Le préfet de la Réunion Jérôme Filippini était l’invité du journal télévisé de Réunion La 1ère ce vendredi 6 octobre.
Un an après sa prise de fonction, le représentant de l’État est revenu sur plusieurs thématiques phares avec notre journaliste Pascal Souprayen ainsi que les téléspectateurs.
Retour sur cet échange en cinq questions :
Sur l’alcool au volant et l’insécurité routière :
"Je pense qu’il faut tous qu’on ait conscience des dégâts que provoque la consommation excessive d’alcool. Plus d’un mort sur deux sur la route sont liés à l’alcool depuis le début de l’année. C’est un fléau. Je continue d’être choqué par les panneaux qui vantent de façon agressive la consommation d’alcool et il faut lutter contre ça. Il faut faire respecter la loi Évin. Je vais continuer d’interpeller la grande distribution, les producteurs d’alcool et les afficheurs".
Sur la problématique des drogues :
"Il n’y a pas de drogues dures ni de drogues douces. Si vous fumez du zamal aujourd’hui, vous êtes complices de réseaux criminels. Il faut un esprit de responsabilité. S’il n’y a pas de consommateurs, il n’y a pas de trafic. C’est pour ça que j’ai demandé aux forces de police et de gendarmerie d’être plus actifs sur ce qu’on appelle l’amende forfaitaire délictuelle".
"Même si vous êtes interpellés même avec une toute petite quantité de drogue, vous êtes susceptibles d’avoir cette amende. Il faut s’attaquer aux trafiquants dans les quartiers. On a une action sur les points de deal et notamment à Saint-Denis, Saint-Benoît et Saint-André. Par ailleurs, depuis le début de l’année, 3,3 tonnes d’héroïne saisies dans la zone Océan Indien ont été détruits".
Sur l’expulsion d’un migrant sri-lankais avant son passage au tribunal administratif :
"On ne peut pas parler de couac mais de l’application d’une décision de justice. Si le tribunal a jugé, on doit appliquer la décision. Les lois de la République prévoient qu’on peut rester sur le territoire français dans certaines conditions. On peut notamment demander l’asile et c’est ce que ce migrant a fait. En l’espèce, il avait épuisé tous ses droits. Et au tout dernier moment, lorsque nous nous apprêtions à le faire partir, il a déposé un nouveau recours sur lequel on a jugé qu’il n’y avait pas d’éléments suffisants. Le tribunal a jugé différemment. Donc cette personne reviendra parce que c’est l’application des lois de la République. Elle reviendra prochainement et restera sur le territoire tant que son nouveau recours ne sera pas examiné"
Sur les incendies :
"Dans 9 cas sur 10, les départs de feux sont criminels dans les espaces naturels. Il semblerait que le feu qui s’est déclaré dans la Savane (le dimanche 1er octobre, ndlr) ne s’est pas déclenché naturellement. Je veux parler d’incendie volontaire et il y a une enquête en cours. Les pompiers font un travail formidable mais le mieux serait d’éviter l’utilisation du Dash ou des hélicoptères en évitant d’allumer des feux".
Sur l’accès à l’Enclos lors des éruptions du Piton de la Fournaise :
"Je suis sensible aux remarques des Réunionnais qui disent qu’autrefois on pouvait aller près de l’éruption. C’est un gros travail que le sous-préfet de Saint-Benoît, Michaël Mathaux, est en train de faire en écoutant tous les interlocuteurs et en regardant ce qui se passe ailleurs comme en Islande et à Hawaï".
"Il peut y avoir une évolution sur la réglementation mais ça ne sera pas la grande révolution. Je pense à l’accès aux tunnels de lave en partie basse qui est aujourd’hui interdit, ou encore à la possibilité d’être accompagné dans certaines parties de l’enclos lorsque l’éruption est ailleurs. Mais je ne ferai rien qui mette la vie d’une personne en jeu".