Semaine de la santé sexuelle : grossesses non désirées et infections sexuellement transmissibles, deux gros enjeux à La Réunion

La deuxième édition de la Semaine de la santé sexuelle évoque non seulement la contraception mais aussi les IST, le consentement, et toutes les autres questions autour de la sexualité.
Du 5 au 11 juin, c'est la Semaine de la santé sexuelle. Actions d'information, de prévention, dépistages et distribution de moyens de protection sont loin d'être superflus sur notre département qui reste un bien mauvais élève tant en termes de grossesses non désirées que d'infections sexuellement transmissibles.

Du lundi 5 au dimanche 11 juin 2023, c'est la deuxième édition de la Semaine de la santé sexuelle en France. Un temps fort de prévention initié par le ministère de la Santé pour sensibiliser le grand public aux enjeux d'une approche positive de la sexualité par des échanges, des offres de dépistages gratuits et anonymes, des distributions de préservatifs... 

Regardez le reportage de Réunion La 1ère :

Semaine de la santé sexuelle, journée de dépistages à Bras-Panon

A La Réunion, des actions ont été organisées à plusieurs endroits de l'île, comme à Bras-Panon ce mercredi 7 juin, où professionnels de santé et associations de prévention se sont mobilisées. 

14% de grossesses non désirées à La Réunion

Sur le département, l'enjeu de la santé sexuelle est encore plus important qu'ailleurs, et les chiffres le montrent. En dépit de tous les efforts de prévention en milieu scolaire ou dans les centres de santé sexuelle, les grossesses non désirées sont encore très importantes sur l'île. La Réunion est même la championne de France en la matière, avec 14% de grossesses non désirées contre 8% de moyenne nationale. Soit quasiment deux fois plus qu'ailleurs, selon les chiffres mis en avant par le Dr Rolland Rodet, médecin responsable du centre de santé sexuelle du CHU Nord et Est. 

"Il existe encore trop de jeunes femmes qui se retrouvent enceintes sans avoir voulu cette grossesse"

Dr Rolland Rodet, médecin et responsable du centre de Santé sexuelle du CHU Nord et Est

Malgré la prévention et les dispositifs existants 

Et ce n'est pas faute de prévention et d'accompagnement : la contraception d'urgence est prise en charge à 100% sans prescription, la pilule est disponible à plusieurs endroits dont les centres de planning familial, auprès des infirmières scolaires, ou encore dans les pharmacies... L'interruption volontaire de grossesse (IVG) a été facilité et accessible par une consultation chez le médecin généraliste, et sa faisabilité reportée jusqu'à 18 semaines de grossesse, pour offrir le plus d'options possible aux femmes.

La Réunion championne de la chlamydia et de la gonococcie

Un autre constat que le médecin ne s'explique pas : celui de l'augmentation de cas de certaines infections sexuellement transmissibles (IST). "S'il y a des grossesses non désirées, ça veut dire aussi que les personnes ne se sont pas protégées pendant la relation sexuelle, et se sont exposées au risque des IST", souligne le Dr Rolland Rodet. La Réunion est le département français où on enregistre le plus de cas de chlamydia, cette infection d'origine bactérienne qui est responsable de stérilité et de grossesses extra-utérines. 

C'est aussi ici qu'on dépiste le plus de cas de gonococcie ou gonorrhée, aussi appelée "chaude-pisse". Rien que sur le mois d'avril, le centre de santé sexuelle du Nord-Est a dépisté environ 70 cas de gonococcie, ce qui laisse craindre une recrudescence de cette infection qui peut avoir de lourdes complications. 

L'importance du dépistage

Mais combien de cas sont encore non-diagnostiqués ? D'où l'importance des journées de dépistages gratuits et anonymes comme celles organisées aujourd'hui à Bras-Panon, où il y avait possibilité de se faire tester au VIH, à l'hépatite B et à l'hépatite C, avec un simple prélèvement sanguin au bout du doigt. 

Dépasser les appréhensions

"Après une prise de risque, c'est important de savoir où on en est", insiste quant à elle Victoria Vergoz, agent de prévention dans l'association RIVE. Si elle observe "beaucoup d'appréhension de la piqûre et des résultats, mais aussi de la méconnaissance de ce que c'est un dépistage", elle incite tout un chacun à franchir le pas. "Malgré le résultat, les soignants sont là, les IST se traitent bien, et on ne meurt plus du VIH ou très très peu. Si on a une IST, il vaut mieux le savoir et y faire face plutôt que de laisser sa santé se dégrader", achève-t-elle. 

Des moyens de contraception et de protection pris en charge à 100% 

Rappelons à l'occasion de cette Semaine de la santé sexuelle que depuis le 1er janvier 2022, certains moyens de contraception sont gratuits pour les jeunes femmes : les pilules hormonales de 1ère ou de 2ème génération, l'implant contraceptif hormonal, le stérilet, ainsi que les consultations de médecin ou de sage-femme, examens ou actes médicaux en lien avec la contraception sont pris en charge à 100% par l'Assurance maladie. 

Le dépistage du VIH lui, est aussi pris en charge à 100% et accessible sans ordonnance en laboratoire de biologie médicale. Cette prise en charge devrait bientôt être élargie à d'autres IST. 

Depuis le 1er janvier 2023, la contraception d'urgence (pilule du lendemain) est disponible pour tous dans les pharmacies et sans ordonnance. Les préservatifs sont aussi gratuits pour les jeunes de moins de 26 ans en pharmacie. 

Le Dr Rolland Rodet était l'invité du JT de Réunion La 1ère ce mardi soir, s'exprimant sur la consommation du pornographie par les pré-ados, mais aussi sur les enjeux d'une bonne santé sexuelle : 

Invité plateau Dr Roland Rodet