Le site d’enfouissement de déchets de Bel Air, à Sainte-Suzanne, arrive à saturation. Mais quelle solution pour la suite ? Une nouvelle installation de stockage des déchets ultimes, appelée "ISDU", doit voir le jour d’ici 2027.
Un projet qui remonte à 2018
Le projet est dans les tuyaux depuis 2018. A l’époque, la Cinor et la Cirest, les deux intercommunalités qui siègent au Sydne, le syndicat mixte de traitement des déchets ménagers du Nord et de l’Est, avaient identifié trois sites potentiels.
Un site se situait à Sainte-Rose, un à Saint-Benoît et un autre à Sainte-Marie. Après validation du BRGM, l’ISDU devait donc s’installer sur le site de Sainte-Suzanne, à Terre-Franche plus précisément.
Changement d’avis : Sainte-Marie plutôt que Sainte-Suzanne
Mais la présidence du Sydne a changé. Daniel Alamélou a succédé à Michel Vergoz, et au passage a remis le projet en cause. En fin de semaine dernière, décision a été actée de finalement implanter la nouvelle installation de stockage des déchets ultimes à Sainte-Marie, du côté de Beaufonds.
Le changement du lieu d’accueil de l’ISDU n’est pas sans conséquence, souligne le maire de Sainte-Marie. Une telle décision fait en effet courir un fort risque financier aux deux intercommunalités, car un changement de projet nécessite de reprendre toutes les études à zéro, ce qui va retarder la finalisation du projet.
La station de décharge de Bel Air, à Sainte-Suzanne, seule en fonction pour l’instant, arrivera à saturation en 2027. La nouvelle ISDU doit être opérationnelle à cette même date, faute quoi la taxe générale d’ordures s’en ressentira. Pourtant, il reste plusieurs étapes avant de concrétiser le projet, avec notamment une phase d’enquête publique, d’enquête environnementale.
Le maire de Sainte-Marie opposé à la décision
Pour Richard Nirlo, le changement de braquet dans le choix du site d’implantation de la future ISDU est une décision politique, et non pas technique. Une décision à laquelle, il s’oppose vivement. Le maire de Sainte-Marie regrette le manque de concertation au sein du Sydne et dénonce l’exclusion de ses représentants.
C’est une frustration de voir qu’on puisse prendre une telle décision d’installer une ISDU sur notre territoire, sans aucune concertation, et qui plus est alors que nous étions exclus de Sydne. Donc on voit bien qu’il s’agit-là des arrangements politiques d’arrière-cuisine, que je ne peux pas accepter, que je n’accepterai pas.
Richard Nirlo, maire de Sainte-Marie
Il rappelle la construction de la station d’épuration du Grand Prado, " soi-disant zéro nuisance olfactive, voire sonore ", et qui pourtant occasionne des conséquences au niveau de l’environnement.
De nombreux moyens de recours
Richard Nirlo promet qu’il agira à différents niveaux, en mobilisant notamment sa population sur les risques pour l’environnement. Si l’on parle d’une implantation de la nouvelle installation de stockage des déchets ultimes en 2028, la commune rappelle qu’elle dispose de nombreux moyens de recours.
Pour avoir une chance d’exister l’installation devrait notamment être inscrite au PLU de la ville, ce qui n’est pas le cas, et la mairie doit aussi accepter d’établir les permis de construire, prévient Richard Nirlo.
Regarder le reportage de Réunion la 1ère :
Un choix basé sur une étude, selon le président de la Cirest
Le président de la Cirest, maire de Saint-Benoit et membre du Sydne, insiste sur le fait que la décision a été prise " à l’unanimité des membres du Sydne ", à savoir des élus de la Cirest, de la Cinor, de la Région et du Département.
Le choix a été fait d’implanter le futur ISDU sur la commune de Sainte-Marie. Et ce choix, il s’est fait sur la base d’une étude qui a été menée pendant près de 2 ans, et pendant lesquels des critères purement objectifs ont été analysés et pris en considération.
Patrice Selly, président de la Cirest et maire de Saint-Benoît
" Cet équipement est un équipement d’intérêt général ", insiste Patrice Selly. Il argumente quant à sa nécessité pour continuer à traiter les déchets de la zone Nord et Est. " Il s’agit aussi d’une demande pressante de la part de l’Etat, et donc du préfet de La Réunion ", ajoute-t-il.