Sri Lanka : les oubliés du boom économique [1/5]

Réunion la 1ère s’est rendue au Sri Lanka pour tenter de comprendre comment La Réunion est devenue une destination prisée de centaines de Sri-lankais prêts à risquer leur vie pour mieux vivre. Toute la semaine, nous diffuserons, chaque jour, des reportages pour  décrypter ce phénomène.
 
Le Sri-Lanka compte une vingtaine de millions d’habitants. Près d’un cinquième de la population est installée à Colombo. Située sur la côte Ouest, la capitale contraste avec le reste du pays. La ville est en pleine mutation. Un peu partout dans le centre-ville, des gratte-ciel et autres infrastructures ultra-modernes sortent du sol.
 
 

Un pays en plein boom économique

Ces innombrables chantiers illustrent l’essor économique que connaît le Sri-Lanka ces dernières années. Après avoir été meurtri par une trentaine d’année de guerre civile qui a opposé les Tigres tamouls à l’armée régulière, le pays vit en paix depuis 2009.
 
Mais en quittant le centre-ville de Colombo, il suffit de rouler quelques minutes sur le front de mer pour comprendre que tous les Sri-Lankais ne bénéficient pas des retombées de la croissance économique qui tourne autour de 4.5 %.
 

Le développement ne profite pas à tous

Coincées entre une voie de chemin de fer et la mer, des cabanes en bois s’étalent sur des kilomètres. A l’intérieur, vivent des familles de pêcheur dans une grande précarité. Propriétaire d’une petite barque à moteur, Kumara ne parvient pas à joindre les deux bouts.
 
Il explique qu’en raison des conditions climatiques, il ne peut vraiment pêcher que six mois par an. Et parfois, une journée en mer ne lui rapporte que 250 roupies (un peu plus d’un euro). Ce n’est pas assez pour acheter ne serait-ce que du lait en poudre pour ses enfants.
 
Dans l’incapacité de trouver un emploi, l’homme se débrouille comme il peut lorsqu’il ne peut pas aller pêcher. Le jour où nous l’avons rencontré, il tentait de vendre trois paquets de chips sur la plage.
 

Partir ou rester ?

Lorans est chauffeur de tuk-tuk à Colombo. Selon lui, les Sri-Lankais qui veulent s’exiler se trompent car ce n’est pas comme ça qu’ils vont permettre au pays de poursuivre son développement. Ils ont tort, ils veulent plus d’argent.
 

" Moi je ne cours pas après l’argent (…) La guerre est finie aujourd’hui (…) nous sommes libres de faire du business, d’exercer notre religion quelle qu’elle soit (…) Mais c’est vrai que lorsqu’on sort de Colombo, il n’y a pas assez de travail ", reconnaît Lorans. " Ce n’est pas facile de subvenir à ses besoins même si le gouvernement vient en aide aux plus démunis ".

 
Grâce au tourisme notamment – en constante augmentation - le Sri-Lanka peut regarder vers l’avenir avec optimisme. " Mon pays se développe, mais pas assez vite politiquement ", regrette Lorans, qui refuse toutefois de voir le verre à moitié vide : " Good life, good wife, good family ", répète-t-il lorsqu’on l’interroge.


Le reportage de Géraldine Blandin.
©Reunion la 1ère

Toute la semaine, retrouvez notre série de reportages sur Réunion la 1ère Radio, Télé et Internet. Demain, mardi 12 mars, nous vous expliquerons comment et pourquoi les Sri-Lankais candidats à l’exil se tournent depuis un an vers l’île de La Réunion.