre.
Ces contrôles sont de plus en plus fréquents. En 2020, plus de 3530 dépistages ont été effectués lors de contrôles routiers, à la Réunion. Pas moins de 982 infractions ont été constatées. Et plus de 600 suspensions de permis ont été prononcées.
A la différence des contrôles d’alcoolémie, le taux de stupéfiant constaté lors d’un contrôle n’est pas pris en compte. D’ailleurs, les tests salivaires ne permettent pas de le calculer. La consommation de stupéfiants étant illégale, il n’y a aucune tolérance de la part des autorités.
Quelles sanctions ?
Les peines encourues sont les suivantes :
- jusqu’à 2 ans d’emprisonnement et 4 500 euros d’amende si le conducteur est sous l’emprise du zamal
- jusqu’à 3 ans d’emprisonnement et 9 000 euros d’amende si le conducteur a également consommé de l’alcool
- jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende en cas d’accident corporel
- jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende en cas de deuxième circonstance aggravante (stupéfiant et alcool ou délit de fuite)
- jusqu’à 7 ans d’emprisonnement et 100 000 euros d’amende en cas d’accident mortel
- jusqu’à 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende en cas d’accident mortel quand le conducteur commet une circonstance aggravante supplémentaire (stupéfiants et alcool ou conduite sans permis)
Des contrôles routiers renforcés et inopinés à venir
Le fait de conduire ou accompagner un élève conducteur après avoir fait usage de stupéfiants est par ailleurs très lourdement sanctionné par le code de la route.
Toute sanction pénale pour ce délit entraîne par ailleurs une perte automatique de 6 points du permis de conduire. Ce qui signifie une invalidation administrative et la perte du droit de conduire pour les détenteurs d’un permis probatoire depuis moins d’un an.
À l’issue de cette campagne qui se termine le lundi 18 octobre, des contrôles routiers renforcés et inopinés sur le dépistage d’une conduite avec stupéfiants seront réalisés par les forces de l’ordre.