Dans une salle des locaux d'Orange Réunion ce vendredi, une dizaine de jeunes filles regarde avec attention une vidéo où Emmanuel Macron, prend la parole. D'apparence, c'est le président de la République qui s'exprime.
Mais en réalité, il s'agit là d'un "deep fake", autrement dit une vidéo truquée grâce à l'intelligence artificielle (IA), et qui permet d'usurper l'image d'une personne pour lui faire commettre des actes ou dire des choses fausses, dans une vidéo, et souvent à des fins malveillantes.
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Découvrir les métiers de l'industrie numérique
Ce procédé, comme tant d'autres sur le web, mérite toute l'attention des jeunes générations. Afin de les y sensibiliser, Orange Réunion organisait ce vendredi 22 novembre un atelier "IA et cybersécurité", dans le cadre de la Semaine de l'Industrie. Un événement qui, pour rappel, vise à faire découvrir aux jeunes publics les métiers de différentes filières industrielles et d'ouvrir leurs horizons professionnels.
Mayra Ousseni, élève de BTS au lycée Marguerite Jauzelon, ne s'est pas fait avoir par l'illusion : le "deepfake", elle connaît.
"Je fais attention à ce que les informations que je vois sur internet sont véridiques. Il y en a beaucoup trop. Parfois on arrive à faire la différence, et parfois non, c'est un peu effrayant"
Mayra Ousseni, élève de BTS
D'ailleurs, elle se dit "fascinée" par le numérique et ses dernières innovations. "J'aime bien tout ce qu'il y a autour de l'IA, c'est pour ça que j'ai voulu suivre cet atelier", achève-t-elle.
D'autres peut-être, se sont déjà fait avoir. Alors pour leur enseigner les bons réflexes, Chamilah Ingar, responsable du département Data et IA chez Orange Réunion-Mayotte, a organisé quelques petits exercices pratiques pour leur montrer que l'IA n'était pas capable que du meilleur.
Interroger ChatGPT sur Gran'Mèr Kal, une expérience étonnante
Exemple avec le personnage de Gran'Mèr Kal. Une légende bien connue à La Réunion... mais beaucoup moins dans le monde de Chat GPT. Alors lorsque l'outil d'IA générative est interrogé au sujet de ce personnage qui n'existe que chez nous, il compense tout simplement en inventant une histoire de toutes pièces !
"Quand on demande à Chat GPT la biographie de Gran'Mèr Kal, il nous sort la biographie d'une chanteuse sénégalaise, Oumi Kal, avec beaucoup de détails sur la vie de cette personne. Et quand on recherche si elle a vraiment existé, on se rend compte que Chat GPT a complètement inventé cette réponse ! C'est ce qu'on appelle une "hallucination" : ça peut arriver qu'on ait des réponses qui soient complètement inventées par des outils de type IA générative".
Chamilah Ingar, responsable du département data et IA Orange Réunion-Mayotte
Montrer que l'IA peut se tromper
Cette petite expérience montre bien que les dires de l'intelligence artificielle sont bien loin d'être parole d'Evangile, et qu'il s'agit de toujours garder à l'esprit qu'il ne s'agit pas toujours d'une source fiable.
"J'ai essayé de leur montrer par des exemples que l'IA pouvait aussi se tromper et que c'était important de garder un esprit critique lors de l'utilisation d'outils comme Chat GPT. Il ne faut pas prendre pour argent comptant ce qu'elles ont comme réponse mais croiser les informations et s'assurer qu'elles sont fiables", explique Chamilah Ingar.
Féminiser les métiers techniques et numériques
Par la suite, les lycéennes ont découvert les notions de "spyware", "phishing", "pare-feu" et autres concepts autour de la cybersécurité. Dans la salle ce vendredi, uniquement des jeunes filles, face à des femmes qui exercent dans le numérique. L'atelier servait un double objectif.
Au-delà d'apprendre à débusquer les fausses informations sur internet, il s'agissait aussi de montrer aux jeunes filles que des carrières sont possibles dans le domaine de la cybersécurité et de l'intelligence artificielle, ou plus largement du numérique, secteur porteur dans les années à venir.
"C'est vrai que chez Orange, dans le domaine technique et numérique, on a beaucoup plus de postes tenus par des hommes. C'est pour ça qu'on organise ce type de matinées avec les associations et les lycées : pour donner envie aux jeunes femmes d'opter pour ce type de filières, et féminiser ce qui est technique et numérique, chez Orange et dans les autres entreprises".
Magalie de Fondaumière, chargée des développements de compétences chez Orange
Montrer qu'il y a des femmes dans le milieu scientifique
Reine-Josie Vardin, enseignante au lycée Marguerite Jauzelon, mais aussi déléguée régionale de l'association "Elles Bougent", a tenu à faire participer plusieurs lycéennes à cette activité au sein d'une grande entreprise du secteur numérique.
"Il s'agit de les orienter, les rassurer, et leur montrer qu'il y a des femmes dans le milieu scientifique, dans les entreprises de l'industrie, pour qu'elles soient plus ambitieuses dans ce qu'elles pourront faire plus tard", soutient Reine-Josie Vardin.
L'enseignante constate avec dépit que beaucoup de filles excellent en sciences avant le baccalauréat, mais qu'elles s'orientent ensuite vers des études qui n'ont rien à voir par la suite.
"Notre objectif avec les différentes actions que nous mettons en place, est de les encourager à se diriger vers des études scientifiques. Qu'elles se disent qu'elles peuvent faire des sciences, et s'orienter vers des métiers où elles pourraient exceller parce qu'elles ont les compétences".
Reine-Josie Vardin, déléguée régionale association "Elles Bougent"