Sur les lignes de bus de La Réunion, les agents de contrôle et de médiation face à la violence des fraudeurs

Une nouvelle fois, des contrôleurs du réseau de transport Citalis ont été victimes d'agression, ce lundi 25 mars 2024 à Saint-Denis. A l'arrêt Saint-Jacques dans le bas de la rue Maréchal Leclerc, les agents ont été la cible de trois individus qui sortaient du bus. 

Selon Nicolas Rupert, directeur général de la Sodiparc, c'est lorsqu'ils ont été accompagnés à la sortie du véhicule que ces trois jeunes hommes, qui voyageaient sans titre de transport, se sont "soustrait au contrôle et ont caillassé les contrôleurs". Un des agents a été blessé. 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

"Un peu compliqué à gérer sur le moment"

Alex Rosamel fait partie de ces agents du service Contrôle, médiation et sûreté (CMS) qui se trouvaient à l'arrêt Saint-Jacques lundi. "Nou té un peu pris au dépourvu, té un peu compliqué à gérer sur le moment. (...) Quand nou la arriv dessus té fini commence dégénérer", commente-t-il, expliquant que dans ce cas, il faut pas avoir peur et garder son sang-froid. 

"Na un peu d'impuissance parce que nou lé quand même limité dans les actions que nou peu faire. Lé un peu pénible à des moments, surtout sur des situations d'agression. Nou ress su nout garde, c'est des moments que nou appréhende quand même su le coup. Mais c'est un travail d'équipe, nou koné que nous peut compte les uns sur les autres"

Alex Rosamel, agent du service CMS

Les agresseurs identifiés

Les jeunes impliqués ont quant à eux été identifiés. Ils sont vraisemblablement connus non seulement des services de sûreté de Citalis comme des forces de l'ordre, selon la direction de la Sodiparc.

"C'est une situation totalement anormale", commente Nicolas Rupert ce mardi. Indiquant que des plaintes ont été déposées.

"Les agresseurs ont été identifiés, on compte sur l'action conjointe de la police et du parquet pour que cette affaire aille plus loin". 

Nicolas Rupert, directeur général de la Sodiparc

70 agressions par an sur le réseau Citalis

Si cette agression n'est pas la première, le directeur de la Sodiparc, qui gère le réseau Citalis, tient aussi à rappeler que le problème "n'est pas pregnant" sur le réseau non plus, avec "un incident tous les 250 000 voyages". Le nombre d'agressions lui, serait stable à 70 par an en moyenne, allant de l'agression verbale à l'agression physique. 

Des agents formés à ce genre de situation 

En première ligne face aux comportements parfois violents des usagers, en particulier des fraudeurs, il y a ces agents du service Contrôle, médiation, sûreté (CMS), formés à la gestion de conflit et à ce genre de situation. Ce service qui fait partie de Transdev Réunion, est chargé de lutter contre la fraude et l'insécurité sur les lignes de transport public de toute l'île. 

Mais leur présence est désormais insuffisante face à la monté de la violence, constate Nicolas Rupert, de la Sodiparc. 

"Mais ça ne suffit pas, plus ça va plus ces agressions sont violentes, et sont faites avec l'intention de faire mal"

Nicolas Rupert, directeur général de la Sodiparc

Des opérations conjointes avec les forces de l'ordre 

Heureusement, lorsque les choses dégénèrent, les équipes CMS peuvent compter sur l'appui des forces de l'ordre. "Les contrôleurs font un travail de très grande qualité au quotidien sur le réseau. Ils sont très bien formés, professionnels, et lorsqu'ils rencontrent des contrevenants réguliers comme hier, ils font systématiquement appel aux forces de l'ordre", explique le directeur général de la Sodiparc. 

Ça a aussi été le cas lundi matin lors du caillassage des agents à l'arrêt Saint-Jacques. Mais à l'arrivée de la police, les individus avaient déjà disparu et n'ont pas pu être interpellés. 

"Je compte sur la clientèle pour assister les contrôleurs dans leurs tâches quotidiennes mais ne pas envenimer la situation. Lorsqu'ils voient un contrôleur qui interpelle un usager et le maîtrise, ce n'est pas pour le plaisir. Ils sont assermentés, ils savent ce qu'ils font." 

Nicolas Rupert, directeur général de la Sodiparc

Des actions ciblées sur les "points sensibles" 

Chaque jour, ces agents sont déployés sur les réseaux de transport du département afin d'assurer la sécurité des usagers, mais aussi des chauffeurs de bus. 

"On est tous les jours sur le terrain", confirme Fabrice Grolleau, le directeur du service CMS. Un  Chaque année, ce sont en moyenne 800 opérations coordonnées avec les forces de l'ordre qui sont menées sur l'île, dont 150 environ sur le réseau Citalis, précise-t-il. Des actions ciblées sur les "points sensibles", qui sont identifiés grâce à la centralisation des données. 

Afficher une "présence positive"

En outre, après l'agression lundi matin, les équipes du service CMS n'a pas mis longtemps à retourner à l'arrêt Saint-Jacques, afin d'y afficher une présence. Un retour sur les lieux qui est stratégique.

"C'est important pour les équipes de revenir, il faut enlever le traumatisme tout de suite, ne pas attendre que ça cogite dans la tête des équipes de contrôle"

Jean-Claude Emerentienne, responsable adjoint du service CMS

"On est retournés à l'arrêt où l'incident s'est produit pour montrer qu'on occupait le terrain de manière positive et dissuasive", explique Fabrice Grolleau, le directeur du service CMS.

Une cellule de soutien psychologique pour les agents 

Enfin, parce que ces situations peuvent être difficiles à vivre, en cas d'agression subie par les contrôleurs, ces derniers bénéficient d'une cellule de soutien psychologique. 

"On a un accompagnement de nos agents par une cellule de soutien psychologique qui leur permet de s'exprimer pour pouvoir retourner sur le terrain sereinement. C'est un métier difficile, où on rencontre beaucoup de situations de conflit". 

Fabrice Grolleau, directeur du service Contrôle, Médiation, Sûreté (CMS)