L'examen du Code de la route a changé, depuis ce mardi 12 septembre 2023, dans le but de le simplifier pour les candidats. La banque de questions comprend désormais 1 037 situations, aux formulations et au vocabulaire plus clairs.
Sur les visuels renouvelés, certains détails peuvent être encadrés pour aider l'élève à repérer les indices aidant à répondre à la question.
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Le retour des règles de base
En revanche, davantage de questions sont consacrées aux règles de base, telles que les priorités et les sens interdits, mais aussi aux panneaux de signalisation.
Autre nouveauté : certaines questions mettent désormais l'élève dans la peau d'un piéton, d'un conducteur de poids lourd ou de deux-roues, pour donner la perspective des autres usagers de la route.
35 bonnes réponses sur 40 questions
Néanmoins, pas de changement dans les modalités d'examen, qui n'avait pas été réformé depuis 2016 : il faut toujours pouvoir répondre correctement à 35 questions sur 40 pour obtenir son Code de la route. En France, le taux de réussite à s'élève à 57%.
"On a connu plein de réformes"
"On a connu plein de réformes, notamment la plus délicate en 2016 qui a été une catastrophe. Pour vous donner une idée, à La Réunion, au centre de Saint-Benoît le premier mois, on n'a eu aucun candidat reçu", se souvient Jean Lamonerie, responsable d'auto-école. Résultat : cette nouvelle réforme lui fait "un petit peu peur mais pas autant que celle de 2016".
"C'est presque du baby-sitting"
D'autres moniteurs sont plus sceptiques. Pour Olivier Payet, gérant et moniteur d'auto-école au Moufia, ces questions simplifiées "c'est presque du baby-sitting".
"On leur dit sur cette question-là s'il y a une, deux ou trois réponses possibles, je ne suis pas certain que ce soit un grand plus".
Olivier Payet, gérant et moniteur d'auto-école
Le moniteur applaudit cependant la réintroduction de questions sur des règles primordiales comme la priorité à droite ou la compréhension des panneaux de signalisations, des bases perdues ces dernières années, selon lui.
Des candidats trop assistés
Même avis du côté de Cédric Sellier, gérant d'auto-école, qui voit régulièrement des élèves arriver en cours de conduite "avec le Code mais sans aucune notion de Code". "Ils ne savaient même pas ce qu'était une priorité à droite", souffle-t-il. Mais comme son confrère, il estime que la simplification des questions ne va pas forcément dans le bon sens.
"Ils sont beaucoup trop assistés. Le Code est complètement dénaturé dans le sens où on leur dit combien de réponses il y a à cocher, on encadre les zones où il y a des indices pertinents, et ça c'est quelque chose que, selon moi, l'élève devrait être capable de faire lui-même. Parce que sur la route, il n'y aura aucun encadré qui va lui dire de faire attention aux piétons ou à la signalisation. (...) Ce qui nous intéresserait plus, c'est que l'élève ait un bagage solide".
Cédric Sellier, gérant d'auto-école
"Du n'importe quoi"
Pour le président de l'organisation patronale Mobilians section Auto-école à La Réunion, Léonus Dubard, le nouvel examen du Code de la route est même inquiétant, à être aussi simplifié. "A force de simplifier le Code, on arrivera à du n'importe quoi et ça sera assez dangereux par rapport à la multiplicité des panneaux. Moniteur depuis 1974, je n'ai jamais vu de telles choses. Je veux bien qu'on simplifie certaines choses, mais de là à faire n'importe quoi je ne suis pas d'accord", s'exprime-t-il.
D'autant que les jeunes font partie de la tranche d'âge la plus concernée par l'accidentalité. Des accidents qui, souvent, arrivent par méconnaissance ou non-respect des règles, font remarquer certains moniteurs.
Des candidats aussi partagés
Du côté des candidats au Code de la route, il y en a même qui partagent ce sentiment de questions trop faciles, comme Bernard, qui préférait "quand c'était plus dur, dans les années 90, parce qu'aujourd'hui les gens ne connaissent même plus les panneaux".
Liséa, qui s'apprête à passer son premier examen blanc du Code de la route, "c'est bien, parce que quand on a un doute ça confirme ou non ce qu'on pensait, c'est plus facile d'avoir une meilleure note, c'est mieux pour nous".
Pour Rickjack, qui a commencé les cours il y a trois mois, la différence de difficulté dans les questions est bien visible. Une facilité qui peut être un piège, considère le jeune homme de 19 ans. "T'as plus de questions plus faciles, plus de vidéos. Du coup les gens se disent que ça sera plus simple de réussir alors qu'il faudra réviser quand même beaucoup", remarque-t-il.