Son nom était prédestiné: Antoine Grace ! Installé à Bras-de-Pontho dans les hauts du Tampon, il s'est rendu en famille à la Trinité pour rencontrer Jean-Paul II. La visite du pape en mai 1989 a métamorphosé sa vie et, jusqu'à aujourd'hui, il rend... Grâce au Saint-Père pour ses bienfaits.
De l'eau a coulé, et pas q'un peu, dans la vie d'Antoine et de Michelle Grace. Agriculteurs installés au Tampon, dans le quartier de Bras-de-Pontho, les époux ont vécu des expériences d'une richesse incroyable. Sur le plan humain et spirituel.
Catholiques de naissance et pour ainsi dire par tradition, ils ont perpétué à leur tour cette pratique à leurs enfants. "On allait à la messe, mais franchement, les choses ne sont plus du tout comme avant la rencontre avec Jean-Paul II " explique Antoine Grace.
Bon vivant, respirant la joie de vivre, Antoine se caractérise lui-même comme quelqu'un qui prenait la vie avec insouciance. Sans se poser trop de questions. Sans véritablement faire attention à ce qui constituait son environnement proche. Que ce soit sur le plan professionnel, amical ou spirituel...
"Lorsqu'on a appris que le pape Jean-Paul II venait à La Réunion, là on s'est dit: il faut qu'on aille le voir" raconte Michelle, son épouse. "Vous vous imaginez, un pape... Ici à la Réunion ! Cela n'arrive pas tous les jours. D'ailleurs c'était la première fois pour nous de rencontrer un pape de son vivant... " confie-t-elle encore marquée par les émotions ressenties lors de la célébration du 2 mai 1989.
Réveillés de bon matin, tous embarquent dans la voiture, direction Saint-Denis. Installés dans les travées disposées sur l'esplanade de l'église de la Trinité, ils attendent patiemment la venue du charismatique chef de l'Eglise. "Il est apparu rayonnant dans sa papamobile aux côtés de Monseigneur Aubry... Les chants de la chorale me font encore monter les frissons... C'était une ambiance incroyable... " se souvient Michelle laissant émerger les images de cette journée particulière de sa mémoire.
A ses côtés Antoine, son mari, trépigne. Les mains serrées. Les yeux rougis. Le coeur gonflé. "Je ne m'en suis pas aperçu tout de suite, mais quelque chose s'est passé ce jour là pour moi" finit-il par lâcher avant de renchérir: "quelque chose de radical, ma vie a changé de bas en haut ! "
Quelques temps après la venue du pape, Antoine a eu une "révélation". Sans bien comprendre pourquoi, il a décidé de mettre un terme à ses anciennes habitudes.
Sur le plan professionnel, il démissionne de son ancien emploi et décide de monter sa propre affaire.
"Tout s'est enchaîné comme sur du papier à musique. Comme si tout était déjà écrit. Nous avons trouvé notre terrain à Bras-de-Pontho. Les papiers. Les opportunités. Tout est arrivé d'un coup. C'est comme ça que nous avons commencé à cultiver des roses. Et vous savez, nos roses de Grace se sont rapidement imposées sur le marché. C'est simple on aimait ce qu'on faisait et les gens le sentaient..." raconte Antoine qui explique que son nouveau cap a été diversement perçu par son entourage "Certains considéraient que j'étais devenu fou. D'autres que j'avais du génie. Ceux qui étaient très proches de moi ont compris mon attachement à Dieu... Mais qui étais-je aux yeux de Dieu ? Le principal ! "
Un moment de silence s'installe. Le brave homme marque une pause. Le visage marqué. Le regard hagard, comme revisionnant le film de sa vie en accéléré. Puis il se retourne et lance comme pour se répondre à lui-même : "le fils prodigue... Dieu a remis sa main sur moi. Il m'a récupéré dans ma tourmente pour me remettre sur son chemin. J'ai encore cette image d'un vieil homme qui meurt pour laisser place à un homme neuf. Et il fallait faire de la place pour cette nouvelle personne. Pour mes nouveaux projets... "
Lorsqu'Antoine apprend la mort de Jean-Paul II, le 2 avril 2005, il se décide dans l'instant. Avec son fils Aldo et sa soeur Lucienne, il rejoint un groupe de Réunionnais pour s'envoler en direction de Rome.
Un voyage aller aux allures d'épopée avec plus de 10 000 km en avion et 900 km en bus pour regagner l'Italie au plus vite.
A Rome, Antoine et les autres Réunionnais se mêlent aux milliers de pèlerins venus du monde entier. Beaucoup sont allongés à même le pavé de la place Saint-Pierre et la Via della Conciliazione dans l'attente de la cérémonie. Les chants, les prières, les chapelets... La ferveur est à son paroxysme.
Tous sont animés à la fois par la nostalgie de la perte physique d'un père spirituel, qui les accompagné pendant 26 ans de pontificat, le 2ème plus long de l'histoire de l'Eglise, et cette espérance de le voir rapidement compter parmi les saints afin d'intercéder pour palier leurs souffrances.
Le 8 avril 2005, au milieu des 500 000 fidèles rassemblés devant le cercueil de Jean-Paul II placé devant la basilique Saint-Pierre, Antoine scande avec les autres "santo subito". Lui aussi souhaite que le seul pape venu en personne à La Réunion soit reconnu comme Saint Jean-Paul II.
Son voeu est réalisé le 27 avril 2014, date de la canonisation, qui s'est déroulée place Saint-Pierre. Un 27 avril... La date retenue par le comité d'organisation de la cérémonie du souvenir, prévue à Saint-Denis pour célébrer le 30ème anniversaire de la visite de Jean-Paul II, n'est pas une coïncidence.
Aujourd'hui à la retraite, Michelle et Antoine Grace ont passé le relais de leur activité à leurs enfants pour se consacrer... à leur jardin. Quand on aime la terre, pas moyen de ne pas creuser, de ne pas y mettre sa main pour voir pousser autour d'eux leur amour des plantes.
Trente ans après, ils seront eux aussi à Saint-Denis ce 27 avril 2019 pour rendre hommage à Saint Jean-Paul II, qui n'a eu de cesse de les accompagner tour au long de leur chemin.
Catholiques de naissance et pour ainsi dire par tradition, ils ont perpétué à leur tour cette pratique à leurs enfants. "On allait à la messe, mais franchement, les choses ne sont plus du tout comme avant la rencontre avec Jean-Paul II " explique Antoine Grace.
Bon vivant, respirant la joie de vivre, Antoine se caractérise lui-même comme quelqu'un qui prenait la vie avec insouciance. Sans se poser trop de questions. Sans véritablement faire attention à ce qui constituait son environnement proche. Que ce soit sur le plan professionnel, amical ou spirituel...
Vous vous imaginez, un pape... Ici à la Réunion !"
"Lorsqu'on a appris que le pape Jean-Paul II venait à La Réunion, là on s'est dit: il faut qu'on aille le voir" raconte Michelle, son épouse. "Vous vous imaginez, un pape... Ici à la Réunion ! Cela n'arrive pas tous les jours. D'ailleurs c'était la première fois pour nous de rencontrer un pape de son vivant... " confie-t-elle encore marquée par les émotions ressenties lors de la célébration du 2 mai 1989.
Réveillés de bon matin, tous embarquent dans la voiture, direction Saint-Denis. Installés dans les travées disposées sur l'esplanade de l'église de la Trinité, ils attendent patiemment la venue du charismatique chef de l'Eglise. "Il est apparu rayonnant dans sa papamobile aux côtés de Monseigneur Aubry... Les chants de la chorale me font encore monter les frissons... C'était une ambiance incroyable... " se souvient Michelle laissant émerger les images de cette journée particulière de sa mémoire.
Une transformation sur tous les plans
A ses côtés Antoine, son mari, trépigne. Les mains serrées. Les yeux rougis. Le coeur gonflé. "Je ne m'en suis pas aperçu tout de suite, mais quelque chose s'est passé ce jour là pour moi" finit-il par lâcher avant de renchérir: "quelque chose de radical, ma vie a changé de bas en haut ! "
Quelques temps après la venue du pape, Antoine a eu une "révélation". Sans bien comprendre pourquoi, il a décidé de mettre un terme à ses anciennes habitudes.
Sur le plan professionnel, il démissionne de son ancien emploi et décide de monter sa propre affaire.
Certains considéraient que j'étais devenu fou. D'autres que j'avais du génie."
"Tout s'est enchaîné comme sur du papier à musique. Comme si tout était déjà écrit. Nous avons trouvé notre terrain à Bras-de-Pontho. Les papiers. Les opportunités. Tout est arrivé d'un coup. C'est comme ça que nous avons commencé à cultiver des roses. Et vous savez, nos roses de Grace se sont rapidement imposées sur le marché. C'est simple on aimait ce qu'on faisait et les gens le sentaient..." raconte Antoine qui explique que son nouveau cap a été diversement perçu par son entourage "Certains considéraient que j'étais devenu fou. D'autres que j'avais du génie. Ceux qui étaient très proches de moi ont compris mon attachement à Dieu... Mais qui étais-je aux yeux de Dieu ? Le principal ! "
Comme un vieil homme qui meurt pour laisser place à un homme neuf"
Un moment de silence s'installe. Le brave homme marque une pause. Le visage marqué. Le regard hagard, comme revisionnant le film de sa vie en accéléré. Puis il se retourne et lance comme pour se répondre à lui-même : "le fils prodigue... Dieu a remis sa main sur moi. Il m'a récupéré dans ma tourmente pour me remettre sur son chemin. J'ai encore cette image d'un vieil homme qui meurt pour laisser place à un homme neuf. Et il fallait faire de la place pour cette nouvelle personne. Pour mes nouveaux projets... "
Lorsqu'Antoine apprend la mort de Jean-Paul II, le 2 avril 2005, il se décide dans l'instant. Avec son fils Aldo et sa soeur Lucienne, il rejoint un groupe de Réunionnais pour s'envoler en direction de Rome.
Un voyage aller aux allures d'épopée avec plus de 10 000 km en avion et 900 km en bus pour regagner l'Italie au plus vite.
A Rome, Antoine et les autres Réunionnais se mêlent aux milliers de pèlerins venus du monde entier. Beaucoup sont allongés à même le pavé de la place Saint-Pierre et la Via della Conciliazione dans l'attente de la cérémonie. Les chants, les prières, les chapelets... La ferveur est à son paroxysme.
Tous sont animés à la fois par la nostalgie de la perte physique d'un père spirituel, qui les accompagné pendant 26 ans de pontificat, le 2ème plus long de l'histoire de l'Eglise, et cette espérance de le voir rapidement compter parmi les saints afin d'intercéder pour palier leurs souffrances.
Le 8 avril 2005, au milieu des 500 000 fidèles rassemblés devant le cercueil de Jean-Paul II placé devant la basilique Saint-Pierre, Antoine scande avec les autres "santo subito". Lui aussi souhaite que le seul pape venu en personne à La Réunion soit reconnu comme Saint Jean-Paul II.
Son voeu est réalisé le 27 avril 2014, date de la canonisation, qui s'est déroulée place Saint-Pierre. Un 27 avril... La date retenue par le comité d'organisation de la cérémonie du souvenir, prévue à Saint-Denis pour célébrer le 30ème anniversaire de la visite de Jean-Paul II, n'est pas une coïncidence.
Aujourd'hui à la retraite, Michelle et Antoine Grace ont passé le relais de leur activité à leurs enfants pour se consacrer... à leur jardin. Quand on aime la terre, pas moyen de ne pas creuser, de ne pas y mettre sa main pour voir pousser autour d'eux leur amour des plantes.
Trente ans après, ils seront eux aussi à Saint-Denis ce 27 avril 2019 pour rendre hommage à Saint Jean-Paul II, qui n'a eu de cesse de les accompagner tour au long de leur chemin.