Trois Brasseurs, Weldom, Hyperjardin : les autres casses attribués à la bande du Super U

Le trio qui comparait ce lundi aux assises pour le braquage du Super U de Saint-Paul est loin d'en avoir fini avec la justice. Après ce vol à main armée sanglant, la bande aurait multiplié les cambriolages en se spécialisant dans les coffres-forts.

Alors qu'ils comparaissent depuis cet après-midi aux assises pour le braquage sanglant du Super U de Saint-Paul le 3 août 2017, deux des trois suspects saint-pierrois n'en sont qu'à une étape d'un calendrier judiciaire bien chargé.

La longue enquête ayant abouti à leur interpellation pour ce vol à main armée, celui d'une station-service et le home-jacking d'une famille de commerçants saint-leusiens a démontré que les braqueurs présumés ne se sont pas mis au vert après cette série de faits, bien au contraire.

Une "méthode d'action" qui évolue

Il faut dire que le butin était bien maigre après ces trois actions violentes : deux fusils à Saint-Leu, à peine 2000 euros à la station de la Saline, et rien du tout au Super U après avoir failli tuer un vigile. "Beaucoup de risque pour pas grand-chose", se sont peut-être dit les malfaiteurs avant de se lancer dans une nouvelle série de vols spectaculaires, non-violents et bien plus rémunérateurs.

"A partir des faits commis au Super U, la méthode d'action allait dès lors évoluer vers des modes opératoires moins risqués, sans arme à feu et hors la présence de victimes physiques", note d'ailleurs le magistrat instructeur dans son ordonnance de mise en accusation.

Après le braquage raté du Super U le 3 août 2017, les malfaiteurs vont se recycler dans le cambriolage de coffres-forts.

 

Les trois  "3 B" visités

Après la nuit du 3 août, les braqueurs vont donc se mettre en quête du "coup facile", utilisant pour cela leurs connaissances personnelles. Anthony Robert a travaillé comme cuisinier au restaurant "Les 3 Brasseurs" de Saint-Paul ? C'est là qu'ils jetteront leur dévolu en premier.

Le 7 août, le restaurant de Savannah est cambriolé dans la nuit. Des individus cagoulés apparaissent sur la vidéosurveillance forçant une fenêtre  donnant sur les toits du centre commercial, puis pénétrant dans un bureau. Ayant découvert la clé du coffre-fort, ils l'ouvrent et dérobent son contenu. Butin : 40 000 euros.

Dans la nuit du 20 au 21 août, c'est un autre restaurant de l'enseigne qui est ciblé, à Saint-Pierre cette fois. Les cambrioleurs masqués et armés d'un pied de biche et d'une bombe lacrymogène forcent une baie vitrée. Cette fois, ne trouvant pas la clé, ils descellent le coffre-fort qu'ils chargent dans un véhicule de la société, avec lequel ils prennent la fuite. Nouvelle moisson de 25 000 euros.

Le 26 septembre, la visite des "3 B" se poursuit, direction l'établissement de Sainte-Marie. Avec moins de réussite toutefois. Leur tentative d'effraction avorte avec le déclenchement de l'alarme.

Jardinerie et outillage dans le viseur

Entre-temps,  le "gang des coffres" a diversifié ses cibles. Dans la nuit du 3 au 4 septembre, c'est le magasin Weldom de Saint-Gilles qui est visité. Et plus précisément les bureaux situés au 1er étage, où seront dérobés un ordinateur et un téléphone. Les vidéos montrent encore des hommes cagoulés et gantés, armés d'un pied de biche et d'une bombe lacrymogène.

Le 30 octobre 2017, c'est au tour du Weldom de Saint-Leu d'être cambriolé. Les voleurs prennent la fuite en emportant un coffre-fort renfermant 14 000 euros en espèces.

Dernier fait attribué à la bande, le casse de l'Hyperjardin de Saint-Paul. Commis la nuit du 21 au 22 octobre, le cambriolage tourne court avec le déclenchement d'une alarme et l'arrivée d'un agent de sécurité. Mais les voleurs ont eu le temps de dérober un carton contenant de la monnaie, pour un montant total de 500 euros.

Effectuant de multiples recoupements, les gendarmes de la section de recherches de Saint-Denis et de la brigade des recherches de Saint-Paul vont parvenir à raccrocher Anthony Robert, 28 ans et Ludovic Fontaine, 33 ans, à l'ensemble des faits. Leur véhicule aperçu sur les lieux, les tenues vestimentaires vues sur les images de télésurveillance, le matériel utilisé et les bornages téléphoniques semblent correspondre. Pour les enlèvements et ouverture de coffres-forts, ils auront bénéficié de deux autres complicités également établies par l'enquête.

Passibles de 10 ans de plus 

Une série qui ne leur aura pas totalement fait oublier l'échec du Super U de Saint-Leu. Le 8 septembre 2017, un habitant d'une résidence jouxtant le Super U de Saint-Paul alerte les gendarmes après avoir croisé deux hommes cagoulés dans les parties communes. Ludovic Fontaine est alors contrôlé dans une 206 Peugeot, à l'intérieur de laquelle se trouvent des gants et un pied de biche. Aucun acte d'enquête n'est réalisé immédiatement, les enquêteurs décidant de placer ce véhicule sous surveillance. Ce qui permettra d'incriminer le suspect dans plusieurs faits de la série.

Des faits initialement qualifiés de "vols en bande organisé", qui seront prochainement jugés par un tribunal correctionnel en tant que "vols avec effraction, dans un lieu d'entrepôt, et en réunion." Trois circonstances aggravantes qui font monter jusqu'à 10 ans la peine d'emprisonnement encourue.