Alors que lundi après-midi ont débuté les débats à l'Assemblée nationale autour du projet de réforme des retraites, dans une ambiance agitée, dans la rue l'heure était à la troisième journée de mobilisation partout en France.
À La Réunion, comme à l'accoutumée, deux manifestations étaient prévues, à Saint-Denis et à Saint-Pierre.
Dans le Sud, le défilé sur le front de mer a encore réuni beaucoup de monde, environ 3 500 personnes, dans une ambiance bon enfant, au son de la techno ou du maloya largement diffusé par les sonos.
Motivés à faire plier le gouvernement
"Je n'ai plus rien à y gagner mais si je suis là c'est pour vous les jeunes", pouvait-on lire sur une pancarte brandie au-dessus des têtes. FO, CGTR, CFDT... tous ont répondu présent.
Le reportage de Réunion La 1ère à Saint-Pierre :
"Je travaille pour une collectivité territoriale, et j'ai commencé à travailler très tard et donc j'aurai beaucoup de décote, donc c'est important de manifester aujourd'hui pour que ce soit équitable pour tous. Si tout le monde joue le jeu, si on est tous solidaires, je vois pas pourquoi le gouvernement ne fléchirait pas", explique une participante au défilé saint-pierrois.
"On a besoin de gens qui partent en bonne santé, et des jeunes qui ont besoin de travailler. Il faut faire un choix de société je pense. Ceux qui prennent des décisions aujourd'hui ne sont pas connectés ni concernés par les décisions qu'ils prennent", clame un autre, proposant un retour à une retraite à 60 ans, mais en aucun cas un départ à 64 ans. Aucune concession à faire, dit-il, "on veut tout simplement arrêter à 60 ans, pas qu'on nous donne un petit peu pour faire passer la pilule".
"2000 personnes" à Saint-Denis
À Saint-Denis, ils étaient environ 2000 manifestants dans le cortège, selon les forces de l'ordre. Soit moitié moins que lors de la mobilisation du 31 janvier dernier. Tambours et sifflet étaient de sortie.
"Cette loi est complètement injuste, mal menée, qui veut nous faire travailler 43 annuités. Les femmes sont les premières victimes de cette loi", entame Gladys Robert du Saiper, professeure des écoles, qui comprend aussi toutes celles qui n'ont pas pu exercer leur droit de grève aujourd'hui. "Celles qui ne sont pas là, quelque part, ne peuvent pas être là. Parce que si elles ne travaillent pas elles n'ont pas de salaire, et elles sont déjà très mal payées. On est là aussi pour toutes celles qui peuvent pas".
Le point de vue de femmes rencontrées dans le défilé syndical dionysien :
Les femmes sont en effet davantage touchées par cet allongement des annuités nécessaires.
"Nous sommes sur des métiers pénibles, des métiers de service. A l'hôpital, on est 80% de femmes. On se retrouve avec des carrières hachurées parce qu'on élève nos enfants, et maintenant on nous demande de travailler plus longtemps". En outre, elle soulève le problème de la pénibilité au travail : "60% du personnel aide-soignant et 40% des infirmiers finissent en invalidité à l'hôpital, comment voulez-vous qu'on fasse ?", s'interroge Zora de la CGTR.
La CGTR exige la fermeture des commerces pendant le défilé syndical
Avec deux mobilisations prévues cette semaine, les syndicats souhaitent donner une nouvelle impulsion au mouvement de contestation. La pression est mise, non seulement sur le gouvernement, mais aussi sur la société civile.
Les commerçants du centre-ville, où passait le cortège, ont été appelés à baisser le rideau en solidarité. Dans un courrier adressé à la présidente de l’association des commerçants de Saint-Denis, la CGTR commerce demande la fermeture des boutiques les mardi 7 et samedi 11 février au moment du passage du cortège. Une demande qui n'a pas été massivement suivie.
"Les salariés n’acceptent plus que les commerces restent ouverts comme si de rien n’était."
Georges Caro, secrétaire général de la CGTR Commerce
Circulation fermée sur le Barachois ce midi
Vers 11h45, le cortège arrivant à la préfecture, la circulation a été interrompue dans les deux sens sur le Barachois. Une déviation a été mise en place par le boulevard Sud. Mais l'axe a été rouvert rapidement, vers 12h20, une fois les manifestants dispersés.